Comment François Bonvalet veut maintenir TBS dans le top 10 des écoles de commerce. Interview

Il présentera le 6 novembre à Paris sa stratégie pour l'école de commerce de Toulouse. François Bonvalet, directeur de Toulouse Business School (TBS) depuis le 1er octobre dernier, bâtit sa feuille de route autour d'un objectif : rester dans l'élite des établissements français et se hisser au niveau mondial. Il devra gérer la réforme de la taxe professionnelle qui risque de priver l'école de revenus. Interview.Vous êtes arrivé à Toulouse il y a moins d'un mois, comment avez-vous vécu votre nomination à la tête de TBS ?
François Bonvalet


Vous êtes arrivé à Toulouse il y a moins d'un mois, comment avez-vous vécu votre nomination à la tête de TBS ?

Comme pour les footballeurs, il y a dans notre profession une sorte de mercato entre mars et juin. Un certain nombre de postes étaient ouverts sur le marché, dans plusieurs grosses écoles, et celui de Toulouse était celui qui m'attirait le plus, pour deux raisons. La première, c'est que c'est une école qui vit sa vie avec une certaine solidité dans sa stratégie, et qui n'a pas engagé de fusion avec d'autre école, une décision très difficile à mettre en place. La deuxième raison, c'est que je suis marié à une Catalane !


Ce poste représente-t-il un challenge pour vous ?

J'ai trois défis à relever : honorer et renouveler l'accréditation Equis, synonyme d'excellence. Il faut aussi gérer un marché qui a plus évolué en 5 ans que sur les 40 dernières années. Enfin, il faut assurer la promesse faite aux étudiants : ils payent car on leur promet une employabilité en termes qualitatifs et quantitatifs. À ces trois défis s'ajoute un autre, propre au métier de directeur d'école : gérer des "sachants". Un professeur de finances sera toujours meilleur que moi en finances ! Pour autant, c'est à moi de gérer le casting : attirer et fidéliser les meilleurs profils est fondamental.

Quelle stratégie allez-vous mettre en place pour relever ces défis ?

Je vais poursuivre la stratégie déjà mise en place, qui selon moi, a le mérite d'avoir évité la dérive académique. Dans certaines écoles, il y a un décrochage entre le corps professoral, pourtant excellent, et la réalité du terrain. On publie des thèses, mais on oublie que l'on forme des praticiens. À TBS, la stratégie est centrée sur le service et la valeur ajoutée délivrée aux étudiants.
Cependant, le principal défi que doit relever l'école est son internationalisation : attirer des étudiants, et des professeurs étrangers. Il faut passer d'une école "basée à Toulouse et tournée vers l'international" à une école "internationale basée à Toulouse".
Au niveau de la création d'entreprises, nous avons un incubateur efficace. Je voudrais aller plus loin en créant un fonds d'amorçage pour ces jeunes start-up. Cela reste dans le rôle de l'école si au moins un des porteurs de projets est étudiant chez nous. Aux États-Unis par exemple, l'université de Princeton est un incubateur géant. L'université a elle-même une société de capital-risque.

Comment se situe Toulouse dans la concurrence mondiale ?
Pour la 3e fois consécutive, TBS vient d'être accréditée Equis (European quality improvement system) pour cinq ans. C'est notre guide Michelin à nous. Sur 30 grandes écoles en France, seulement 5 ont cette accréditation. TBS est la 8e école française et 50e meilleure école européenne des "European Business School Rankings 2011". Le but est de rester dans cette élite, où nous sommes en concurrence avec les plus grandes écoles européennes, comme la London Business School.

Quelle est la santé financière de l'école, sachant que le budget de la CCI est amené à diminuer ?

La CCI de Toulouse a conscience que pour que l'école se développe, il lui faut des moyens qui vont exiger de faire évoluer son modèle économique. Il lui faut davantage de flexibilité, c'est pour cela que TBS sera amenée, à terme, à changer de statut pour devenir une SAOP, société anonyme à objet éducatif (un statut actuellement à l'étude et qui s'inspire des sociétés anonymes à objet sportif, qui caractérisent les clubs de foot financés par des actionnaires, NDLR). Je ne connais pas le calendrier. En attendant, l'école est robuste et les comptes équilibrés. En temps de crise, les gens se forment et forment leur progéniture, ce qui nous assure une certaine sécurité. Je suis beaucoup plus inquiet au sujet de la réforme de la taxe professionnelle, qui pourrait réduire notre budget de 10 %.

Les frais d'inscription vont-ils augmenter ?
Non, ça n'est pas à l'ordre du jour, même s'il ne serait pas idiot de le faire sur le plan économique, car nous sommes très en dessous des prix mondiaux. Mais nous avons une exigence de diversité sociale que nous devons maintenir, avec l'accueil d'étudiants boursiers (18 % à TBS).

Étudiez-vous l'hypothèse d'un déménagement de TBS à Jolimont ?
Il n'y a rien à l'étude, seulement des réflexions globales sur l'immobilier de l'école à moyen terme. C'est la CCI de Toulouse qui est leader dans ce dossier, donc nous n'avons rien à dire de plus.

Propos recueillis par Sophie Arutunian
© photo TBS

En savoir plus :
Comme pour toutes les grandes écoles, la taxe d'apprentissage constitue une part importante du budget de TBS (8 % en 2013, 7 % en 2014). Ces établissements s'alarment de la refonte de son mode de calcul votée en août 2014, particulièrement du gel du "hors quota", la part qui leur est versée pour leur fonctionnement. Les CFA étant désormais prioritaires pour recevoir la taxe d'apprentissage, cela se se traduit mécaniquement par un manque à gagner pour certaines écoles, du fait de l'inflation et de l'accroissement de leurs charges.

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