La construction des ouvrages d'art a débuté, tout comme celle de la voirie. La Zac du Rivel, au sud de Toulouse, entre les communes de Montgiscard et Baziège, sort tranquillement de terre. Au même rythme que cette future zone d'activités économiques de 110 hectares voit la contestation à son encontre monter. Pourtant, le Sicoval, qui porte ce projet d'aménagement, promet une zone économique dite verte.
« Nous voulons sur cette zone des activités de production vertueuses, dédiées aux ENR, à la santé ou à l'industrie aéronautique et spatiale. Surtout, nous voulons que les entreprises qui s'installeront sur le Rivel y construisent des bâtiments exemplaires en matière environnementale. Il n'y aura pas d'activité logistique sur cette ZAC. Nous avons abandonné cette idée, cela apporte peu d'emplois au mètre carré. Notre engagement est ferme sur ce point », promet Jacques Oberti, le président de l'intercommunalité du sud-est toulousain.
Par exemple, le Sicoval a raté de peu le projet de gigafactory de la société lyonnaise Carbon pour de la production de panneaux solaires avec, à la clé, un investissement de 1,5 milliard d'euros et 3.000 emplois à terme. La collectivité, qui a réservé 75 hectares aux entreprises désireuses de s'installer sur place, demande de la patience avant d'égrener les premiers noms. « Nous discutons avec des porteurs de projet, mais c'est encore un peu tôt pour eux de s'engager et de communiquer », ajoute celui qui est aussi maire de Ayguesvives.
« En conseil communautaire, Jacques Oberti a déclaré qu'il n'y aurait pas de grande logistique, certainement du type de la plateforme Lidl à Baziège. Mais si le Sicoval ne parvient pas à vendre ses parcelles, ils vendront à ceux qui en veulent malgré les bonnes intentions de Jacques Oberti, et la proximité avec l'échangeur autoroutier laisse peu de doutes. Selon le dossier technique proposé par la collectivité, les routes de la zone ont été dimensionnées pour la logistique », craint Jean-Baptiste, du collectif Non à la Zac du Rivel.
600 hectares de panneaux solaires ?
Pourtant, si activités de production il y a, la Zac du Rivel aura besoin quoi qu'il arrive d'activités logistiques, au minimum pour extraire de la zone la production réalisée sur place. « Ce qui compte, ce sera le nombre de camions », tempère le citoyen engagé dans cette association et qui préfère taire son nom.
Au-delà de ce débat sur de la petite ou grande logistique, le collectif a travaillé de concert avec l'élu d'opposition au Sicoval, Jürgen Knödlseder, pour établir un premier bilan carbone de la future Zac du Rivel. « Nous suspectons que l'argument d'une zone économique verte soit un argument trompe-l'oeil », justifie Jean-Baptiste. Les travaux de l'élu d'opposition, chercheur au CNRS et spécialisé dans l'étude des impacts environnementaux de la recherche en astrophysique, et du collectif, débouchent sur un bilan de 200.000 tonnes d'équivalent Co2 rien que pour la construction de la zone (voiries et bâtiments).
« C'est l'équivalent de six lancements de fusée Ariane, avec la construction des bâtiments comme premier foyer d'émission. Bien sûr, cela peut varier en fonction du type de bâtiment, mais je tiens à souligner que nous sommes sur une fourchette plutôt basse avec ce chiffre. À cela, il faut ajouter les 20.000 tonnes d'équivalent Co2 pour l'exploitation de la ZAC. Le Sicoval met en avant l'installation de panneaux solaires pour compenser ces émissions. Or, cela ne compenserait que 5% des émissions polluantes selon nos travaux », commente le membre de l'association.
Le collectif Non à la Zac du Rivel estime qu'il faudrait 600 hectares de panneaux solaires pour arriver à un impact carbone neutre du projet, ou bien 3.000 hectares de forêts avec la plantation de nouveaux arbres, soit 20% de la surface agricole actuelle de l'intercommunalité.
Équilibrer le sud et le nord du Sicoval
Avec ce bilan carbone, l'association espère tout d'abord une prise de conscience dans les rangs des élus locaux, qui portent le projet depuis plusieurs années maintenant.
« Une Zac verte, cela n'existe pas. Nous espérons faire infléchir le projet vers un projet agricole. Cela ferait sens avec le récent débat sur l'agriculture. On ne s'interdit pas de faire valoir ce document devant la justice (...) Cette initiative de bilan carbone doit servir d'exemple pour des projets similaires à l'avenir », poursuit le militant.
Pour le Sicoval, qui promet environ 3.000 emplois sur la zone à terme, ses intentions sont tout aussi nobles, comme le rééquilibrage économique et démographique de son territoire. « Au nord du Sicoval, dans la zone de Labège, nous avons un actif pour deux emplois, tandis qu'au Sud, nous avons à peine un actif pour un emploi. L'objectif est donc d'éviter d'être dans un duplicata du nord du Sicoval et d'apporter de l'emploi là où il y a du flux routier tous les jours », répond Jacques Oberti.
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