L'outil de production en Occitanie toujours à la traîne selon la Banque de France

Dans une nouvelle étude, la Banque de France pointe du doigt que l'industrie en Occitanie n'a toujours pas retrouvé son niveau de production d'avant crise. Malgré tout, son chiffre d'affaires de 2022 sera meilleure que prévue grâce... à l'inflation. Pour autant, la rentabilité des entreprises ne sera pas revue à la hausse dans la majorité des cas.
L'industrie en Occitanie est toujours à la traîne selon la Banque de France.
L'industrie en Occitanie est toujours à la traîne selon la Banque de France. (Crédits : Rémi Benoit)

Dans un territoire comme l'Occitanie, dont l'économie est très orientée à l'international de part le poids important des industries aéronautique et agroalimentaire, comment est-il impacté par la guerre en Ukraine ? "Les entreprises sont entrées dans cette crise internationale avec de bons indicateurs", plaide Stéphane Latouche, le directeur de la Banque de France, en Occitanie.

Sauf un, celui que le premier banquier de la région surnomme le "TUC", autrement dit le taux d'utilisation des capacités, qui illustre l'usage de l'appareil de production dans l'industrie. Selon la dernière étude de conjoncture de la Banque de France, à fin août 2022, le taux d'utilisation des capacités en Occitanie, toutes industries confondues, est de seulement 79%, contre 82% avant la crise sanitaire. "Ce sont des richesses créées en moins, des emplois en moins, de la valeur ajoutée en moins...", énumère Stéphane Latouche, qui précise que la France a retrouvé quant à elle son TUC d'avant Covid-19 au cours de l'été 2022.

L'Occitanie est la seule région française dont l'activité n'a pas retrouvé son niveau d'avant-crise, selon la Banque de France. Pour le comprendre, il faut se tourner vers l'un de ses emblèmes, à savoir l'industrie aéronautique. Totalement à l'arrêt pendant plusieurs mois au plus fort de l'épidémie, puis relancée à petite vitesse, cette filière a été, avec celle du tourisme, la plus impactée par la crise sanitaire. Elle en ressent toujours les effets aujourd'hui.

"Au sein de l'industrie aéronautique, le taux d'utilisation des capacités était de 80% à fin août 2022, contre 93% à août 2019", précise le dirigeant, qui s'appuie sur des données chiffrées communiquées par les chefs d'entreprises régionaux.

Si les avionneurs multiplient les annonces autour d'un "ré rame-up" progressive des cadences de production, la crise énergétique pourrait provisoirement ralentir le rythme actuel ou au mieux le maintenir.

Lire aussiComment l'industrie aéronautique s'engage dans une décroissance énergétique. Enquête

Hausse du chiffre d'affaires, liée à l'inflation

A contrario, et malgré un outil de production ménagé, les d'entreprises sondées en Occitanie par la Banque de France pour renouveler leurs perspectives économiques annuel à la mi-année témoignent presque unanimement d'une hausse de leur chiffre d'affaires en 2022 meilleure que prévue six mois en arrière.

Si parmi les 1.400 entreprises interrogées l'industrie aéronautique maintient le cap avec son +13% de chiffre d'affaires en 2022, l'industrie hors aéro fait quant à elle un bon en avant. Son chiffre d'affaires de l'année est annoncé à +5%, contre +1% en début d'année. "C'est une bonne surprise, mais cela vient plutôt d'un effet prix qu'un effet volumes en raison du contexte inflationniste", tempère Stéphane Latouche. "Par exemple, nous avons la métallurgie qui revoit ses chiffres et annonce +16% de chiffre d'affaires, tout comme l'industrie pharmaceutique qui va dépasser les +10 points entre les perspectives de début et milieu d'année, mais pour elle c'est plutôt lié à un effet volume", complète Vincent Foussal, le responsable des études économiques à la Banque de France pour l'Occitanie.

Pour ce qui est des services marchands, les perspectives sont tout aussi bonnes. Hors aéronautique, les services marchands de la région, qui prévoyaient +8% de leur chiffre d'affaires sur 2022, remontent cet indicateur à +10%. Ceux liés à l'aéronautique, qui représentent 18% des effectifs du secteur des services marchands selon l'Insee, estiment à +17% leur croissance sur l'année en cours, contre +11% six mois en arrière.

Seul le secteur du BTP revoit à la baisse ses ambitions économiques pour cette année 2022. Portée par le chantier de la rénovation énergétique, la filière subit de plein fouet le ralentissement de la construction des logements constaté dans toute la France. De +3% de hausse du chiffre d'affaires, cette prévision passe à +2%, avec des risques sociaux à moyen terme comme mettent en garde les promoteurs immobiliers toulousains.

Lire aussiToulouse. Un redémarrage de la construction immobilière observé mais...

Bien que meilleur, le chiffre d'affaires ne va pas garantir une rentabilité supérieure. En solde d'opinion, 25% des dirigeants du BTP en Occitanie estiment que leur rentabilité va diminuer en 2022, à mi-année, contre 14% en début d'année 2022. 64% parient sur de la stabilité. Si dans les services marchands aucun affolement ne demeure sur cette question, l'industrie d'Occitanie est bien plus vigilante voire inquiète. Hors aéronautique, si la moitié des patrons misent sur une stabilité, ils sont 28% à prévoir une baisse de leur rentabilité (vs 13% en janvier) et 17% une hausse (vs 33% en janvier). Dans l'aéronautique, ils sont aussi davantage désormais à miser sur la stabilité (50%) voire la baisse (13%).

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.