Covid-19 : le couvre-feu du ras-le-bol pour les bars de Toulouse

Le préfet de Haute-Garonne a annoncé qu'à partir de ce mercredi 23 septembre les bars et restaurants devront fermer dès 01h du matin tous les jours, à Toulouse. Cette décision suscite la colère et l'incompréhension au sein des professions concernées. C'est également le premier sujet sur lequel le maire de Toulouse et le préfet du département sont publiquement en désaccord.
Dès le 23 septembre, les bars et restaurants devront être fermés à Toulouse entre 1 heure et 6 heures du matin.
Dès le 23 septembre, les bars et restaurants devront être fermés à Toulouse entre 1 heure et 6 heures du matin. (Crédits : Rémi Benoit)

"On nous traite comme de la m**** !", enrage le vice-président de l'UMIH 31 (Union des métiers et des industries hôtelières de Haute-Garonne), Philippe Belot. Les restaurants et les bars, à Toulouse, ont désormais l'obligation de fermer entre 1 heure du matin et 6 heures, dès mercredi 23 septembre. Une décision prise pour lutter contre la Covid-19 que les professionnels du secteur redoutaient, à défaut de la comprendre. Le choix du préfet de la Haute-Garonne, Étienne Guyot, ne passe pas pour Philippe Belot, désabusé.

"C'est d'une absurdité totale ! La Covid-19 n'apparaît pas dans nos rues à partir de 01h du matin. Nous sommes le secteur professionnel qui a fait le plus d'efforts depuis le début de la crise. Nous respectons largement plus les gestes barrières que dans les transports en commun. On nous sanctionne comme si nous étions les seuls à avoir une influence sur le virus. C'est une méthode dictatoriale. Vu que le préfet est incapable de se justifier, il cherche un coupable innocent à envoyer à l'échafaud."

Néanmoins, cette annonce est une demi-surprise après une conférence de presse du représentant de l'État vendredi 18 septembre. Au cours de celle-ci, il avait partagé son intention de prendre "des mesures complémentaires" à l'issue du week-end, selon les chiffres en sa possession.

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"Aujourd'hui, les derniers taux d'incidence en semaine glissante continuent d'évoluer défavorablement (159,5 pour 100 000 dimanche pour le département selon les toutes dernières évaluations) et sont désormais au-delà des taux de départements comme la Gironde ou les Alpes-Maritimes", justifie la préfecture après consultation des chiffres de l'Agence régionale de santé.

Des conséquences économiques à termes

Ces deux départements sont pris en exemple par la structure pour la simple raison que la ville de Nice fait l'objet d'une mesure similaire, tout comme Marseille. Une décision dans l'esprit de préfet qui doit permettre de mettre fin aux comportements déviants observés dans le milieu de la nuit toulousaine, malgré la fermeture des clubs.

"Quelques adresses posent problème, mais la préfecture les connaît. Aucune sanction n'est prise non plus contre les soirées sauvages. Les jeunes sont mieux encadrés, d'un point de vue sanitaire, dans les bars que dans un appartement ou dans la rue. On se trompe de combat alors que la plupart de la profession respecte toutes les conditions imposées", s'insurge de son côté le vice-président de la fédération des artisans et des commerçants Olivier Bouscatel.

D'après les chiffres de l'UMIH 31, près de 300 000 personnes en France risquent de se retrouver au chômage suite aux pertes engendrées par le confinement. "Mais si l'on continue à généraliser ces mesures, le nombre va atteindre facilement les 400 000", met en garde Philippe Belot. Au total, le secteur fournit 1,2 million d'emplois sur tout l'Hexagone.

"Il y a une réelle volonté de se débarrasser d'une part de l'économie. Il nous fallait six milliards d'euros de l'État pour éviter toutes ces pertes. Ils ont refusé. Par contre ils les ont donné pour Airbus qui a moins de 100 000 employés", ajoute-t-il.

Premier désaccord public entre le maire de Toulouse et le préfet

Seulement, les bars ne sont pas les seuls victimes de ce nouveau pan de mesures. Le préfet, et cette fois-ci dans toute la Haute-Garonne, a pris la décision de limiter tous les événements à une capacité d'accueil de 1 000 personnes. Par conséquent, "la foire de Toulouse est annulée", annonce Toulouse Événements, l'exploitant du nouveau parc des expositions de Toulouse (le MEETT), contacté par La Tribune.

Quelles que soient les conséquences de ce nouvel arrêté préfectoral, c'est surtout le premier désaccord public entre Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse et président de la Métropole, et Étienne Guyot, qui jusqu'à présent ont travaillé en parfaite symbiose sur des dossiers majeurs comme la troisième ligne de métro ou la LGV Bordeaux-Toulouse. "Cette mesure n'aurait aucune efficacité" avait déclaré Jean-Luc Moudenc, au sujet des bars, lors de sa conférence de presse de rentrée, mercredi 16 septembre. Visiblement, le préfet ne partage pas cette analyse.

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