Près de Toulouse, Ash'Up transforme les cendres de bois en lessive

La jeune startup a mis au point un détergent réalisé à partir de cendres bois issues de chaufferies collectives. Le produit sans produits chimiques et aussi efficace qu'un agent de synthèse industriel est entièrement fabriqué et distribué en circuit court en Haute-Garonne et dans le Tarn. Fondée en 2022, la société veut revaloriser intégralement ce déchet naturel dans les mois à venir notamment à travers la création de solutions naturelles et respectueuses de l'environnement pour les secteurs du BTP et de l'agriculture.
Ash'up a mis au point un détergent réalisé à partir de cendres bois issues de chaufferies collectives.
Ash'up a mis au point un détergent réalisé à partir de cendres bois issues de chaufferies collectives. (Crédits : DR)

Chaque année en France, des centaines de milliers de tonnes de cendres de biomasse sont enfouies en décharge. Fondée en mars 2022, à Saiguède une commune située au nord de la Haute-Garonne, Ash'Up valorise les cendres de bois générées dans les chaufferies collectives en lessive ménagère. La startup a mis au point une lessive 100 % d'origine naturelle et sans ajout de produits chimiques et dépourvue de traces de la cendre qui a permis de l'élaborer. Les tests ont montré qu'elle ne grise pas le linge, convient à tous textiles blanc et couleurs, elle ne sent pas le feu de cheminée, n'a aucune odeur. À noter que la lessive est dotée de performances équivalentes aux produits issus de l'industrie chimique.

À travers ce produit respectueux de l'environnement la startup souhaite proposer au consommateur « un retour à l'essentiel » et la possibilité d'utiliser un produit de lavage naturellement dégraissant, efficace, et économique.

« Le principe de fabrication consiste à mélanger de l'eau à de la cendre de bois pendant plusieurs jours. Ensuite, une étape de décantation et filtration permet la séparation entre les cendres humides et l'eau et d'obtenir un liquide, fortement chargé en soude et en potasse et qui constitue un détergent et un dégraissant naturel. C'est un procédé assez simple qui existe depuis longtemps », explique Aurélien Mazzoni, directeur général d'Ash'Up.

En effet, au Moyen-âge déjà, des lessives réalisées à partir de cendres de bois étaient utilisées. Cette technique naturelle pour le lavage du linge a été employée jusque dans les années 50 en France avant d'être remplacée par des produits de synthèse industriels néfastes pour l'environnement. Aujourd'hui, les consommateurs soucieux de prendre soin de leur linge et de la planète plébiscitent de plus en plus les lessives écoresponsables.

Production et vente en circuit court

La matière première, la cendre de bois, est issue de la combustion de bois non transformé, non traité, de forêts locales (rayon de 150 km autour de la chaufferie) et garanti par des critères de traçabilité stricts (type de bois, quantité, lieu de collecte). La société se fournit ainsi uniquement auprès de chaufferies situées en Haute-Garonne et dans le Tarn. « Actuellement, les cendres nous sont fournies à titre gracieux. Pour les chaufferies, c'est également le moyen de trouver des voies de valorisation », précise l'ingénieur de métier.

Ensuite, le détergent naturel est produit au plus près des fournisseurs de cendre. Ne disposant pas pour l'instant de site industriel Aurélien Mazzoni et Laurent Déléris, le fondateur de la jeune pousse, fabriquent aurore de façon artisanale à leur domicile. Le produit est ensuite distribué localement dans des grandes et moyennes surfaces ainsi que des magasins indépendants.

La marque Aurore est aujourd'hui commercialisée à travers un réseau d'une dizaine d'enseignes, dont Intermarché, Carrefour et Leclerc dans le Tarn et en Haute-Garonne. Elle est affichée au prix de 12,50 euros pour un contenant de 2,5 litres. Un tarif « moyen » sur le marché. Faute d'emballages compostables adaptés au détergent naturel, la lessive est aujourd'hui conditionnée dans des bidons en plastique. Afin d'éviter leur rejet dans la nature, Ash'Up met en place un système de consigne de ses contenants qui une fois vides et retournés par le client sont remis dans le cycle de production-distribution tant que leur état le permet.

 Des solutions pour d'autres secteurs

Avec la volonté de proposer ses produits au niveau national, l'entreprise envisage de créer à l'avenir des micro-unités locales de valorisation des cendres et de distribution ou de commercialiser aux centrales d'achats des GMS. La stratégie de la petite société est simple, fabriquer au plus près de ses fournisseurs et distribuer localement afin de réduire le transport des matières premières et des produits finis.

 En parallèle, Ash'Up mène des travaux de R&D afin de trouver une solution de valorisation pour la boue de cendres, un déchet restant à la fin du processus de fabrication d'aurore. Ainsi, elle pourrait être transformée en produits destinés à l'agriculture ou à la construction. « La boue peut servir en ajout de charge dans le ciment, les mortiers de sol ou les revêtements routiers car chargée en silice ou d'engrais naturel pour amener du phosphore et du potassium aux plantes », se projette le dirigeant.

« L'objectif n'est pas de faire uniquement de la lessive, mais de devenir un opérateur pour récupérer de la cendre et proposer différents produits pour différentes finalités. On se donne au moins jusqu'à 2025 pour finaliser la partie BTP. Nous sommes en relation avec beaucoup d'acteurs du secteur sur la faisabilité, les attentes et les besoins. Nous voulons faire en sorte que les cendres ne soient plus considérées comme un déchet, mais deviennent une matière première naturelle. »

Ouvrir un site de production

En attendant, Ash'Up veut monter en puissance sur la partie lessive en 2024 et multiplier par trois à quatre sa capacité de production ainsi que son réseau de distribution. « En 2023, nous voulons réaliser des tests de marché, nous faire connaître sur le territoire, voir comment le client reçoit le produit et s'assurer que ce soit le bon. Nous sommes en train d'étoffer la gamme avec des lessives parfumées naturellement, non-toxiques et non-polluantes.»

La jeune startup veut traiter de plus grands volumes de cendres, produire plus et avoir une certaine force de vente. Dans ce sens, elle prévoit de se doter d'un site d'industrialisation. Son souhait pour son projet d'économie circulaire est de faire du procédé low-tech, qui consomme le moins d'énergie et laisse le moins trace possible. La future l'usine entraînera la création de plusieurs emplois.

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