Primark, une chance pour Toulouse ?

Le magasin d’habillement à bas coût Primark a attiré 3 000 personnes pour l'ouverture mercredi 17 octobre de son premier magasin à Toulouse, au coeur du centre-ville. Élus et associations de commerçants toulousains se réjouissent de l’arrivée de cette enseigne avançant l’argument que cela va renforcer l’attractivité de la ville. Mais d'autres enseignes low-cost pourraient fermer des boutiques et certains commerçants regrettent cet afflux de marques bas de gamme. De quoi nuire à l'identité toulousaine ?
3 000 personnes ont afflué dans le magasin Primark de Toulouse pour son premier jour d'ouverture.
3 000 personnes ont afflué dans le magasin Primark de Toulouse pour son premier jour d'ouverture. (Crédits : Rémi Benoit)

Jamais Toulouse n'avait connu ça. Jamais plusieurs milliers de personnes ne s'étaient amassées dès l'aube devant une enseigne qui ouvrait ses portes dans la Ville rose. Et pourtant, mercredi 17 octobre, Primark a attiré les foules pour son ouverture à Toulouse. Dès 6 heures du matin, plusieurs centaines de personnes ont afflué vers l'ancien bâtiment des Galeries Lafayette Maison, dans le quartier Jeanne d'Arc, rue Rémusat, lieu d'implantation de l'enseigne qui propose des vêtements à bas coût.

 Au final, quelques dizaines de minutes avant l'ouverture du magasin de 7 500 m2 de vente sur quatre niveaux pas moins de 3 000 personnes étaient au rendez-vous. Face à un tel engouement (prévisible), la municipalité avait anticipé en interdisant la circulation dans la rue concernée le jour de l'inauguration. Lors de cette dernière, le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, est même venu en personne accueillir cette nouvelle enseigne dans sa ville. Mais comment un magasin peut-il attirer autant les foules et être une attraction à lui tout seul ?

"Nous avons ouvert notre premier magasin en France, à Marseille, en 2013, apportant nos tendances à des prix incroyables sur le marché français. Nous croyons que la mode de qualité doit être accessible à tous. Cinq ans plus tard, nous exploitons aujourd'hui 13 magasins en France, employant plus de 5 000 personnes. Notre magasin à Toulouse sera le 14ème (avec 300 emplois locaux créés, ndlr)", explique de son côté Primark.

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Le magasin de Toulouse est le 14e de la marque en France (Crédit : Rémi Benoit).

Des magasins vont fermer

Et à chaque fois, la situation se répète : lors de l'ouverture des milliers de personnes se tassent devant chaque magasin de l'enseigne irlandaise fondée en 1969 qui appartient à l'Associated British Foods. Alors son arrivée à Toulouse est-elle une chance pour la ville et son attractivité ? Élus et associations de commerçants toulousains en sont convaincus.

"C'est une grande enseigne qui, j'espère, va amener du flux dans Toulouse et son centre-ville. Il est même certain que nous allons avoir des flux de personnes qui d'habitude ne viennent pas à Toulouse", se réjouit Jean-Jacques Bolzan, adjoint au maire de Toulouse chargé du commerce et qui a assisté à l'inauguration du nouveau magasin.

De leur côté, les commerçants sont également satisfaits de cette arrivée.

"Les clients de Primark vont venir de 150 voire 200 kilomètres de Toulouse. Il y aura même des personnes venant de la région Nouvelle-Aquitaine. Déjà, le nombre de personnes le jour de l'ouverture, c'est exceptionnel et ça va être ça tous les jours. Tous les commerçants vont en profiter", promet Jean-Marc Martinez, président de la fédération des commerçants de Toulouse.

Tous en profiter ? Réellement ? Certaines enseignes implantées à Toulouse depuis plusieurs années risquent de souffrir de cette concurrence.

L'identité toulousaine en danger ?

D'ailleurs, la marque C&A s'apprête à fermer deux de ses magasins dans l'agglomération toulousaine face à l'arrivée de Primark à Toulouse, d'après des sources internes au sein de l'enseigne qui vend également des vêtements pour enfant, femme et homme à bas coût. Toujours selon ces mêmes sources, ce sont les magasins situés dans les centres commerciaux de Blagnac et de Labège qui devraient prochainement fermer leurs portes. Par contre, ce concurrent de Primark conserverait sa boutique de la rue Saint-Rome à Toulouse, située à quelques centaines de mètres de Primark.

"Il est vrai que ce sont les grandes enseignes comme Zara, Celio et d'autres qui ont du souci à se faire par rapport à l'arrivée de Primark et non les petits commerçants toulousains. Notre offre est complémentaire de la leur en terme de qualité de produits et de prix", analyse Jean-Marc Martinez.

Pour d'autres, le problème réside dans la composition même des centres-villes.

"Tous les coeurs de ville se ressemblent avec les mêmes enseignes partout. Et encore, à Toulouse nous avons la chance d'avoir une richesse de boutiques multi-marques avec beaucoup d'indépendants. Néanmoins, on peut faire le constat que ce sont seulement des enseignes bas de gamme qui s'installent dans le centre-ville ces dernières années", regrette Laurent Lopez, co-gérant de la boutique L'Observatoire, rue des Arts à Toulouse et membre de la CCI.

Et les faits ne lui donnent pas tort. Une autre enseigne de vêtements, Uniqlo, va ouvrir dans le centre-ville de Toulouse à la fin de l'année ou début 2019. Un tel afflux d'enseignes puissantes peut-il à terme nuire aux commerçants indépendants qui font l'identité de Toulouse ? La question mérite d'être posée. En tout cas, pour les accompagner, la mairie de Toulouse a présenté en début d'année un schéma de développement commercial du centre-ville avec un certain nombre de mesures pour relancer l'activité commerciale.

Des opposants devant le magasin à l'ouverture

Malgré cet engouement populaire, deux collectifs associatifs se sont réunis hier devant le magasin pour interpeller les clients sur les pratiques de l'enseigne. Tout d'abord, le collectif Basta a manifesté dès le début de la matinée avec une affiche au slogan percutant : "Primark assassine, Toulouse complice". Une bannière faisant référence au drame du Rana Plaza, un bâtiment qui s'était effondré en 2013 faisant près de 1 200 morts dans le pays considéré comme "l'atelier du monde", le Bangladesh. L'édifice en question abritait de multiples ateliers de confection pour de nombreuses marques de prêt-à-porter dont... Primark. Problème, dans ce pays, les salariés sont exploités, avec des plages horaires de travail très larges, pour un salaire minime. Cet événement avait alors endommagé l'image de la marque.

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 Le collectif Éthique sur l'étiquette s'est positionné devant le magasin (Crédit : Florine Galéron).

Plus tard, dans l'après-midi, c'était au tour du collectif Éthique sur l'étiquette de se mobiliser. Toujours dans le but de sensibiliser les clients sur les conditions dans lesquelles les vêtements de Primark sont conçus. Un petit groupe a brandi le message : "Nos actes citoyens ont un vrai poids politique. Nos actes d'achats aussi !"

Cela n'a pas empêché des centaines de personnes de ressortir avec des sacs remplis d'articles de Primark...

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