Sinafis conçoit des sondes bon marché pour surveiller les récoltes

La startup tarnaise mise sur la location pour rendre ses capteurs d’humidité et de température accessibles à moindre coût aux agriculteurs et aider ces derniers à réduire leur consommation d’eau.
La startup commercialise une sonde qui évalue l’humectation des feuilles, une variable importante dans la viticulture.
La startup commercialise une sonde qui évalue l’humectation des feuilles, une variable importante dans la viticulture. (Crédits : Sinafis)

Olivier Plessis-Fraissard est maraîcher près de Montauban. Depuis trois ans, il a installé sous ses serres de légumes les sondes imaginées par la startup Sinafis.

"Avant, j'arrosais un peu sans savoir. J'ai positionné trois sondes sur ma serre de 6 000 mètres carrés. C'est beaucoup plus efficace, j'ai diminué de 30 % ma consommation d'eau", témoigne-t-il.

Un système abordable pour les petits producteurs

Ce système de sonde a été développé depuis Castres (Tarn) par Christophe Beaulieu, ancien responsable R&D pour de grands groupes, et par Ari Kammbouri, ex-consultant pour des sous-traitants d'Airbus.

"Il existe déjà sur le marché des capteurs d'humidité ou de température mais ils sont vendus 1 500 euros pièce, sans compter un abonnement de 500 euros par an pour l'accès par Internet aux données. Nous voulions lancer quelque chose de plus abordable pour tous les petits producteurs qui ont leurs récoltes disséminées sur une dizaine de petites serres et qui ont donc besoin d'une dizaine de sondes", explique Ari Kammbouris.

Sinafis s'est donc positionnée sur la location à bas coût, à raison de 100 euros par mois pour dix équipements de base. "Chaque kit est composé d'une sonde, qui mesure le taux d'humidité et la température du sol, et d'un boîtier, qui contient une sonde pour enregistrer l'humidité et la température de l'air et un GPS pour la localiser. Les données sont envoyées par le réseau Sigfox, et, via un accès Internet, l'agriculteur peut surveiller à distance ses récoltes", décrit le cofondateur de la société, née en 2016.

Pour autant, même si l'équipement est basique, les gérants de la société ne voulaient pas de produits bas de gamme. "La fabrication et l'assemblage des sondes sont réalisés par Syselec, une entreprise d'électronique tarnaise qui fait des cartes avioniques pour Airbus et Thales. Nous sommes les seuls à mettre de la qualité aéronautique dans l'agriculture", souligne Ari Kammbouris.

Réduire les maladies et les pesticides

Depuis novembre 2016, trois maraîchers de Montauban qui vendent leurs légumes au marché de Saint-Aubin, à Toulouse, expérimentent le système de Sinafis, avec en moyenne 20 à 25 % d'économie d'eau. "Mieux gérer l'arrosage réduit aussi les problèmes de maladies comme le mildiou", remarque le maraîcher Olivier Plessis-Fraissard. Cette gestion plus fine de l'irrigation pourrait aussi à terme réduire l'usage des pesticides dans les cultures. Sinafis commercialise une sonde pour évaluer l'humectation des feuilles, une variable utilisée notamment dans la vigne. "Dans le Bordelais, un vignoble est en train de tester cette technologie en faisant des relevés toutes les heures. L'humidité peut empêcher l'adhérence des traitements sur les feuilles. En calculant le moment optimal, il est possible de réduire les traitements et de faire moins de passages", indique le directeur général de la société.

Densité du vin

À plus grande échelle, les sondes de Sinafis seront testées jusqu'en 2021 sur les fermes expérimentales d'InVivo, la plus grande coopérative agricole de France. Des expérimentations sont aussi menées auprès de l'Institut français du vin et de l'Institut technique de recherche sur les plantes médicinales. Pour continuer à développer la commercialisation, la pépite castraise compte passer par des distributeurs. Elle cherche également à lever entre 200 000 et 250 000 euros. Le financement lui permettrait de recruter une commerciale et un responsable R&D courant 2020, mais aussi de concevoir de nouveaux produits comme une sonde pour surveiller l'arrosage des toitures et murs végétalisés et une autre pour évaluer la densité du vin pendant la fermentation. Hébergée au technopole de Castres, Sinafis table sur un chiffre d'affaires de 60 000 euros pour 2019.

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