La réalisation de la transition énergétique pourrait buter sur un manque de main d'oeuvre. La rénovation énergétique des bâtiments en France nécessitera d'ici 2030 environ 200.000 ouvriers et cadres du bâtiment supplémentaires, d'après France Stratégie. Et selon les projections livrées par l'Union des métiers du génie climatique, de la couverture et de la plomberie (UMGCCP), plus de 26.000 plombiers et chauffagistes pourraient manquer à l'appel d'ici 2026. Et les tensions sur la main d'oeuvre se font déjà sentir.
« Un quart des rénovations en France ne se réalisent pas en raison du manque de talents et de passionnés dans ce domaine », observe Sylvain Blomme, directeur général Région Sud-Ouest de la division sanitaire chauffage au sein de Saint-Gobain. « Le secteur fait face à un gros manque de main d'œuvre, ce manque est immédiat. Une étude est en cours pour l'Occitanie, mais nous allons avoir besoin de personnes dans ces métiers. Surtout avec les évolutions liées à la rénovation énergétique. Nous allons avoir des besoins en isolation, en électricité, en photovoltaïque », complète Jean Daniel Fontange, directeur du CFA de Toulouse, spécialisé dans les métiers du Bâtiment , et de Muret, pôle régional de formation aux métiers des Travaux Publics.
Pour y remédier, le CFA-BTP de Toulouse-Muret devient le 8e centre de formation en France après Lyon, Rennes ou Bordeaux à accueillir 19°C, l'école du génie climatique initiée par Cedeo, enseigne de Saint-Gobain Distribution Bâtiment France.
« Ces filières assurent un futur vraiment prometteur. Aujourd'hui dans les métiers du sanitaire-chauffage, nous n'avions jamais vécu des ruptures aussi importantes. Les changements climatiques nous obligent à travailler sur l'habitat au sens large : isolation, ventilation mais aussi le mode de chauffage. Nous avons un travail incroyable à fournir puisque pour atteindre l'objectif de neutralité carbone fixé par la France pour 2050, il faut réussir à relever ces défis qui passent par le chauffage et la ventilation », soutient Sylvain Blomme.
Les apprentis seront formés au métier de plombier-chauffagiste. Une formation à titre professionnel qui promet 80 % de pratique avec au programme, plusieurs enseignements : de la mise en œuvre de produits, de l'entretien sur des chaudières, des ballons d'eau ou encore des pompes à chaleur, mais aussi de l'installation de réseau d'eau. « Nous formons à toute la partie ENR (énergies nouvelles renouvelables) qui sont la pompe à chaleur, la thermodynamique, le solaire et la biomasse. Nous avons observé un manque cruel de formation sur tous ses nouveaux produits car tout l'environnement du chauffage change. Aujourd'hui, nous n'avons plus le droit de nous chauffer au fioul, bientôt le gaz ce sera la même chose. Il est donc urgent de passer à des systèmes de chauffage bénéfique pour la planète », souligne Ursula Lafleuriere, directrice du projet.
Destiné aux plus de 18 ans et aux personnes en reconversion, le cursus est en 2 ans. En alternance, les apprentis seront une semaine à l'école pour trois semaines en entreprise. Les 12 places de cette formation ont ouvert le 22 janvier dernier.
Des besoins conséquents sur la rénovation énergétique
Se tourner vers un apprenti, c'est l'option vers laquelle s'est tournée Cédric Galin, dirigeant de l'entreprise de plomberie Sotrageac. C'est la première fois qu'il accueille un jeune en formation au sein de sa société. « Nous prenons des apprentis pour avoir des jeunes motivés. Nous voulons transmettre nos connaissances puisqu'aujourd'hui le recrutement est très difficile. Nous manquons de personnes qualifiées, nous nous en rendons compte 6 mois après l'embauche sur le terrain. Alors autant former un jeune et l'embaucher plus tard », déclare le chef d'entreprise.
Le secteur reprend tout de même du poil de la bête en 2023. Environ 50 % des apprentis inscrits dans les écoles 19°C sont en reconversion, avec beaucoup de profils issus de la filière commerce selon Ursula Lafleuriere. Près de 270.0000 recrutements ont été effectués en 2021 dans le secteur selon l'observatoire national des métiers du BTP. 74 % d'entre eux étaient des entrants qui n'ont jamais auparavant travaillé dans cette filière. Comme Kenzi Berkane, 18 ans, qui a d'abord fait des études d'architecture avant de se tourner vers le génie climatique. « Je voulais faire un métier intéressant. Je voulais contribuer dans la vie de tous les jours à tout le monde. J'estime que c'est un métier qui a son importance et où il y a une forte demande », affirme l'apprenti.
1 000 apprentis formés à fin 2026
Les élèves se forment au sein de grands ateliers avec des postes de travail individuels équipés de chaudières et autres types d'installation sont aux murs pour pratiquer un maximum les savoir-faire.
Pour sa part, Cedeo poursuit sa dynamique de développement avec l'ouverture prévue de six nouvelles classes en octobre 2024 et prévoit de former ainsi 180 apprentis d'ici la fin d'année au niveau national. L'enseigne a pour ambition de déployer son dispositif pour atteindre plus de 1 000 apprentis formés à fin 2026.
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