Toulouse renouvelée comme Capitale French Tech : autopsie de trois dernières années déterminantes

Bonne nouvelle pour la tech toulousaine, l'écosystème vient de se voir renouveler son label capitale French Tech. C'est le fruit d'un lourd travail de trois années, mené par Sandrine Jullien-Rouquié, la présidente de la French Tech Toulouse, soutenue par un board d'entrepreneurs locaux. Autopsie d'un chantier où tout était quasiment à construire pour l'association des entreprises innovantes.
Satisfaction pour Sandrine Jullien-Rouquié, la présidente de la French Tech Toulouse, qui est parvenue à renouveler le label Capitale French Tech.
Satisfaction pour Sandrine Jullien-Rouquié, la présidente de la French Tech Toulouse, qui est parvenue à renouveler le label Capitale French Tech. (Crédits : Rémi Benoit)

Elle est considérée dans l'univers de la Tech comme l'une des capitales French Tech les plus dynamiques. Sans surprise donc, Toulouse vient de se voir, ce matin, renouveler son label « Capitale French Tech » jusqu'au 31 décembre 2025. « Nous sommes heureux de ce renouvellement », commente auprès de La Tribune Sandrine Jullien-Rouquié, la présidente de la French Tech Toulouse. Pour autant, c'est le fruit d'un travail intense en coulisses. « Nous n'avons pas compté notre temps ces trois dernières années (...) On peut le dire, nous sommes partis de quasiment rien », témoigne celle qui est aussi CEO de Ludilabel.

Rappelez-vous, au départ, les capitales French Tech apparues en 2014 étaient portées par les collectivités locales, et particulièrement Toulouse Métropole pour le réseau tech de la Ville rose avec Bertrand Serp comme porte-parole. « À l'époque, il n'y avait pas réellement d'équipe, pas d'association et pas de budget. C'était davantage un label de communication », se remémore celle qui a pris la tête de la structure en 2019.

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À cette même date, la mission French Tech décide au niveau national de redonner la main aux entrepreneurs locaux sur ses capitales. Les labels sont donc remis en jeu avec une demande particulière parmi d'autres : le board doit être au moins constitué de 75% d'entrepreneurs locaux. « Nous, nous avons fait le choix d'avoir 100% de chefs d'entreprises au board. Qui mieux que nous peut connaître les besoins des entrepreneurs ? », analyse Sandrine Jullien Rouquié, CEO de Ludilabel. Dans cette nouvelle aventure, elle s'entoure de Cédric Giorgi (Sigfox puis Kaduceo), Karim Ben Dhia Adveez, Marc Leverger (BricoPrivé), Christian Bec (Syntony), Nicolas Cristi (Sunibrain, mais la société est aujourd'hui liquidée), Cécile Morel (Cenareo), Carole Zisa-Garat (Telegrafik) et Thibault de Bouville (Delair). Toutes ces sociétés toulousaines ont alors le point commun d'avoir obtenu le Pass French Tech, qui met en valeur et accompagne les entreprises en hypercroissance.

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Avec ce casting, l'idée est d'illustrer la diversité du secteur de la Tech à Toulouse et mettre en lumière une nouvelle génération d'entrepreneurs. Depuis, le board a légèrement évolué et compte désormais 12 membres*, mais la ligne directrice reste la même.

Un lourd travail de cartographies

Le premier chantier majeur de ce collectif a été tout d'abord d'identifier avec précision l'écosystème dans lequel il mettait les pieds. Jusqu'alors, impossible de savoir combien de startups compte Toulouse et sa région et dans quels secteurs. La French Tech Toulouse peut aujourd'hui assurer avec détermination dénombrer 950 membres.

« Nous avons mené le même travail sur les catalyseurs et nous avons identifié 90 programmes d'accompagnement différents à Toulouse, ce qui est énorme ! Mais c'était important de réaliser cette cartographie, car un entrepreneur quand il arrive à Toulouse, il est perdu, il ne sait pas à quelle porte taper et dans quel ordre... Avec cette initiative, nous avons tout remis à plat et nous voulons être le hub géant qui flèche tous ces services. Cela a créé des passerelles entre les différents catalyseurs et nous avons créé un agenda commun dans lequel nous recensons tous les événements de ces structures avec un minimum de sélections pour s'assurer de l'intérêt », raconte Sandrine Jullien-Rouquié.

Autre besoin émanant du terrain, le board a aussi constitué une équipe permanente en interne afin de faciliter les relations avec les partenaires et entrepreneurs du réseau. Après quelques contrats courts, la French Tech Toulouse emploie désormais cinq personnes en CDI, grâce à un budget annuel de 600.000 euros (apportés notamment la mission French Tech, le Cnes, Airbus, Toulouse Métropole et le conseil régional d'Occitanie, des catalyseurs et des acteurs financiers). Il n'était que de 300.000 euros en 2019.

L'ambition sur cette nouvelle mandature sera encore d'augmenter ce montant, notamment en participant au déploiement de nouveaux programmes nationaux voire en séduisant des grands groupes à travers du sponsoring.

Des programmes uniques

Reste que malgré un budget relativement limité, la French Tech Toulouse est parvenue à se faire remarquer grâce à diverses initiatives, et en tout premier lieu Tech Transition. Cette plateforme, qui a vu le jour au plus fort de la crise sanitaire, devait permettre à des salariés de la filière aéronautique qui ont perdu leur emploi à cause de la Covid-19 de trouver de nouvelles opportunités professionnelles au sein des startups du réseau toulousain. « Nous nous refusions à voir des talents quitter notre territoire, alors que dans le même temps des entreprises innovantes avaient besoin de ressources humaines pour continuer leur développement », commente la présidente de la French Tech Toulouse.

Autre initiative pour garder les talents sur la région toulousaine, Tech à Impact, lancée fin 2022. « C'est un programme que nous avons construit de toute pièce à Toulouse. L'idée est d'exporter ce dispositif à d'autres Capitales French Tech », fait savoir Sandrine Jullien-Rouquié. Le réseau toulousain a créé des contenus pour accompagner les entreprises qui veulent apporter de l'impact environnemental, sociétal et social à travers son activité économique. « La demande est de plus en plus forte sur ce point, nous voulons répondre à ce besoin », ajoute-t-elle. Répondre aux besoins, c'est aussi l'ambition du CXO Together, une autre initiative lancée par La French Tech Toulouse. Ces rencontres, en petit format (25 personnes maximum), sont organisées pour aborder des besoins communs à toutes les entreprises tels que la veille marché, la montée en puissance du service client, etc. « C'est quelque chose qui cartonne ! (...) Nous savons que nous faisons du bon travail », se réjouit Sandrine Jullien-Rouquié.

La nouvelle mandature de la French Tech Toulouse va s'inscrire dans la continuité de ce qui vient d'être construit, avec une ambition majeure pour améliorer le bilan : franchir le cap des 1.000 membres et avoir davantage de startups au rayonnement international.  Ce qui passe donc par plus de représentants dans le FT 120 et le Next40. Aujourd'hui, seulement Loft Orbital, Ilek et Kineis figurent dans ces deux classements, qui recensent les startups françaises les plus prometteuses.

*Ludilabel, Ilek, Télégrafik, Smart Catch, Ibat, Brico Privé, Adveez, Kaducéo, Genoskin, Syntony, Medelse et Hyperspread

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