Medinbox permet aux blocs opératoires de se connecter au reste du monde

Medinbox est une startup toulousaine qui permet aux équipes médicales des blocs opératoires de retransmettre en direct leurs opérations. Surtout, elle permet un contrôle à distance des caméras, et se prépare à lancer un réseau communautaire de partage de connaissances entre professionnels de santé.
Medinbox connaît une croissance importante depuis le début de la crise sanitaire.
Medinbox connaît une croissance importante depuis le début de la crise sanitaire. (Crédits : Medinbox)

"C'est un peu le Zoom de la médecine, sauf qu'il ne se limite pas à une caméra. C'est tout un écosystème pensé pour le bloc opératoire qui retransmet aussi bien l'image que les données médicales du patient, et permet de les contrôler à distance", explique Nicolas Gausserand, co-fondateur de Medinbox.

C'est une startup toulousaine qui a su s'imposer au sein d'hôpitaux répartis aux quatre coins du globe, et qui profite des opportunités de développement que lui offre la pandémie de la Covid-19. Medinbox, société fondée suite à une synergie des compétences de la clinique Pasteur et de Next Media Factory, commercialise depuis 2010 une solution qui participe à la digitalisation de la médecine.

Le principe ? Permettre aux médecins de filmer leurs interventions chirurgicales en direct du bloc opératoire, avec une retransmission qui peut aussi bien s'effectuer au sein du même établissement, qu'à des milliers de kilomètres, sans les gêner. En prime pour les spectateurs (des médecins ou étudiants dans le domaine), la possibilité de visualiser les moniteurs médicaux. Jusque-là, ce n'est pas une révolution, puisque certains médecins diffusent, depuis plusieurs années déjà, certaines de leurs opérations via des outils de visioconférence destinés au grand public.

Là où Medinbox Systems va plus loin, c'est qu'elle permet de piloter aussi bien sur place qu'à distance les caméras robotiques qui filment les interventions chirurgicales, et dispense de la présence de techniciens au sein du bloc opératoire.

Un regain d'intérêt pour la solution depuis le début de la pandémie

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Medinbox Systems est une des solutions de l'entreprise. Compacte, elle se présente sous la forme d'un box équipé d'un ordinateur, de casques à micros et de caméras (Crédits : Medinbox).

"Cela faisait des années qu'on travaillait sur ces sujets d'externaliser le proctoring (le contrôle à distance des caméras, ndlr). Mais il y avait cette espèce d'inertie dans le domaine médical, de tradition, qui était qu'on pouvait voyager, se déplacer. Cela fait des années que les laboratoires cherchent à optimiser leurs coûts en limitant les déplacements, mais cela n'a jamais vraiment posé problème aux équipes médicales. Donc quand on s'est retrouvés dans l'impossibilité de voyager avec la pandémie, cela a changé la donne", se réjouit Nicolas Gausserand, co-fondateur de Medinbox.

Une petite révolution pour le monde médical, puisque les médecins spécialisés n'ont pas toujours pu se déplacer comme l'exercice de leur fonction le requérait. Pour autant, le dirigeant et ses équipes ont dû adapter leur produit aux contraintes induites par la pandémie. Car Medinbox Systems a été pensé, à l'origine, pour permettre la retransmission des opérations en direct au sein d'un même établissement de santé, via un réseau de connectivité interne. Or, pour permettre à des médecins canadiens de suivre une opération effectuée à Toulouse par exemple, l'usage d'internet est indispensable.

L'entreprise a donc travaillé sur l'anonymisation des données patients, qui transitent désormais par les serveurs de la startup toulousaine. Elle veille depuis à conserver un système de transmission des données qui soit sécurisé de bout en bout. Et cela a donné des idées aux fondateurs...

Un réseau communautaire destiné aux professionnels de médecine

Bientôt, la startup s'apparentera aussi à un réseau communautaire grâce à une plateforme numérique destinée aux professionnels de la médecine qui permettra le partage de connaissances médicales en continu.

"Nous sommes en train de développer une version quatre de notre solution, qui est un vrai virage technologique. Nous allons nous appuyer sur une plateforme 100% web basée sur la collaboration et compatible sur tous les supports (smartphones, tablettes, etc)", indique le dirigeant, qui annonce une disponibilité de cet espace "communautaire" d'ici à 2022.

Selon lui, cette innovation répond aux besoins de partage de connaissances des équipes qui composent les blocs opératoires. Elles se servent en effet de certaines de leurs interventions chirurgicales pour assurer l'éducation des étudiants en médecine. Demain, cela pourrait aussi servir aux professionnels, entre eux. Concrètement, des données médicales anonymisées et des vidéos d'opérations de milliers de patients pourraient être consultées par les utilisateurs de la plateforme, sur décision des professionnels de santé.

Aussi, l'assistance à distance pourrait être facilitée, alors qu'elle s'est généralisée depuis le début de la pandémie.

"Avec la partie web, nous allons donner la possibilité aux utilisateurs de créer un carnet d'adresses d'autres utilisateurs de notre solution, ou éventuellement de personnes invitées. Cela veut dire qu'au cours d'une opération, un médecin pourra en contacter un autre, spécialiste dans un domaine particulier, afin d'avoir son avis. C'est une vraie approche d'entraide communautaire. Nous améliorons le traitement du patient en lui donnant accès à un réseau qui n'était pas accessible jusqu'à présent. Le principe est le même dans l'éducation", explique Nicolas Gausserand.

En dix ans, Medinbox a comptabilisé plus d'un million d'heures de retransmissions. De fait, la capacité de partage des connaissances en médecine à travers le monde pourrait être décuplée au cours des prochaines années...

Plus de 100 sites équipés

Avec désormais plus de 100 sites médicaux équipés à travers le monde, la pépite toulousaine pourrait bien se faire une place conséquente sur le marché mondial. Après plusieurs années à commercialiser sa solution uniquement à la vente, Medinbox propose depuis peu la location de ses équipements. Comptez une dizaine de milliers d'euros le ticket d'entrée pour l'installation de la technologie, auquel il faudra rajouter un abonnement d'environ 1.000 euros par mois.

L'entreprise connaît aussi un revirement de stratégie dans le ciblage de ses prospects, puisque seuls les hôpitaux leaders dans l'éducation étaient auparavant démarchés. Désormais, Medinbox s'adresse à tous les hôpitaux. À l'heure actuelle, 30% de ses clients sont français (dont le CHU de Rangueil), tandis que le reste est réparti à travers le monde, du Moyen-Orient, à l'Amérique du Nord, en passant par l'Europe. Ces changements devraient permettre à la startup de passer de 30 ventes en 2020 à 150 en 2021, et ainsi atteindre trois millions d'euros de chiffre d'affaires.

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