Pourquoi les cultures de maïs en Occitanie sont menacées par le changement climatique

Avec le changement climatique, certaines cultures phares de la région Occitanie pourraient souffrir. Comment limiter cet impact ? La technologie offre-t-elle une réponse concluante. Eléments de réflexion avec Philippe Debaeke, chercheur à l'Inra.
Le tournesol supporte bien les climats secs, mais sa production risque de chuter à cause de la hausse des températures.
Le tournesol supporte bien les climats secs, mais sa production risque de chuter à cause de la hausse des températures. (Crédits : Rémi Benoit)

Quelles sont les cultures les plus menacées par le changement climatique en Occitanie ?

Philippe Debaeke : Les céréales, comme le blé [l'Occitanie est la première région productrice de blé dur, ndlr], l'orge ou le colza, sont plutôt semées en hiver pour terminer leur cycle au début de l'été et ne sont, de manière générale, pas irriguées. Ce sont des bonnes réponses dans les régions méditerranéennes où il n'y a pas trop d'eau. Ces espèces esquivent le stress hydrique puisque c'est plutôt à partir du mois de juin que les sols subissent des hautes températures. Toutefois, ces cultures pourraient davantage souffrir à l'avenir si les sécheresses devenaient plus précoces, dès le printemps, avec un raccourcissement des cycles et une diminution des rendements.

Les cultures de printemps comme le tournesol, dont l'Occitanie est la première région productrice, bénéfIcient grâce à un enracinement profond d'une capacité à supporter un climat sec. La température optimale pour cultiver le tournesol se situe entre 20 et 30 °C, mais, au-delà, les hautes températures raccourcissent les cycles et réduisent la quantité et l'efficacité de la photosynthèse et donc de la production. Si les sécheresses s'intensifient, les cultures seront affectées.

Mais elles le seront moins qu'une autre catégorie de cultures qui regroupe les espèces irriguées comme le maïs ou le soja. Ces dernières sont très dépendantes de la ressource en eau. Il n'est pas sûr dans les années à venir que nous aurons sffisamment d'eau pour couvrir tous nos besoins et il faudra faire des choix pour utiliser la ressource disponible pour l'alimentation, l'industrie ou les loisirs. Dans ce contexte, les rendements du maïs pourraient fortement diminuer.

Comment les agriculteurs peuvent-ils s'adapter à cette nouvelle donne ?

Les températures augmentant globalement, le risque d'avoir des froids précoces diminue. Dans certaines régions, il n'y a pas de gel particulier durant l'hiver, ce qui permet aux agriculteurs de décaler les semis traditionnellement prévus au printemps vers l'automne ou l'hiver pour esquiver le stress hydrique estival. Tout l'enjeu de l'agriculture de demain est d'arriver à répartir les risques par le biais de la diversification des dates de semis et des espèces.

Il faut accepter aussi la variabilité de la production qui va beaucoup augmenter dans les années à venir [avec une météo très changeante suivant les années]. Il s'agit d'un enjeu important pour les agriculteurs de demain qui doivent apprendre à gérer ce risque quitte à ne pas avoir des rendements maximaux, mais en évitant d'être confrontés à des années catastrophiques.

L'une des options peut être également l'amélioration génétique de la culture. D'énormes travaux ont été réalisés pour augmenter la tolérance à la sécheresse du maïs. Depuis quelques années, beaucoup de maïs se développe sans irrigation. Cela permet aujourd'hui d'avoir une culture sans eau. Bien sûr, les rendements ne sont pas similaires au maïs irrigué : ils sont divisés par deux.

Plusieurs startups et chercheurs planchent sur des capteurs pour aider les agriculteurs à mieux gérer leurs récoltes. Est-ce une solution ?

La réponse technologique apporte une aide pour le pilotage de l'irrigation ou le respect de certains apports en eau. Je pense, malgré tout, que les économies sont relativement faibles par rapport à des décisions stratégiques comme le changement de cultures ou la réduction de la surface des cultures gourmandes en eau. On pourrait, par exemple, réduire de manière importante le maïs irrigué et le remplacer par le sorgo grain, une espèce qui a la même finalité mais nécessite trois fois moins d'eau. Elle est bien adaptée aux conditions sèches et est très cultivée en Australie ou aux États-Unis, mais en Europe, le maïs conserve beaucoup plus de force en matière de génétique et de développement.

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