Créées par la startup toulousaine E-Hé, les Flâneuses ont été conçues comme une réponse universelle aux maux qui écourtent les visites au musée, à la bibliothèque, au centre commercial ou au zoo : la fatigue, l'encombrement ou l'absence de lieux de pause. Véritable couteau suisse de la mobilité des visiteurs de tous bords, ce drôle d'engin à roulettes design est multifonction : poussette, fauteuil, caddie, porte-manteau ou déambulateur.

L'idée de la société est née à partir de l'envie simple de vouloir faciliter la mobilité et l'accès aux lieux culturels en accompagnant le confort de visiteurs pouvant éprouver des appréhensions ou des difficultés lorsqu'une visite dure un peu. Ainsi, les Flâneuses ont été conçues pour répondre à l'accueil des personnes fragiles mais aussi pour apporter un maximum de confort à tous, dans une multitude de lieux recevant du public. S'appuyer, s'asseoir, se stabiliser, poser ses affaires ou porter les enfants font partie des nombreux exemples d'usages.

« En 2012, un accident au sein de ma famille m'a amené à me rapprocher de l'environnement des objets qui accompagnent la perte de l'autonomie. À partir de 2017, mon associée Thérèse Donnet, qui est également ma sœur, et moi avons décidé de créer notre entreprise. Notre concept, les Flâneuses, a vu le jour de manière progressive et en travaillant avec des usagers sensibilisés ou touchés par les difficultés de mobilité et qui ont fait apparaître le besoin d'une solution collective, inclusive et non stigmatisante. La solution a de nombreux usages qui encouragent les plus fragiles à s'en servir sans se sentir stigmatisés.

Le matériel classique d'assistance à la mobilité est peu versatile et souvent encombrant, est à la fois stigmatisant et peu adapté à l'ensemble des profils qui fréquentent les établissements recevant du public. Notre souhait était de mettre au point un objet universel innovant et pratique, au look sympa, qui offrirait une solution simple à une multitude de problématiques », explique Yves Subarroque, cofondateur de E-Hé.

Un fauteuil qui séduit le musée le plus visité au monde

Solide, peu encombrant et adapté à tous les âges, ce dispositif protégé par un brevet a été testé et validé dans plusieurs lieux culturels à travers la France. Dotée d'assises, d'accoudoirs, de roues multidirectionnelles et de freins, la Flâneuse s'adapte à tous les usages et se manipule aisément. Encastrable, elle peut être mise à disposition dans les halls de réception sans empiéter sur les espaces d'accueil. Elle est certifiée dispositif médical et répond à toutes les normes en vigueur et, en conformité avec les règles d'hygiène, se nettoie et se désinfecte sans difficulté.

Après, près de trois années de R&D et depuis janvier 2022, cette solution est mise à disposition des visiteurs de différents établissements un peu partout en France. Ainsi, le musée du Louvre et la Cité des sciences de Paris, la Médiathèque José Cabanis de Toulouse, le Muséum Aquarium de Nancy ou encore Le Vaisseau de Strasbourg disposent aujourd'hui de Flâneuses. Sur place, elles sont utilisées par tous. Des personnes âgées, mais aussi des parents souhaitant transporter leurs enfants ou tout simplement des personnes voulant poser leurs affaires personnelles ou s'asseoir durant leur visite.

Made in France pour accompagner l'emploi et l'industrie

En plus d'apporter une solution à tous, les fauteuils sont entièrement made in France. En effet, la transformation des composants est réalisée soit dans le bassin lyonnais, soit près de Tarbes. Quant à l'assemblage des Flâneuses, il est fait au pied des Pyrénées au sein de la société Milc Industries.

 « Ce qui nous fait rêver, c'est d'avoir un impact à tous les stades autour de nous, d'accompagner de l'emploi et avoir des répercussions industrielles sur des territoires proches de nous », affirme le dirigeant âgé de 44 ans, designer d'usages de profession.

Avec une stratégie visant à se faire voir et connaître le plus vite possible, la startup toulousaine a aujourd'hui majoritairement des musées parmi son portefeuille client qui compte quelque 25 noms. Depuis début 2022, E-Hé a livré près de 160 sièges. En tout, 200 exemplaires ont été commandés.

En moyenne, d'après la société, un établissement dispose d'une vingtaine de Flâneuses. L'entreprise ne commercialise pas son concept à l'unité. Elle propose aux établissements intéressés la vente du dispositif par lot de dix pièces au prix de 20.000 euros. Soit un prix unitaire équivalent à 2.000 euros. « À travers ce fonctionnement, nous cherchons à accompagner un projet d'innovation sociale qui doit rendre ces établissements plus accessibles à tout le monde pour encourager la participation à la vie collective », précise-t-il.

Levée de fonds

Avec l'envie d'accélérer son développement commercial et un concept capable de répondre à différents contextes et usages, la jeune structure est en discussion avec de potentiels futurs clients comme des aéroports, des galeries marchandes ou des parcs d'attractions.

Dans ce sens, E-Hé souhaite exporter sa conception et prospecte vers deux pays : l'Allemagne et la Belgique. « Ce sont des pays limitrophes et cela rend les questions de coûts, de transport, de maintenance et d'échange plus simples. Cela permet d'être en adéquation entre les moyens financiers et les objectifs. Plus on s'éloigne de la France, plus cela coûte cher. Sur certains continents, plus loin, nous irons à l'horizon de plusieurs années », éclaire-t-il.

Afin de financer cette accélération commerciale, notamment vers l'international, et trois autres chantiers que sont la constitution d'un parc de produits qui seraient destinés à la location, la poursuite de la R&D afin de concevoir toute une gamme de Flâneuses et enfin, l'internalisation de l'assemblage, la jeune structure souhaite lever des des fonds au cours de l'année 2023. En tout, elle souhaite réunir la somme de 1,3 million d'euros.

Pour accompagner son développement, l'entreprise, installée au sein de la pépinière d'entreprises Basso Cambo gérée par Toulouse Métropole, prévoit de créer cinq postes en 2023 et d'ainsi porter son effectif à dix employés. « Nous cherchons à doubler tous les postes que nous avons aujourd'hui, à savoir les volets commercial, industriel, administratif et supply chain », précise le dirigeant.

 La société s'apprête à clôturer l'exercice 2022, en mars prochain, avec un chiffre d'affaires de 200.000 euros. En 2023, elle a pour objectif de passer la barre du million d'euros. « Notre ambition est d'agir pour une société inclusive, une société de tous grâce au design universel. Nous souhaitons nous implanter à l'échelle européenne et sur d'autres continents qui tendent le bras à notre offre », conclut Yves Subarroque.