Navette autonome : pourquoi EasyMile parie sur l'Arabie saoudite

La société toulousaine, spécialisée dans la mobilité autonome pour le transport de passagers et de marchandises, va dès à présent travailler étroitement avec l'Arabie saoudite pour définir la future réglementation en la matière dans ce pays. C'est un pas supplémentaire pour EasyMile dans cet État, au sein duquel circule déjà plusieurs de ses navettes et où les perspectives commerciales sont fortes. Dans le même temps, l'entreprise travaille au déploiement de sa future navette de six mètres de long (et non plus quatre) qui sera fabriquée par Renault, alors que les ventes pour son tracteur autonome de marchandises décollent.
En croissance du côté de l'Arabie saoudite avec la version de sa navette en quatre mètres de long, EasyMile prépare avec Renault un modèle de six mètres.
En croissance du côté de l'Arabie saoudite avec la version de sa navette en quatre mètres de long, EasyMile prépare avec Renault un modèle de six mètres. (Crédits : Rémi Benoit)

L'Arabie saoudite ne cesse de faire parler d'elle. Du projet de ville futuriste en plein milieu du désert au recrutement de stars mondiales du football avec des contrats faramineux pour sa ligue nationale, cette monarchie attire les projecteurs sur elle. « Elle veut être le leader dans un maximum de secteurs », appuie Benoit Perrin, le directeur général d'EasyMile. L'ETI toulousaine spécialisée dans la mobilité autonome, pour le transport de passagers et de marchandises, vient d'être retenue par le pays du Moyen-Orient comme partenaire exclusif sur ce sujet en vue d'établir une réglementation nationale sur la question.

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« Nous allons être très impliqués sur l'élaboration de la réglementation à venir sur la mobilité autonome dans le pays. C'est un pays adapté pour cette technologie. Il y fait très chaud, donc marcher en extérieur n'est pas forcément agréable, ils ont beaucoup de grands sites avec des grandes distances entre divers points d'intérêts et ils font face à une pénurie de chauffeurs qui oblige le pays à recruter à l'étranger. L'Arabie saoudite est donc très demandeuse de cette mobilité autonome », analyse le dirigeant toulousain.

Dans les faits, EasyMile travaille désormais de concert avec l'Autorité générale des transports (TGA), l'entité responsable de toutes les questions relatives aux transports ferroviaires, maritimes et terrestres dans le royaume. Ce contrat d'expérimentation auprès de l'organisme rattaché au ministère des transports local repose principalement sur le prêt de deux navettes d'EasyMile pour les tester sur divers sites de l'Arabie saoudite, sur une durée de six mois.

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Déjà présente en Arabie saoudite

Le nouveau partenariat entre la société innovante française des mobilités - concurrente de Navya - et TGA, va tout d'abord reposer sur une phase de tests au sein de l'Université du Roi Saoud (KSU). « Les navettes de la KSU ont été mises en service récemment. Elles couvrent un parcours de près de deux kilomètres reliant divers bâtiments universitaires à la cafétéria et aux aires de stationnement. Le service fonctionne cinq jours par semaine, de 9h à 16h, et est exploité par High Point Tech (une société américaine, ndlr) », précise EasyMile dans un communiqué.

« Nous espérons que cette collaboration va déboucher à terme sur des contrats commerciaux pour l'achat de navettes autonomes. C'est important d'avoir de bonnes relations avec l'État pour s'implanter durablement dans ce pays et nous attendons de ce partenariat qu'il soit une vitrine pour attirer des prospects privés saoudiens », commente auprès de La Tribune Benoit Perrin.

Néanmoins, ce ne sont pas les premières navettes d'EasyMile à connaître le sol saoudien. L'entreprise est déjà présente à l'Université des sciences et technologies du roi Abdallah (KAUST). « Nous y avons déjà une navette et nous envisageons d'y en faire circuler davantage », confie le directeur général. L'ETI de 270 personnes va également installer trois navettes autonomes pour le site touristique historique d'AlUla, toujours en Arabie saoudite.

« Cela fait un moment que nous prospectons dans le pays. C'est un marché en très forte croissance pour nous », ajoute le manager général.

EasyMile transforme l'essai sur le TractEasy

Actuellement, les navettes d'EasyMile circulent au sein de l'établissement de santé de l'Oncopole à Toulouse, dans un site industriel d'ArianeSpace, mais aussi sur un site touristique privé en Belgique dans le cadre du premier contrat commercial de l'histoire de l'ETI toulousaine.

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Dans le cadre de l'appel à projets EVRA, EasyMile, avec l'opérateur Kéolis, a aussi été retenue pour déployer deux navettes autonomes à Châteauroux, avec seulement une supervision à distance, pour parcourir les 1.500 mètres entre le Centre national de tir sportif et son parking visiteurs. Un nouveau contrat vitrine pour la société innovante puisque c'est sur celui-ci que la nouvelle version de la navette d'EasyMile dédiée au transport de passagers (de six mètres de long et non plus quatre), fabriquée par Renault, fera ses premiers kilomètres.

Pour mémoire, Gilbert Gagnaire, président d'EasyMile rare dans les médias, a accordé à La Tribune en début d'année 2023 une interview fleuve dans laquelle il a acté la fin de vie du modèle de navette de quatre mètres de long. « Tous les acteurs qui travaillent sur la navette autonome se sont trompés sur la taille du véhicule dès le départ. Local Motors, EasyMile, Navya... Nous nous sommes laissés porter par certains acteurs sur ce choix car aucune véritable raison ne justifiait cette taille de quatre mètres », avait-il notamment déclaré, donnant par la même occasion rendez-vous fin 2024 voire 2025 pour le premier prototype en six mètres.

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Mais la commercialisation poussive sur l'activité du transport de passagers n'inquiète plus EasyMile qui, en interne, a déjà opéré un pivot vers le transport de marchandises depuis plusieurs années pour en faire son marché prioritaire, notamment avec son TractEasy.

« Avec deux clients, BMW et Daimler, nous sommes en train de passer d'une expérimentation à une exploitation commerciale. Nous discutons avec eux pour une montée en puissance du déploiement du tracteur autonome dans leurs usines (...) Nous sommes conscients en interne que notre entreprise aura une croissance en deux temps, avec une assez rapide sur la logistique et une autre plus longue sur le transport de passagers », confie Benoît Perrin.

À terme, EasyMile s'attend à vendre entre 1.000 et 5.000 TractEasy chaque année.

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