Taxi volant Vahana : "Ce qui nous distingue de la concurrence, c'est l'expertise d'Airbus"

Depuis quelques mois, la concurrence est rude entre l'Européen Airbus, le Chinois Ehang mais aussi les Américains Uber et Boeing pour faire voler des drones-taxis autonomes. Dans une interview exclusive à La Tribune, Zach Lovering le responsable du projet Vahana porté par A3, le laboratoire d'innovation d'Airbus en Californie fait le point sur projet : où en sont les tests ? Quel sera l'usage de ce nouveau moyen de transport ? Où verra-t-il le jour en premier ?
Zach Lovering est le responsable du projet Vahana. Un prototype du taxi volant a réalisé un premier vol d'essai le 31 janvier dernier.
Zach Lovering est le responsable du projet Vahana. Un prototype du taxi volant a réalisé un premier vol d'essai le 31 janvier dernier. (Crédits : A3)

Il y a deux ans, Airbus a lancé le programme Vahana visant à développer un drone-taxi autonome capable de transporter des passagers à travers une ville en leur permettant de survoler les bouchons. Où en est le projet actuellement ?

Zach Lovering : Nous avons commencé ce projet il y a deux ans avec une seule personne dans l'équipe et aujourd'hui l'effectif est de 30 personnes. Le premier vol a eu lieu le 31 janvier dernier. Nous avons décollé de manière verticale à 5 mètres de hauteur et le vol a duré 53 secondes. Ce premier vol d'essai intervient deux mois après les premiers tests au sol. Nous allons continuer les vols d'essai tout au long de l'année 2018. Nous avons volé dès le 1er février pour tester nos systèmes de sécurité, il s'agit de s'assurer que le véhicule va suivre notre direction quelque soient les circonstances. Quand cette étape sera terminée, nous irons réaliser des vols à petite vitesse en allant dans toutes les directions, vers l'avant, l'arrière, sur les côtés, vers le sol puis vers le ciel, par un vent de 130 km/h pour voir le comportement de l'aéronef face à un vent de travers. Par la suite nous allons réaliser des tests de vols de transition et travailler en parallèle sur l'automatisation de ce véhicule qui sera autonome. Le premier prototype de Vahana utilisé pour les tests mesure près de 6 mètres de long et 2,8 mètres en hauteur, il pèse 745 kilos. Il dispose d'une propulsion électrique qui permet de diviser par deux les coûts de maintenance.

VAHANA

Le drone-taxi Vahana (Crédit : A3).

Quelques jours après l'annonce de ce premier vol, votre concurrent direct, le Chinois Ehang a posté une vidéo d'un vol de son drone-taxi avec un passager. Il y a actuellement une grande concurrence sur cette technologie y compris avec les Américains Uber et Boeing qui développent des projets similaires. Quel est votre avantage comparatif ?

La compétition d'où qu'elle vienne est positive pour cette industrie. Ce qui nous distingue des autres c'est le niveau de qualité et de sécurité d'Airbus et je pense que le soutien de l'industrie aéronautique classique est très important dans ce domaine. Airbus a des décennies d'expériences en matière de certification et de sécurité des systèmes. Nous espérons que Vahana va pouvoir s'appuyer sur cette expertise.

À quelle échéance prévoyez-vous des vols d'essais avec des passagers et d'autre part des vols commerciaux ?

Nous projetons nos premiers tests avec des passagers à l'horizon 2020. Concernant la commercialisation, nous devons discuter avec les régulateurs américains et européens. Il nous reste encore beaucoup de travail pour faire émerger une certification spécifique pour ce type d'aéronef. Il est difficile de fixer une date mais nous espérons obtenir la certification de vol au début des années 2020 donc avoir des vols commerciaux aux alentours de 2022-2023.

Dans quelle ville pourrait être commercialisé en premier Vahana ?

Beaucoup de pays et de villes sont intéressés à l'image de Singapour ou Dubaï mais nous n'avons pas encore sélectionné d'endroit en particulier.

D'où décolleront les drones-taxi : de la rue ? du toit des immeubles comme l'espère Uber ? d'aéroports ?

Nous croyons que ce type de véhicules pourra décoller des aéroports ou de zones d'atterrissage pour les hélicoptères mais ces engins ne sont pas faits pour décoller de la rue. C'est bien entendu un rêve partagé par tout le monde de pouvoir avoir un jour une voiture garée en bas de sa maison qui décolle pour nous amener quelque part. Les contraintes techniques autour de ce véhicule vont rendre difficiles ce type d'usage, d'autant que comme n'importe quel aéronef ce véhicule va générer beaucoup de vent et de bruit au décollage. C'est la raison pour laquelle nous privilégions une approche plus réaliste et plus sécurisée.

Imaginez que vous habitiez à 50-60 km de l'aéroport. Cela peut vous prendre une heure en voiture pour y aller voire plus suivant la circulation. L'idée est de réaliser ce trajet en quelques minutes en Vahana pour vous faire économiser tout ce temps. L'idée serait d'utiliser les zones d'atterrissages déjà existantes pour les hélicoptères ou d'en construire de nouvelles suivant les besoins.

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