"Le nouvel avion de l’Isae-Supaero pourrait améliorer la sécurité du transport aérien"

À Toulouse, l’Isae-Supaero vient de faire l’acquisition d’un nouvel avion, le Vulcanair P68 Observer destiné à étudier le comportement des pilotes. Pour Eric Poquillon, professeur de dynamique du vol expérimental à l’Institut, cet achat représente un outil essentiel dans la recherche sur la sécurité du transport aérien.
L'homme est impliqué dans 80 à 90% des accidents aériens.
L'homme est impliqué dans 80 à 90% des accidents aériens. (Crédits : Isae-Supaero)

Le Vulcanair P68 Observer est le neuvième avion de votre flotte. Quelles sont ses vocations pour l'Institut ?

Éric Poquillon : Cet avion bimoteur utilitaire sert à la fois pour la recherche et pour l'enseignement. Dans le domaine de la recherche, on l'utilise pour comprendre l'origine des erreurs du pilotage en mélangeant la neuro-ergonomie et les facteurs humains. L'objectif est de comprendre l'erreur du pilote et d'améliorer le cockpit. À terme, nous serons aptes à proposer des mesures correctives (comme des alarmes) et espérons pouvoir, dans le futur, trouver le moyen d'arbitrer l'autorité entre les systèmes automatique et le pilote humain.
Le P68 sera également un outil précieux pour les élèves. Ils pourront réaliser des TP en vol. Avec l'aide d'un pilote de démonstration, ils observeront les réactions de l'avion et pourront suivre ses paramètres en temps réel sur un écran en amphithéâtre. Ce projet permet aux élèves de faire un lien entre l'enseignement théorique et le réel.

Comment est-il équipé ?

Pour mettre à profit ces projets, l'avion est équipé d'instruments d'efforts, d'altitude et de trajectoire. Il comprend un système d'acquisition pour assembler et dater les paramètres. Afin de suivre l'activité cérébrale du pilote, un système d'eye-tracking a été installé (grâce à sa pupille) avec des caméras dotées de diodes éclairées autour du cockpit. On souhaite également y installer des équipements amovibles comme des électrocardiographes. Enfin, le P68 possède un système d'imagerie cérébrale, FNIRS (Fonctionnal Near Infrared Spectroscopy), système infrarouge, pour observer le taux d'oxygénation des zones du cerveau du pilote.

Comment fait-on l'acquisition d'un tel outil de recherche ?

C'est un avion d'occasion italien acheté à l'importateur français. Rien n'aurait été possible sans la signature d'un mécénat entre Zodiac Data Systems, l'Ecole et sa Fondation. La fondation Isae-Supaero a mobilisé les alumni de la promotion 82. Leur don de 90 000 euros a contribué à 14% de l'achat de l'avion.

Peut-on, grâce à cet avion et au terme des recherches, faire évoluer la sécurité du transport aérien ?

Ces études ont pour objectif de diminuer le nombre d'accidents dans lequel l'humain est impliqué de 80% à 90%. Le nouvel avion de l'Isae-Supaero pourrait à terme améliorer la sécurité du transport aérien. Le projet se fait en continu, des brevets ont même été déposés. Les premiers résultats de ces recherches devraient voir le jour dans 5 ans. Pour l'instant, l'avion n'est pas encore en service, il nous manque des équipements. Le Vulcanair P68 Observer pourrait exploiter la totalité de ses capacités d'ici fin 2019.

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