Le vent de désengagement qui souffle sur la branche médias du groupe Lagardère pourrait bien avoir atteint Midi-Pyrénées. L'agence de presse toulousaine A2PRL spécialisée dans la production de contenus radiophoniques, détenue à 100% par le groupe, serait en passe d'être cédée selon des représentants des salariés. A2PRL compte notamment parmi ses clients Ouï FM, MTI, Fréquence Plus et CFM, dans l'Aveyron. Contacté ce vendredi, le groupe Lagardère n'a pour l'instant fourni aucune information sur l'avancement de cette cession. Le directeur des relations investisseurs de Lagardère Anthony Mellor assure même à Objectif News tout ignorer de ce projet.

Néanmoins, une telle cession s'inscrirait dans la stratégie globale du groupe qu'Arnaud Lagardère lui-même avait laissé présager lors de l'assemblée générale du 3 mai 2013 en déclarant : "Voici les métiers où nous voulons nous désengager : les magazines, les radios, les chaînes de télévision". Une stratégie dont la mise en œuvre a débuté cet automne. "Je m'y attendais un peu" assure d'ailleurs une journaliste de la rédaction d'A2PRL jointe aujourd'hui.

Un concurrent sur le coup depuis des mois

Des rumeurs persistantes en interne évoquent une possible offre de reprise par le groupe toulousain Mediameeting, ex client d'A2PRL pour sa radio Toulouse FM. Le groupe présidé par Anne-Marie de Couvreur ne s'est pas exprimé pour l'instant sur cette hypothèse. Le directeur de la rédaction et élu délégué du personnel Antoine Geslin estime néanmoins que les négociations entre Lagardère et Mediameeting ont débuté en septembre 2013. "Il semblerait que ce soit des négociations exclusives mais nous pensons que d'autres entités seraient aussi intéressées par une reprise d'A2PRL" indique-t-il.

L'identité du repreneur étant encore incertaine, le périmètre de son projet l'est encore plus. Pour l'heure, impossible de connaître les conséquences concrètes de la cession sur l'avenir de l'agence et de ses effectifs. Actuellement, A2PRL emploie une trentaine de personnes dont 25 journalistes. Elle affichait un chiffre d'affaires annuel de 1 260 064 euros en 2012.

"Aucun élément légal ne nous est parvenu"

Dans un communiqué diffusé auprès des médias locaux daté du mercredi 19 mars, les délégués du personnel Xavier Mathot et Antoine Geslin s'inquiètent du manque d'informations précises quant au projet de désengagement, dont ils ont été mis au courant pas la direction de l'agence le 24 janvier dernier. "C'est le black out complet sur les intentions de notre actionnaire" déplore Xavier Mathot ce vendredi. Du côté de la direction, même son de cloche : "aucun élément légal ne nous est parvenu et les salariés ont l'impression qu'on les a tondus" s'exclame un cadre de l'agence.

Au sein de la rédaction également, l'incertitude domine : "il est possible que ce soit une question de semaines !" craint une journaliste. Elle évoque des rumeurs de déménagement à Issy-les-Moulineaux, en région parisienne. L'inquiétude s'avère particulièrement prégnante au sein des personnes employées en CDD d'usage, une majorité. En effet, seuls quatre journalistes de la rédaction, un animateur et quatre membres de la direction sont employés en CDI à ce jour. "Nous avons sollicité une réunion d'information rapidement" conclue une journaliste de la rédaction. Les délégués du personnel, de leur côté, comptent bien monter à Paris dès la semaine prochaine pour commencer à travailler avec le comité de personnel du groupe Lagardère, qui suit le dossier depuis jeudi.

Adeline Raynal

©Rémi Benoit