Toulouse-Blagnac au cœur du dispositif national de gestion de la crise aérienne

L'aéroport Toulouse-Blagnac accueille exceptionnellement les passagers des longs courriers bloqués à l'étranger depuis l'éruption du volcan Eyjafjöll en Islande. Six vols longs-courriers ont décollé le 19 avril. 220 vols ont été annulés depuis vendredi au départ de Toulouse. Les voyagistes, comme Fram, s'organisent.

Alors que la paralysie du transport aérien se poursuit au niveau des aéroports parisiens, à l'aéroport de Toulouse-Blagnac on s'organise pour rapatrier les ressortissants français bloqués à l'étranger depuis l'éruption du volcan Eyjafjöll en Islande : « L'urgence, c'est les longs courriers, indique-t-on à la direction régionale d'Air France.Trois avions ont atterri dimanche et cinq aujourd'hui. »

Un sentiment partagé par Antoine Cachin, président du directoire du groupe Fram, qui a mis en place une cellule de crise au sein de l'entreprise : « On s'occupe d'abord de nos 8000 clients, dont 1500 sont partis de Toulouse, présents dans les nombreux pays avec lesquels nous travaillons, explique-t-il. Nous avons pris la décision de prendre en charge et d'assurer les frais de séjour supplémentaires et de mettre en place des moyens pour les rapatrier au plus vite. Ils ne seront, du reste, plus que 5000 ce soir à être bloqués, signe que la situation évolue assez rapidement. »

Le trafic à Toulouse n'ayant finalement fermé qu'entre 14h et 15h dimanche, des départs ont également pu être programmés chez Air France le 19 avril. Six vols ont décollé à destination de Fort-de-France, New York, Dakar, Saint-Denis de la Réunion, Hong Kong et Sao Paulo. Des départs qui réclament une grosse organisation pour la compagnie aérienne : « Nous avons mis en place des bus pour acheminer les passagers depuis l'aéroport de Roissy, poursuit la direction régionale. C'est vraiment notre priorité aujourd'hui en attendant que les aéroports parisiens puissent rouvrir. »

Sans céder à la panique, l'heure est à la débrouille sur le tarmac toulousain. Du côté de l'aéroport, on s'adapte heure par heure à la situation : « Nous sommes vraiment dans l'urgence, confie Marc Dupeyron, le responsable des relations presse. Tous les opérationnels ont été réquisitionnés pour tenter de faire face à la situation d'autant plus complexe que nous manquons cruellement de visibilité. »

Au total, près de 220 vols ont déjà été annulés depuis vendredi au départ de Blagnac. Économiquement, d'aucuns se hasardent à évaluer les conséquences : « C'est indiscutablement l'une des crises les plus graves de notre histoire, souligne Antoine Cachin. Il n'est cependant pas question de chiffrer les pertes tant que nos clients ne sont pas tirés d'affaire. » Une position similaire chez Air France : « Il est beaucoup trop tôt pour estimer le préjudice mais il est certain qu'il va être considérable vu que nous annulons, rien que sur Toulouse, une soixantaine de vols par jour ». Une question également balayée d'un revers de la main à l'aéroport : « La quasi totalité des vols ayant été annulé, les conséquences seront lourdes. Mais nous sommes trop dans l'urgence, pour l'heure, pour les évaluer. »

Pour la Confédération générale des petites et moyenne entreprises (CGPME), c'est l'ensemble des PME qui pourrait être touché : « A ce stade, et au-delà des absences de salariés dans l'incapacité de réintégrer leur lieu de travail, les conséquences négatives ne se font directement sentir que pour les PME dont l'activité est immédiatement tributaire du transport aérien, écrit-elle dans un communiqué. Pour autant, si cette situation devait perdurer, l'ensemble des PME françaises rencontrerait des difficultés notamment dues au retard dans l'acheminement du courrier."

Une inquiétude partagée par le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, qui a déclaré le 19 avril que « le coût, que l'on estimera en fin de crise, de la paralysie du transport aérien, sera considérable ». Selon l'Association des compagnies aériennes mondiales (IATA), le manque à gagner pour les compagnies lié à la fermeture d'une partie de l'espace aérien européen s'élève à plus de 200 millions de dollars par jour. Selon les analystes de Natixis Securities, le blocage du trafic aérien en Europe du Nord pourrait coûter quotidiennement environ 50 millions d'euros à Air France-KLM.

Jean Couderc

En photo: 220 vols ont été annulés à Toulouse depuis vendredi (photo R. Benoit)

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