Le plus grand réseau de chaleur de France en service à Toulouse

Toulouse a inauguré mercredi 24 septembre un réseau de chaleur et de froid d'une longueur de 36 km. Il permettra d'alimenter l'équivalent de 15 000 logements grâce à la chaleur provenant de l'incinérateur du Mirail et du data center de l'espace Clément Ader.
Le réseau de chaleur produira l'équivalent des besoins énergétiques de 15 000 logements.
Le réseau de chaleur produira l'équivalent des besoins énergétiques de 15 000 logements. (Crédits : Dalkia)

Rien ne se perd, tout se transforme. C'est le credo d'un nouveau réseau de chaleur et de froid qui vient d'entrer en service mercredi 24 septembre à Toulouse. L'initiative n'est pas inédite dans la Ville rose puisque cela fait depuis 1965 que la chaleur produite par l'incinération des déchets au sein du quartier du Mirail est exploitée. Elle permet d'alimenter un réseau de chaleur de 18 km dans les quartiers de la Reynerie, du Mirail, et de Bellefontaine.

Aujourd'hui, c'est un système d'une autre envergure qui vient de voir le jour. Toulouse Energie Durable, aussi nommé Plaine Campus, s'étire sur 36 km depuis l'unité de valorisation des déchets du Mirail jusqu'au quartier de Montaudran. Bientôt, le quartier de Malepère sera aussi raccordé au réseau. Le système, qui regroupe près de 72 km de canalisation, a mobilisé 400 personnes pour sa réalisation.

"C'est le plus grand réseau construit en France sur les cinq dernières années", informe Sylvie Jéhanno, PDG de Dalkia.

C'est à cette filiale d'EDF que Toulouse Métropole a confié la conception, la réalisation et l'exploitation de ce nouveau système pour une durée de 26 ans.

L'équivalent de 15 000 logements

La chaleur issue du centre de valorisation des déchets du Mirail et du data center de l'espace Clément Ader fournit 70% du mix énergétique du réseau. Le reste est produit par une chaufferie gaz. Située sur le site de la ZAC de Montaudran, elle est utilisée en appoint lors des périodes plus froides comme en hiver, et en secours s'il y a un problème sur le réseau.

En tout, le réseau fournit 120 GWh de chaleur, de quoi fournir l'équivalent de 15 000 logements, dont 90 GWh en provenance de l'usine. Pour produire cette énergie, la chaleur créée par l'incinérateur est captée grâce à de l'eau qui est alors chauffée à haute température. La chaleur circule sous forme d'eau chaude (70 à 180°C) ou de vapeur dans un réseau de canalisations enterrées. Par le biais d'un local technique appelé "sous-station", installé dans chaque bâtiment raccordé au réseau, la chaleur est transférée aux systèmes de chauffage des immeubles. Le réseau forme une boucle : dès que l'eau a chauffé les bâtiments, elle est refroidie et repart vers l'incinérateur.

Ainsi, le système ne fait pas que produire de la chaleur. Il permet, en plus de la distribution du chauffage et de l'eau chaude sanitaire collective, de climatiser des bureaux du quartier de Montaudran.

18 abonnés reliés au réseau de chaleur

18 abonnés (et 135 bâtiments) sont actuellement raccordés au système. Parmi eux, le CHU de Rangueil, le Cnes ou Toulouse Métropole Habitat. À terme, Dalkia vise 135 abonnés. Pour les clients, se raccorder au réseau représente un avantage économique, selon Michel Peyron, le directeur régional de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise d'énergie (Ademe).

"Il y a une réelle retombée économique pour l'ensemble des usagers car ils bénéficient d'une réduction de 7% par rapport à l'énergie de référence qui est le gaz et d'une stabilité des prix contrairement aux énergies fossiles. De plus, les abonnés au réseau disposent d'une TVA à taux réduit de 5,5%".

Pour autant, les maisons ou les immeubles situés près du réseau ne peuvent pas s'y raccorder si facilement. En effet, pour pouvoir bénéficier du service, une "sous-station" doit être créée au sein du bâtiment. Dalkia réalise des études pour pouvoir raccorder au système les personnes qui le souhaitent et qui en sont assez proches.

Un projet à 60 millions d'euros

Ce projet, financé à 14 millions par le fonds chaleur de l'Ademe, a représenté un coût total de 60 millions d'euros. D'après Jean-Luc Moudenc, ce réseau est "une réalisation exemplaire sur le plan environnemental". Comme la récupération d'énergie n'émet, logiquement, aucun rejet de CO2 dans l'atmosphère, Jean-Luc Moudenc a tenu à souligner la contribution de ce réseau de chaleur dans la lutte contre la pollution.

"Ce réseau de chaleur et de froid permet d'éviter le rejet de 19 000 tonnes de CO2 par an. Soit 420 000 tonnes sur 26 ans. Elle participe grandement à la préservation de la qualité de l'air et à la réduction des déchets, deux grands objectifs du plan climat air énergie territorial de Toulouse Métropole", estime le président de Toulouse Métropole.

Pour rappel, ce plan vise à réduire jusqu'à 40% les émissions de gaz à effet de serre du territoire, à diminuer les énergies fossiles de 20 % et à doubler la production des énergies renouvelables et de récupération d'ici 2030.

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