Grippe A : Les entreprises se préparent

PCA, cellules de crise, hygiène renforcée ou attentisme, la préparation des équipes varie selon les entreprises. Centre Nucléaire de Production d'Electricité, 800 à 900 salariés, à Golfech (82)

PCA, cellules de crise, hygiène renforcée ou attentisme, la préparation des équipes varie selon les entreprises.

Centre Nucléaire de Production d'Electricité, 800 à 900 salariés, à Golfech (82)

La centrale nucléaire produit 18 milliards de kWh par an, soit l'équivalent de la consommation annuelle de la région Midi-Pyrénées. Une production à maintenir qui requiert une anticipation pointue. « Un plan de pandémie grippale existe à EDF depuis la grippe aviaire en 2006. Il a été adapté au virus H1N1 », explique la direction par l'intermédiaire de Jean-Louis Fenolland, médecin du travail à la centrale nucléaire, « le pilote et les responsables ont été nommés et les compétences-clés identifiées. Pour suppléer aux indisponibilités, on pourrait compter sur la polyvalence des agents ou sur la solidarité entre sites, le transfert de salariés se faisant déjà lors de pics d'activité. Des exercices sur cette thématique ont eu lieu par le passé sur d'autres sites... Nous communiquons en interne depuis début août sur les mesures d'hygiène. Les masques sont disponibles, et nous avons fait des stocks de matériels. Même des solutions de transports sont prévues ! On est capable de monter en puissance le jour venu ».

France 3 Sud, entre 60 et 70 personnes sur 11 sites en Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon

Jehan-Philippe Agnan est responsable des services généraux et animateur de prévention et sécurité pour France 3 Sud : « France Télévision a été désignée "établissement d'importance vitale". Nous sommes donc tenus à une obligation de service public qui consiste, pour France 3, à informer la population des évolutions dans les situations de crise comme une pandémie, un conflit ou un attentat... Le PCA existe depuis la grippe aviaire, et il est bâti en fonction des moyens nécessaires dans chaque région. En août, nous avons identifié les postes stratégiques et effectué le recensement des personnes volontaires pour venir travailler en mode dégradé. Les équipes allant sur le terrain ont des consignes de protection, mais aussi celle de prévenir la hiérarchie qui organise leur prise en charge par les autorités sanitaires. Et si besoin, nous ferons appel à la mobilité des salariés dans la région ».

Airbus, 17 000 salariés et 5 000 prestataires de services à Toulouse

« Nous avons commencé à réfléchir en mars-avril et une cellule de crise a été créée au sein d'Airbus Monde, explique Christian Etcheverry, responsable Hygiène et sécurité et président du Comité d'Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail sur le site toulousain. Notre stratégie est de maintenir l'activité et de se mettre en situation de gérer 10 à 12 semaines... Pour l'absentéisme, il faudra adapter nos réponses à la spécificité de l'activité : une réflexion va être menée pour envisager les différentes solutions possibles. Le Plan de continuité "organisation industrielle" sera opérationnel courant septembre. Ces démarches se font en concertation avec les partenaires sociaux ». Côté hygiène, l'entreprise a déjà tout mis en œuvre, comme l'explique Brigitte Mas Rigal, médecin coordinateur au service Santé au travail : « Nous avons lancé un plan de communication via intranet, avec des recommandations d'hygiène individuelle. Les masques sont commandés et arriveront fin septembre, et nous travaillons à affiner la logistique... Les salariés ne sont pas inquiets mais s'interrogent ».

Météo France, 1500 salariés (dont 1000 à Toulouse)

« Nous appliquons ce qui est décidé pour la fonction publique », déclare le directeur du site Daniel Roux à la mi-août, « le service fourni doit être continu quels que soient les événements extérieurs. Un PCA a été établi au niveau national, qui concerne avant tout les postes stratégiques. En phase pré-pandémique, il y a un effort à faire en matière de recommandations sur les mesures d'hygiène, qui relèvent en réalité de l'hygiène personnelle, comme par exemple le nettoyage des postes partagés. Nous serons opérationnels d'ici quelques jours. Quant aux masques, nous les avons déjà. Nous sommes également prêts pour le télétravail. Se pose ensuite la question de la durée : le plan est prévu pour une quinzaine de jours, et nous pouvons aller jusqu'à six semaines, mais ce serait très lourd à gérer ».

Tisséo, 2200 salariés et 500 000 passagers par jour, à Toulouse

L'entreprise de transports en commun (bus et métro) a rappelé les consignes d'hygiène de base à son personnel et aux prestataires de nettoyage. Lesquels procèdent à un nettoyage plus poussé des locaux internes et publics. 25 000 masques ont été achetés pour les salariés, particulièrement ceux en contact avec le public. Un plan de continuité de service a été mis en place pour pallier l'absentéisme. Enfin, Tisséo s'adaptera aux consignes de la Préfecture et répondra aux demandes de réquisition des autorités : mise en place de navettes, mise à disposition des canaux d'information dans le métro, etc.

Capgemini Sud, 1500 salariés dans le grand Sud dont 950 à Toulouse

Outre les mesures d'hygiène et le maintien de la gouvernance, le PCA de l'entreprise de conseil en management et services informatiques compte un volet sur la continuité de service pour les clients. Une étude d'impact très pointue a été réalisée cet été, traitée comme un projet en soi : elle évalue la criticité de chaque projet en fonction des scénarii d'absentéisme, afin que chaque responsable organise la poursuite des prestations. Le télétravail est bien sûr envisagé, et l'on s'assure du niveau de débit des réseaux informatiques.

Auchan Gramont, 450 salariés, à Toulouse

Les grandes directives et les différentes procédures sont prises au niveau d'Auchan France, avant d'être envoyées à chaque magasin. « Il existe un plan de maintien de l'activité, préparé au niveau national, mais il n'est pas encore redescendu au niveau local, explique le directeur d'Auchan Gramont, Philippe Anastasio. En revanche, j'ai mis en place une prévention depuis le mois de juin. Notamment des informations en direction des salariés : panneaux dans les toilettes, dans les coursives, les stocks de masques sont prêts. » Sa première crainte ? « La réaction des consommateurs en cas de pandémie. Il est difficile de prévoir la manière dont vont réagir les clients. On voit déjà des problèmes pour s'approvisionner en petits flacons de produits désinfectants pour les mains. Un des produits les plus « rupturés ». Les trois sociétés qui les fabriquent en France sont obligées de travailler 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. »

Auteur : Cécile Chaigneau.
Photo © Rémi Benoit

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