Destinus va préparer son avion hypersonique à hydrogène liquide avec une base de tests en Suisse

L'entreprise, qui a participé il y a quelques mois à son premier salon du Bourget, va prochainement disposer d'une base d'essais en Suisse pour son futur avion hypersonique à hydrogène liquide. Le site aura un rôle clé à jouer notamment dans la réalisation du prototype Destinus 3, dont un premier vol, à vitesse supersonique, est attendu en 2024. Les détails.
Destinus va s'équiper d'un centre de tests à hydrogène pour son futur avion hypersonique.
Destinus va s'équiper d'un centre de tests à hydrogène pour son futur avion hypersonique. (Crédits : Destinus)

La première pierre n'a été posée que tout récemment. La startup Destinus a annoncé son intention d'ouvrir en Suisse un centre d'essai pour ses systèmes de propulsion à hydrogène qui viendront équiper ses futurs avions.

« Nous avons commencé la construction. Ce sera notre premier site d'essai privé et disposera de 1.200 mètres carrés. Il aura une importance particulière pour nous », commente auprès de La Tribune Phillip Silva, le vice-président de Destinus, responsable des technologies de l'hydrogène.

Attendus pour le courant de l'année 2024, ces nouveaux locaux seront livrés en plusieurs étapes. « Nous aurons trois bancs d'essai sur ce site. Le premier qui sera livré sera dédié à l'hydrogène gazeux, à 300 grammes par seconde à 100 bars, ce qui est assimilé à de la haute puissance. Nous aurons ensuite un système d'hydrogène liquide pour traiter jusqu'à 500 grammes par seconde à 40 bars », détaille le dirigeant. Pour mener à bien ce projet industriel, au-delà du soutien financier des autorités locales, Destinus pourra compter sur la coopération scientifique de trois universités du pays.

Nommé Destinus H2 Park, ce centre doit permettre assez rapidement à la startup suisse, qui dispose de quelques collaborateurs à Toulouse, d'accélérer le développement de son avion supersonique (dans un premier temps) à hydrogène, puis hypersonique, qui reposera sur un système de postcombustion à l'hydrogène conçu par Destinus dénommé afterburner. Cet avion nouvelle génération, déjà nommé Destinus S, devrait avoir son premier prototype entre 2027 et 2028, avant son premier vol commercial en 2032, selon le calendrier établi par la startup. Cette dernière mise une aéronef de 25 places, ou bien sur une capacité d'emport de deux à trois tonnes, avec une vitesse de croisière de Mach 5.

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Dédié à son prototype numéro 3

Pour réussir son pari de faire un avion plus rapide que l'emblématique Concorde, Destinus va aussi pouvoir compter sur le soutien des autorités espagnoles. « Grâce à des fonds du gouvernement espagnol, nous allons ouvrir des sites pour mener des essais à Madrid et Valence. Les moyens sur place seront six fois plus puissants que ceux installés en Suisse et seront destinés à l'avion hypersonique », souligne Phillip Silva, le vice-président de Destinus qui a tout de même investi près de quatre millions d'euros pour son centre helvétique.

Ce soutien étatique est par la même occasion une illustration de la guerre d'attractivité que se joue les régions et les pays entre eux pour se positionner sur le transport aérien décarboné. Par exemple, la région Occitanie, avec le soutien du tissu académique et de certains industriels comme Airbus, va investir plusieurs dizaines de millions d'euros dans un Technocampus à hydrogène à Toulouse dédié à la mobilité décarbonée.

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À l'image de ce qui va se pratiquer sur ce site dans la capitale européenne voire mondiale de l'aéronautique, Destinus compte elle aussi ouvrir à d'autres acteurs son centre d'essai en Suisse. Au-delà de cette volonté d'ouverture et de travail collaboratif pour avancer plus vite sur ce sujet de la motorisation à hydrogène des avions, la startup fondée en 2021 a surtout investi sur place pour boucler le développement de son prototype Destinus 3.

Pour mémoire, au dernier Salon du Bourget, l'entreprise a notamment présenté Destinus 1 (un véhicule de quatre mètres de long) et Destinus 2 (un véhicule de dix mètres de long). C'est avec le premier cité que la startup a réalisé le 24 mai, non loin de Munich (Allemagne), trois vols subsoniques successifs. « Chaque vol a duré environ cinq minutes et ont permis de déclencher la postcombustion à hydrogène en vol pour accélérer jusqu'à près de 250 km/h », avait notamment indiqué l'entreprise au cours de l'été dernier.

Rochefort, prochain site clé ?

Avec Destinus 3, lui aussi présenté au dernier Bourget, la startup compte atteindre une vitesse supersonique en vol pour la première fois, avec un système de propulsion à hydrogène liquide. « Cet avion est en train d'être construit en Suisse », précise le vice-président de l'entreprise, qui mise sur un vol de ce démonstrateur au cours de l'année 2024.

« Ce nouveau prototype avancé de 10 mètres et 2 tonnes est équipé de la technologie d'afterburner à hydrogène propriétaire de Destinus et d'un nouveau système de pilotage automatique. Son design établit une nouvelle référence en matière de capacités supersoniques et de sophistication technologique », décrit l'entreprise dans un communiqué récent.

En parallèle, la société qui emploie déjà 150 collaborateurs échange avec la DGAC pour faire de l'aéroport de Rochefort son camp de base et de tests pour le déploiement d'une chaîne d'approvisionnement d'hydrogène au sol. Destinus aimerait aussi mener des vols tests depuis cet aéroport de Charente-Maritime. La startup compte boucler un tour de table dans les prochains mois pour la soutenir financièrement dans ses nombreux chantiers.

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Commentaire 1
à écrit le 18/11/2023 à 17:31
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Quand les subventions auront été bouffées, le projet finira dans les cartons. Hydrogène liquide dans un avion = Bombe volante, irréaliste.

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