Micropep Technologies, la startup qui veut devenir un géant des biotechnologies

La startup de biotechnologies toulousaine lève quatre millions d'euros auprès de Sofinnova Partners, société de capital-risque française et leader dans le secteur des biotechnologies et d'Irdi Soridec Gestion. Objectif : développer de nouvelles solutions vertes favorisant le développement et la résistance des plantes à partir de micro-peptides. Une technique sans OGM qui pourrait transformer le monde de la biologie végétale.
Micropep a mis au point des traitements pour les plantes sans OGM et sans intrants chimiques.
Micropep a mis au point des traitements pour les plantes sans OGM et sans intrants chimiques. (Crédits : Micropep)

Tout commence avec la découverte de Jean-Philippe Combier, chercheur au laboratoire de recherche en sciences végétales (LRSV) basé à Castanet-Tolosan en banlieue toulousaine. Il met à jour le rôle déterminant des micro-peptides. Ces acides aminés naturellement présents dans les plantes peuvent en effet réguler l'expression de certains gènes.

Cette trouvaille novatrice séduit la SATT, (société d'accélération du transfert de technologies) qui entre 2013 et 2015 investit 500 000 euros pour cette recherche.

Un an plus tard, Jean-Philippe Combier,  Dominique Laurresergues, un autre chercheur du LRSV, et Thomas Laurent, ancien directeur commercial à la SATT s'associent et fondent Micropep Technologies pour développer les résultats de cette recherche.

Des traitements pour les plantes sans OGM, une alternative au glyphosate ?

La révolution de la startup baptisée Micropep réside dans l'identification et l'exploitation des miPEPs (ou micro-peptides), ces protéines naturelles produites par les plantes qui permettent donc de réguler de façon temporaire et modérée l'expression de gènes clés pour leur développement, sans aucune modification d'ADN, contrairement aux OGM. Chaque micro-peptide permet ainsi de cibler spécifiquement une famille de gènes donnée chez une espèce végétale déterminée.

« Pour prendre une image c'est comme si une cellule de plante était un orchestre de musique, l'instrument c'est l'ADN. Avec cet instrument vous pouvez jouer tout un tas de musiques différentes : la germinaison, la floraison...etc. En rajoutant un peptide, on va inciter un instrument, c'est à dire des gènes, à s'exprimer plus rapidement ou plus lentement. On accélère ou on ralentit le rythme de l'orchestre de musique mais sans changer l'orchestre. On ne fera pas faire à la plante des choses qu'elle ne peut pas faire naturellement », explique Thomas Laurent.

 Cela permettra de développer de véritables traitements personnalisés pour les plantes. Les micro-peptides peuvent ainsi être utilisés pour accélérer ou ralentir la germination, augmenter la résistance aux maladies ou encore améliorer la floraison. Par ailleurs en maximisant le potentiel d'une plante, les micropeptides peuvent aussi ralentir le développement des mauvaises herbes. De quoi devenir à terme une alternative aux herbicides et leurs intrants chimiques à l'image du très décrié glyphosate ?

 Une levée de fonds de 4 millions d'euros

 La découverte décisive pour cette petite startup de trois personnes a attiré l'attention de plusieurs fonds d'investissements puisque Micropep Technologies annonce ce mardi 6 mars, une levée de fonds de quatre millions d'euros.

 A la tête de cet investissement, le français Sofinnova Partners, un des leaders du capital risque en Europe et spécialisé dans les sciences de la vie (biotechnologies, biopharmacie, instrumentation médicale). La société, basée à Paris vient de créer, Sofinnova IB I, un fonds dédié à la transition écologique de l'industrie chimique, le plus gros en Europe aujourd'hui (125 millions d'euros y sont consacrés). Irdi Soridec Gestion, société d'investissement en capital basé à Montpellier, Bordeaux et Toulouse et leader régional dans le domaine prend aussi part au capital de Micropep Technologies. "Pour nous, c'est un très bon début, on a des investisseurs robustes qui en dehors de l'argent vont nous apporter un réseau, un savoir-faire", se réjouit Thomas Laurent.

La startup qui pouvait déjà compter sur les investissements de la SATT, son premier actionnaire entend avec cette levée de fonds passer à la vitesse supérieure et développer sa R&D en recrutant une dizaine de personnes.

« Nous allons continuer à identifier de nouvelles peptides. Nous voulons aussi travailler en bioproduction à l'avenir. Aujourd'hui nous travaillons avec des protéines de synthèse, lorsque nous aurons atteint la phase de production industrielle, nous souhaitons utiliser des levures et des bactéries pour qu'elles produisent la molécule », énumère Thomas Laurent dont les ambitions dépassent désormais largement les frontières hexagonales.

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