Pass sanitaire : la tribune des restaurants et bars de Toulouse loin de faire l'unanimité

Il y a quelques jours, une centaine de bars et restaurants de Toulouse et son agglomération ont publié une tribune loin d'être passée inaperçue. Dans celle-ci, ils dénoncent les conséquences de l'instauration du pass sanitaire sur leur activité. Seulement, en coulisses, celle-ci fait débat.
Une centaine de bars et restaurants de Toulouse et son agglomération ont publié une tribune pour dénoncer les conséquences du pass sanitaire.
Une centaine de bars et restaurants de Toulouse et son agglomération ont publié une tribune pour dénoncer les conséquences du pass sanitaire. (Crédits : Rémi Benoit)

La joie de la réouverture a laissé place à la grogne. Après des mois de restrictions allant jusqu'à la fermeture imposée, pour tenter de contrer la pandémie de la Covid-19, les bars et restaurants de Toulouse ont exprimé leur ras-le-bol malgré la reprise d'activité.   Une centaine d'établissements de la Ville rose et de ses alentours se sont élevés contre l'instauration du pass sanitaire et surtout ses conséquences, dans une tribune rendue publique dimanche 22 août.

"Notre secteur, déjà fragilisé par plus de 16 mois de restrictions et huit mois de fermeture, a dans sa très immense majorité parfaitement respecté les consignes gouvernementales, pour participer à la réduction du risque de propagation de la pandémie.

Ceci étant, la situation s'est fortement dégradée depuis la mise en place du pass sanitaire. Il nous faut dorénavant accueillir nos clients dans un climat de suspicion générale qui nuit gravement à nos missions premières : l'accueil quasi-inconditionnel et la convivialité", écrit le collectif.

Si ce dernier recense des adresses réputées de Toulouse et ailleurs comme Le Bar du Matin, Les Terrasses de l'Atelier, La Sous-Préfète, Les Jardins de l'Olympe, Le Wall-Club, Le Café Baggio, Le Toucan Club, ou encore le Café des Artistes, ce texte est loin de faire l'unanimité dans les rangs de la profession au niveau local.

Un mouvement politique ?

À l'origine de ce rassemblement des forces vives ? Le collectif national Culture Bar-Bars et plus particulièrement Yannick Grabot, le gérant du bar Breughel l'Ancien. Dans les rangs politiques toulousains, on assimile ce collectif à "un groupe minoritaire et réfractaire loin de représenter la profession". Un fin connaisseur du milieu culturel et festif local va même jusqu'à évoquer "un mouvement de gauche" pour résumer l'identité des signataires, non sans une pointe d'ironie.

Objectivement et dans les faits, ils ne sont qu'un peu plus de 90 à avoir signé ce texte. Un nombre qui peut paraître important au premier abord, mais qui semble au final peu influent face aux centaines d'établissements qu'abritent Toulouse et sa métropole. Par ailleurs, aucun syndicat de la profession comme l'UMIH, syndicat de salariés, ou encore comité de commerçants, ni même la CCI de Toulouse ne se sont associés à cette démarche. Un point qui fragilise et limite la portée de cette tribune.

Enfin, au sein même des signataires, un malaise semble s'être installé. Parmi la poignée sollicitée par La Tribune, aucun n'a encore voulu faire de commentaire sur cette initiative à l'heure de la publication de cet article. Néanmoins, un seul s'est contenté de faire savoir qu'il a été désagréablement surpris de voir son nom et celui de son établissement associés publiquement à cet écrit, ayant cru à une démarche collective mais anonyme...

"Nous avons eu une grosse affluence les deux semaines précédents l'instauration du pass sanitaire (le 9 août, ndlr), puis à partir de là nous avons pris une grosse claque. Nous avons perdu au moins la moitié de notre clientèle. Malgré ces difficultés, nous ne voulons pas polémiquer ni faire de la politique car pour nous la priorité reste de travailler et de trouver les solutions pour s'adapter au mieux. Ceux qui se plaignent sont ceux qui perdent le plus d'argent en raison de leur gérance", pointe même du doigt un restaurateur du quartier Jeanne d'Arc non associé à cette tribune.

Le collectif demande la fin des contrôles policiers

Pour mémoire, depuis deux semaines, les clients des restaurants et bars doivent présenter un pass sanitaire - certificat de vaccination, test PCR négatif de moins de 72 heures ou certificat de guérison à la Covid - afin d'être servi. Sans ce document, un client servi risque 135 euros d'amende et l'établissement fautif peut aussi se voir notifier une sanction financière puis une fermeture administrative en cas de récidive. Une pression que dénonce le collectif derrière la tribune.

"Nous sommes plus que jamais des baromètres du pouls sociétal, et constatons sans équivoque une menace croissante sur nos établissements (indépendamment de nos bilans économiques en chute libre) et sur l'intégrité physique et mentale de nos salariés, intégrités encore plus malmenées depuis qu'il leur incombe des missions de contrôle nébuleuses, jusqu'ici réservées aux agents de la force publique", écrivent-ils.

"Cela prend même pas deux secondes de montrer le pass sanitaire", rétorque un élu municipal face à ce texte. Une lettre qui demande en conclusion l'arrêt des contrôles policiers dans leurs établissements sur cette application du pass sanitaire tout particulièrement.

"Les signataires du présent communiqué ne demandent qu'à travailler, et à maintenir la convivialité nécessaire à la sécurité de leur clientèle, de leurs établissements et de leurs employés. Par conséquent, ils appellent à l'arrêt clair et immédiat des contrôles policiers en lien avec le pass sanitaire, qui ne font que crisper encore les tensions au sein de leurs établissements, et de faire confiance en leur capacité à gérer ces lieux", appellent-ils.

Après avoir mis en avant médiatiquement les premières opérations de contrôle du pass sanitaire dans les bars et restaurants de Toulouse, la préfecture d'Occitanie n'a pas communiqué le bilan chiffré de ces opérations malgré nos sollicitations.

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