Des chercheurs toulousains observent l’impact du climat sur les Pyrénées

Une chaire de recherche, portée par l’INP de Toulouse, va analyser pendant cinq ans les répercussions du changement climatique et de la pollution sur les écosystèmes des petits lacs de montagne.
Les chercheurs veulent évaluer la pollution sur les écosystèmes des petits lacs de montagne.
Les chercheurs veulent évaluer la pollution sur les écosystèmes des petits lacs de montagne. (Crédits : Ecolab)

À quel point le climat et la pollution impactent-ils la qualité des eaux en montagne et la survie des espèces ? C'est la question à laquelle vont tenter de répondre pendant cinq ans des chercheurs toulousains au sein de la chaire "Écologie fonctionnelle des montagne" que vient de créer l'INP.

 Plusieurs axes de recherches ont été fixés. Tout d'abord, les scientifiques vont déceler "les impacts non biologiques" comme par exemple les répercussions des métaux lourds et des pesticides sur les eaux de montagne dans les Pyrénées.

"Les activités minières par le passé ont beaucoup pollué la montagne en métaux lourds. Ces substances ont été stockées dans des tourbières mais en cas d'afflux important de pluie, les tourbières vont déverser des métaux lourds dans les lacs. Dans un autre registre, la canicule de 2003 a causé de nombreux dégâts dans les forêts en montagne. Avec le réchauffement climatique, la multiplication des épisodes météo extrêmes (très chaud, très froid ou très humide) fait craindre une augmentation des répercussions en montagne", explique Dirk Schmeller, chercheur à l'INP.

Les amphibiens, un indicateur pour évaluer la pollution

Pour quantifier l'impact de la pollution sur le milieu, les scientifiques toulousains du laboratoire Ecolab ont déjà commencé depuis 2008 à observer le comportement des amphibiens dans les Pyrénées.

"Les amphibiens ont une peau très ouverte. Contrairement à la peau humaine, elle va beaucoup plus absorber les éléments extérieurs comme les métaux lourds. Ils sont aussi très sensibles aux pesticides. Ce qui en fait un indicateur important pour évaluer la santé des écosystèmes", poursuit Dirk Schmeller.

En calculant le nombre de têtards dans les eaux du massif de Néouvielle, les chercheurs ont remarqué une baisse considérable de leur présence. "En l'espace de trois-quatre ans, nous avons estimé par extension de masse que 80 à 90% des amphibiens sont morts à cause d'un champignon. C'est presque une extinction de l'espèce !", poursuit le scientifique toulousain.

Pour évaluer la qualité de l'eau, l'équipe va donc réaliser des prélèvements afin de déterminer les éléments de pollution organique. Les chercheurs vont aussi observer des échantillons de neige. "La neige stocke la pollution. Le problème est qu'au printemps quand elle fond elle se déverse dans les lacs. Or c'est un moment critique où prolifèrent par exemple les œufs de têtards", avance Dirk Schmeller.

pyrenees chercheur

Prélèvement dans la neige (Crédits: Ecolab).

 Enfin, les scientifiques vont analyser les sédiments (dépôts dans l'eau).

"À partir des sédiments, il est possible de regarder les pollens pour reconstituer la végétation. Cela permet de savoir à partir de quand les arbres ont été coupés en montagne. Nous allons réaliser des carottages dans le sol qui vont nous permettre d'analyser les sédiments jusqu'à 150 ans en arrière et donc de voir comment la pollution a changé", ajoute-t-il.

La chaire est dotée d'un budget de 600 000 euros, financé en partie par l'assureur Axa. L'équipe estime que ses observations vont permettre à la fois de connaître la situation passée et présente mais aussi d'alimenter des modèles de prévision du changement climatique à moyen-terme, autrement dit à horizon 20 ans.

Une initiative complémentaire des travaux lancés par l'Observatoire pyrénéen du changement climatique. Dans un rapport publié en novembre dernier, les auteurs de l'étude montraient qu'à l'horizon 2050 les températures maximales pourraient augmenter entre 2 et 4°C, tandis que la période de permanence de la neige au sol réduirait de plus d'un mois. De plus, avec les intempéries plus fréquentes, le tourisme devrait être profondément bouleversé, avec d'importantes conséquences économiques.

Lire aussi : Réchauffement climatique : les Pyrénées perdraient un mois d'enneigement d'ici 2050

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