Des algues rouges, de l'huile de pin, de l'huile de ricin, de l'eau et quelques pigments minéraux. C'est tout ce qu'il faut (ou presque) à Colibri pour fabriquer ses peintures.
La jeune société fondée en septembre 2018 par Cédric Laurent commercialise une gamme de peintures composées à 98% de produits naturels. Exit le plastique et les solvants. Colibri a aussi mis au point une méthode pour dépolluer l'air intérieur d'une maison.
"Nous avons intégré à la peinture des nanocapteurs chimiques qui neutralisent le COV (composé organique volatil) le plus toxique qui est le formaldéhyde en le transformant en vapeur d'eau. On retrouve le formaldéhyde dans tous les meubles du commerce, la colle de carrelage etc. Notre peinture a un taux de COV de 0,02 g/l. À titre de comparaison, ce taux est de 30 g/l selon la meilleure norme (A+) ", nous expliquait au lancement de la société Cédric Laurent.
Des ventes multipliées par dix
Même si les tarifs proposés restent très élevés par rapport aux produits des grandes enseignes (environ 24 euros le litre), la jeune société peut se targuer d'être rentable depuis son premier exercice. Un succès exponentiel qui s'est accru ces derniers mois.
"Au cours de l'année 2019, les ventes ont connu une forte croissance. Nous sommes passés d'un petit millier d'euros de chiffre d'affaires par mois à près de 20 000 euros sur la fin d'année. En mars avec le confinement, nos volumes de ventes ont explosé, nous avons fait 120 000 euros de chiffre d'affaires en un mois, soit ce que nous avons réalisé sur l'ensemble de l'année 2019", se réjouit le créateur de la marque.
Depuis le déconfinement, l'engouement est resté conséquent. Colibri vend 12 000 litres de peintures par mois et devrait atteindre 550 000 euros de chiffre d'affaires en 2020. Face à cette forte croissance, la jeune pousse vient de boucler un tour de table de 600 000 euros et a bon espoir de réaliser une nouvelle levée de fonds de deux millions d'euros début 2021. De quoi voir grand pour l'avenir.
Un magasin d'usine et des peintures pour le bois
Cédric Laurent a commencé par quitter cet été le garage de la maison toulousaine d'où il stockait et expédiait ses peintures pour emménager dans 450 m2 de locaux à Bessières.
"Le lieu abrite à la fois les stocks, des bureaux et un petit magasin de 150 m2. Le magasin d'usine va nous permettre de faire découvrir nos produits aux habitants de la région, sachant que 10 000 personnes passent devant chaque jour.
Nous avons également investi 150 000 euros pour automatiser la préparation des commandes. Avant, je le faisais depuis mon garage. Les nouvelles machines permettent de cercler, de teinter plus vite et d'amener le produit sur une chaîne de conditionnement. Le temps de confection d'un litre de peinture est divisé par trois", poursuit le chef d'entreprise qui est pour l'instant entouré de neuf collaborateurs.
Il ajoute :
"Nous allons aussi utiliser le lieu pour réaliser des tournages vidéo. Jusqu'à présent, nous étions obligés de louer des studios de tournage ou des logements pour réaliser des images avec nos propres couleurs. Nous pouvons désormais mettre en scène nos peintures dans des pièces de vie (cuisine, salon) pour montrer les couleurs tendances de la saison. Comme dans le milieu de la mode, nous cherchons à être inspirant avec nos produits."
Colibri est également en train d'enrichir sa gamme. La marque va commercialiser au mois d'octobre des peintures pour les sols, les revêtements en terre cuite, les bois extérieurs pour le traitement des terrasses ainsi qu'un décapant à base de résine végétale. Cette offre étoffée pourrait aider la jeune société à conquérir davantage de professionnels.
"Nous sommes passés de 5 à 20% de pros depuis la création de Colibri. Il s'agit d'applicateurs, de peintres en bâtiment mais aussi des architectes, des décorateurs d'intérieur ou de petits magasins de déco", relève Cédric Laurent qui prévoit d'ici quelques semaines une page web réservée au B2B avec des tarifs dégressifs.
L'entrepreneur a engagé par ailleurs un développement commercial en Europe avec la création d'une antenne avec trois collaborateurs en Suisse pour distribuer sa peinture dans le pays ainsi qu'en Allemagne et en Italie. "Ce sont des marchés très porteurs. Les Allemands et les Suisses sont très attentifs à l'environnement et la qualité de l'air", fait-il remarquer.
D'ici trois ans, la startup veut construire une usine aux Portes du Tarn (une zone d'activités en développement située entre Toulouse et Albi) qui deviendra "le centre névralgique" de sa production.
Sujets les + commentés