Pourquoi les lycéens se révoltent à Toulouse ?

Depuis lundi 3 décembre, des dizaines de lycées de Toulouse et son agglomération font l'objet de blocages, débordements et incendies. En plus de soutenir le mouvement des gilets jaunes, les lycées manifestent contre la réforme de ParcourSup et du baccalauréat. Seulement, ce mouvement étudiant a des incidences économiques importantes.
Avec l'aide des forces de l'ordre, les pompiers ont pu intervenir pour éteindre l'incendie à Blagnac.
Avec l'aide des forces de l'ordre, les pompiers ont pu intervenir pour éteindre l'incendie à Blagnac. (Crédits : Coline Dupuy)

Les images sont choquantes. Aux alentours de 9h30 mardi 4 décembre, un feu de poubelles volontaire, lors d'un blocus des élèves, a propagé un incendie dans tout le hall d'accueil du lycée Saint-Exupéry de Blagnac (31).

"Depuis ce matin, nos services constatent de nombreux débordements aux abords et dans les lycées régionaux. Le bilan est lourd pour le lycée Saint-Exupéry à Blagnac qui a vu son hall détruit par les flammes ce matin suite à un feu de poubelles. Il sera donc fermé jusqu'à nouvel ordre et nos services sont mobilisés pour mettre en œuvre les mesures conservatoires et déployer sur place des moyens humain de sécurité. J'ai demandé à notre vice-président en charge des lycées Kamel Chibli de se rendre immédiatement sur place", a réagi, la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, collectivité en charge des lycées qui déplore "plusieurs centaines de milliers d'euros" de dégâts.

Face à de telles violences, le proviseur du lycée a annoncé son intention de porter plainte pour trouver les coupables. Seulement, d'autres établissements ont aussi été victimes de débordements similaires, de moindre ampleur.

"Des manifestations de lycéens sont en cours en Haute-Garonne et particulièrement à Toulouse réunissant à ce stade 2500 personnes. 24 établissements sont concernés dont deux bloqués et un fermé suite à un incendie à l'intérieur des locaux. Des incendies en particulier aux abords des établissements scolaires ont été allumés. Les forces de l'ordre ont été amenées à utiliser des gaz lacrymogènes pour sécuriser les opérations d'extinction des incendies", ont fait savoir dans un communiqué conjoint le nouveau préfet Étienne Guyot, et la rectrice de l'académie de Toulouse, Anne Bisagni-Faure.

Ainsi, le préfet a pris la décision d'interdire la vente au détail du carburant dans tout le département de la Haute-Garonne jusqu'au dimanche 9 décembre minuit. Les consommateurs pourront donc faire le plein de leur voiture uniquement, mais ils ne pourront pas remplir des bidons, par exemple.

Un nouveau bac en 2021

Selon la préfecture, sept personnes ont été interpellées en réponse à ces actes de violence qui touchent la Ville rose et l'agglomération depuis lundi 3 décembre. Pour justifier un tel mouvement, les lycéens mettent en avant, en plus d'un soutien aux gilets jaunes, deux réformes qui leur posent problème.

Le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, a présenté le 14 février dernier une réforme du lycée qui contient notamment une modification du baccalauréat dès la session 2021. À cette date, le diplôme ne comptera plus que quatre épreuves terminales dont un oral, contre une dizaine aujourd'hui. Ce dispositif laissera ainsi place à davantage de contrôle continu, pour 40 % de la note finale.

Autre sujet de mécontentement chez les lycées, la loi ORE pour Orientation et réussite des étudiants. Promulguée en mars 2018, cette loi doit permettre de réduire le taux d'échec scolaire en première année d'études supérieures à travers une refonte du système d'admission à l'université. Pour cela, le gouvernement a remplacé la plateforme APB par la plateforme Parcoursup. Ce portail numérique permet aux élèves de faire savoir leurs vœux d'études supérieures une fois le bac obtenu, et d'entamer les démarches d'inscription auprès des universités. Seulement, les élèves craignent des discriminations car les universités peuvent désormais choisir leurs futurs étudiants en fonction des compétences demandées par le cursus en question, ce qui n'était pas le cas pour toutes les filières auparavant.

Des commerçants sur la sellette

Mais les manifestations contre ces textes législatifs ont durement impacté la Ville rose. Tout d'abord, en terme de mobilité. Ces deux derniers jours, le réseau de transports en commun toulousain Tisséo a été dans l'obligation d'arrêter pendant plusieurs heures l'ensemble de son réseau (bus, tram et métro). La circulation étant coupée parfois dans l'hypercentre toulousain, même trouver un taxi est rapidement devenu une mission impossible.. Ces difficultés pour se déplacer ont des conséquences économiques pour les commerces de Toulouse.

"C'est catastrophique pour nous en ce moment. Après une année 2018 mauvaise pour le commerce à Toulouse avec une baisse du chiffre d'affaires de 20% par rapport à 2017, on comptait sur la période de Noël pour se refaire une petite trésorerie. Au lieu de ça, entre les gilets jaunes et ce mouvement lycéen, nous n'avons personne dans nos boutiques depuis deux jours. Nous risquons de nous retrouver avec des centaines de petits commerçants qui vont faire faillite, le tribunal du commerce de Toulouse est très inquiet à ce sujet", analyse Jean-Marc Martinez, président de la fédération des commerçants de Toulouse.

Le marché de Noël sur la place du Capitole, en plein cœur de Toulouse, subit également de plein fouet ces mouvements sociaux. Depuis le samedi 1er décembre, celui-ci fait l'objet de fermetures successives de plusieurs heures chaque jour à la demande du préfet. Ce dernier, par mesure de précaution, a également demandé à reporter la rencontre sportive opposant le Toulouse Football Club et l'Olympique Lyonnais samedi 8 décembre au Stadium de Toulouse.

Lire aussi : En images : près de 4 000 "gilets jaunes" en Haute-Garonne

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Commentaires 3
à écrit le 15/02/2019 à 17:26
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we

à écrit le 05/12/2018 à 14:05
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Les enfants brûlent leur lycée, supposé leur offrir une vie meilleure que leurs parents. les Parents triment et manifestent car l'état leur vole le fruit de leur travail. Les parents vont devoir encore payer plus à cause de leur enfant. Et l'état...

à écrit le 04/12/2018 à 20:36
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Le titre de l'article indique : "les lycéens" se révoltent. L'expression "des lycéens" serait bien plus appropriée. On a dénombré quelques centaines de manifestants, alors que la Haute Garonne compte 110 000 élèves dans le second degré. Donc 99% d...

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