Le Toulousain Micropep Technologies lève 8,5 M€ pour soigner et booster les plantes

La startup toulousaine Micropep Technologies boucle un tour de table de 8,5 millions d'euros. Cette entreprise de biotechnologie française met au point des solutions qui améliorent la nutrition, la résistance aux maladies et la croissance des végétaux. Fondée en 2016, elle souhaite tester sa technologie en conditions réelles au sein de cultures notamment en Amérique du Nord et du Sud.
Micropep Technologies veut devenir le leader mondial dans son domaine.
Micropep Technologies veut devenir le leader mondial dans son domaine. (Crédits : Rémi Benoit)

Il s'agit de sa seconde levée de fonds en moins de quatre ans. Micropep Technologies, société spécialisée dans le développement de nouvelles solutions vertes améliorant la croissance et la résistance des plantes, annonce un tour de table 8,5 millions d'euros. L'opération a été effectuée auprès de Supernova Invest, FMC Ventures, et des investisseurs existants Sofinnova Partners et IRDI Capital Investissement. Cette ouverture de capital devrait permettre à l'entreprise toulousaine d'accélérer la mise au point de ses intrants pour végétaux à destination de l'agriculture et de l'agronomie.

Pour rappel, Micropep Technologies développe une technologie unique, brevetée, utilisant de petites protéines naturelles produites par les plantes, ou micropeptides, qui permettent de contrôler et de diriger temporairement la génétique des plantes. Cette technologie de rupture améliore avec précision les traits des plantes sans altérer leur ADN. Grâce aux "mipep", plusieurs traitements personnalisés pour les plantes peuvent être réalisés et utilisés pour accélérer ou ralentir la germination, augmenter la résistance aux maladies ou encore améliorer la floraison.

"Nous avons des processus de développement assez longs. Il faut entre cinq et dix ans pour mettre une nouvelle molécule sur le marché. Ce sont des projets assez conséquents qui nécessitent des apports en capitaux réguliers. Grâce à notre première levée de fonds, nous avons réussi à démontrer la performance de la technologie, son potentiel, etc. Nous avons travaillé sur la production de ces molécules et leur compatibilité à terme avec le portefeuille des agriculteurs. Cette nouvelle levée servira en partie à débuter le test aux champs, qui est l'équivalent des essais cliniques, de nos premières molécules candidates. L'autre partie de la somme sera investie dans notre plateforme. Nous avons une technologie qui permet de développer un grand nombre de solutions et de travailler sur plusieurs problématiques agronomiques", explique Thomas Laurent, CEO de Micropep fondée en 2016.

Une alternative naturelle aux produits chimiques

Actuellement, la jeune entreprise travaille sur un pipeline de biosolutions à "caractère pulvérisable" pour contrôler les mauvaises herbes résistantes et protéger les plantes contre les principales maladies. Le produit destiné à maîtriser ou éradiquer les maladies dans les cultures, est le premier mis en œuvre. Il est aujourd'hui testé, en conditions réelles, au sein de vignes, de cultures de soja ou encore de blé en France, en Amérique du Nord et latine. L'objectif est de booster le système immunitaire des plantes et végétaux et de les aider à résister contre les maladies. À terme, la structure toulousaine souhaite remplacer certains fongicides par sa technologie et impacter positivement le rendement des agriculteurs.

"Il y a une problématique environnementale vis-à-vis de l'utilisation de certains intrants chimiques et de la résistance des plantes face à l'utilisation récurrente de produits chimiques. Dans l'industrie agronome, il y a un mouvement qui consiste à chercher des solutions alternatives capables d'être bénéfiques pour l'environnement et intéressantes financièrement pour les agriculteurs. Pour que ces derniers soient intéressés, il faut qu'il y ait un gain de rendement compris entre 10 % et 20 %. Avec notre plateforme, nous pouvons améliorer naturellement la santé des plantes, en utilisant les propres mécanismes de la plante, en identifiant des ingrédients actifs nouveaux et sûrs avec un taux de réussite 100 fois supérieur à celui des méthodes conventionnelles", promet le dirigeant.

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Bientôt une filiale aux États-Unis

Ainsi, les premiers produits Micropep devraient être mis commercialisés à horizon 2025-2026. "Notre objectif final est de distribuer notre produit le plus largement possible aux agriculteurs", précise le cofondateur de la société qui envisage de signer des accords de distribution avec des industriels.

L'agriculture étant un enjeu mondial, la société veut très vite réaliser de l'export. Géographiquement, elle compte adresser le marché français, une partie de l'Europe, certains pays d'Amérique du Sud et les États-Unis où se trouve l'un de ses actionnaires. Par ailleurs, la startup prévoit d'ouvrir une filiale, des bureaux de R&D aux États-Unis, dès 2022, pour répondre à ses ambitions internationales.

Afin de répondre aux besoins de ces nombreux marchés Micropep va privilégier une production industrielle en série de sa technologie. Cette bioproduction devrait être réalisée en Europe et en Amérique du Nord.

"Depuis 2018, nous travaillons sur une recette de production des molécules. Nous sommes en train de la tester pour évaluer sa robustesse et capacité. Nous allons travailler avec des partenaires de production, des CMO (Contract manufacturing organization). Le transfert d'échelle devrait débuter cette fin d'année et continuer en 2022", précise l'actionnaire et chef d'entreprise.

Lever 20 à 40 millions d'euros en 2023

Sur un marché gourmand en fonds, la société toulousaine souhaite réaliser un nouveau tour de table, dès 2023, pour aborder la phase des autorisations réglementaires et la préparation de la commercialisation. Elle a pour but de lever entre 20 et 40 millions d'euros lors de cette troisième ouverture de son capital. La jeune pousse veut générer du chiffre d'affaires, en attendant d'atteindre son objectif d'auto-financement à l'horizon 2030 et la commercialisation de sa technologie, avec la vente de contrats de partenariat de recherche.

Installée depuis peu à Auzeville-Tolosane, où elle possède un laboratoire qui lui permet de produire quelques "petits lots", la startup est passée de deux salariés en 2018 à 24 désormais. Son effectif devrait être porté à une trentaine de personnes d'ici fin 2021- début 2022. Des profils de chercheurs et techniciens avec des compétences en biologie, biochimie et data sciences sont ciblés.

"Dans une industrie qui a été mise au défi par un pipeline de découvertes en baisse, des ingrédients actifs qui sont progressivement éliminés et une résistance accrue des parasites et des mauvaises herbes aux produits chimiques, notre technologie offre une alternative révolutionnaire. Notre objectif est de faire de Micropep un leader dans ce domaine du biocontrôle. Il y a une émergence des protéines, des peptides pour aider les agriculteurs. C'est un champ prometteur et MIcropep est bien placée pour se classer parmi les premières sociétés dans le monde", conclut Thomas Laurent.

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