La LGV Bordeaux-Toulouse sera-t-elle dépassée par l'hyperloop et les transports du futur ?

Alors que le rapport Duron préconise de décaler la mise en service de la LGV Bordeaux-Toulouse dans 10 à 20 ans, y a-t-il un risque que ce mode de transport soit d'ici là obsolète ? Des sociétés privées à l'image de TransPod planchent sur l'hyperloop, un mode de transport par lévitation magnétique qui pourrait relier Paris et Toulouse en 50 minutes. D'autres nouvelles manières de voyager pourraient également émerger dans les décennies à venir.
Le TGV sera-t-il détrôné dans les décennies à venir par de nouveaux modes de transport ?
Le TGV sera-t-il détrôné dans les décennies à venir par de nouveaux modes de transport ? (Crédits : Rémi Benoit // Transpod)

Le 1er février dernier, le très attendu rapport Duron était présenté à la ministre des Transports Élisabeth Borne. Il propose jeudi dernier trois scénarios d'investissements ferroviaires sur les 20 ans à venir sur l'ensemble de la France. Suivant le scénario qui sera choisi dans les jours à venir par le gouvernement, le calendrier de la LGV Bordeaux-Toulouse (qui doit ramener la Ville rose à 3h10 de Paris et dont la mise en service était prévue pour 2024) sera totalement bouleversé. Ainsi le scénario 2 qui a les faveurs du COI envisage les travaux de la nouvelle ligne pour 2028-2032 sur la portion Toulouse-Agen et 2033-2037 entre Bordeaux et Agen. Même si l'État actait pour le scénario 3 le plus optimiste, la mise en service de la ligne à grande vitesse serait repoussée d'ici ... 9 ans.

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"Il y a un risque que le TGV soit déjà obsolète"

De quoi s'interroger, la technologie TGV vieille de 36 ans, sera-t-elle encore pertinente dans les décennies à venir ? La question peut paraître incongrue tant les lignes ferroviaires à grande vitesse se sont imposées comme un moyen de transport à la fois rapide et écologique. Pourtant, cette interrogation est plus que jamais d'actualité.

"Les derniers chiffres de fréquentation des LGV sont en progression, cela reste un mode de transport important qui va continuer de fortement structurer les modes de déplacement en France pendant encore de très nombreuses années. Mais une mutation profonde dans les modes de transport est en train d'arriver. Si les travaux commencent dans 10 ans, il y a un risque dans un contexte de révolution des transports que la technologie du TGV soit à ce moment-là déjà obsolète. D'autant que le TGV est déjà une technologie vieillissante", estime Laurent Bertrandias, professeur de marketing à TBS.

Transpod pourrait relier Paris et Toulouse en hyperloop avant 2030

Parmi ces nouveaux modes de transports émergents, le plus médiatisé est l'hyperloop. Imaginé par Elon Musk, PDG de Tesla et SpaceX, l'hyperloop doit permettre de projeter des capsules dans un tube à plus de 1 200 km/h par lévitation magnétique. Plusieurs sociétés à travers le monde ont décidé de développer ce nouveau mode de transport à l'image d'HyperloopOne, du Californien HyperloopTT qui a décidé d'implanter son centre européen de R&D à Toulouse ou encore le Canadien TransPod. Ce dernier projette notamment d'ouvrir une ligne hyperloop entre Paris et Toulouse.

"Pour l'instant, nous sommes concentrés sur le développement de notre technologie. Le futur centre d'essais à Limoges devrait commencer des tests en 2020. Nous prévoyons ensuite la mise en service des premières lignes avant 2030. Parmi les lignes commerciales envisagées figurent Toronto-Montréal et Paris-Toulouse en France. Cela permettrait de relier la Ville rose et la capitale en 50 minutes via des capsules de 27 passagers toutes les 80 secondes", décrit Sébastien Gendron, cofondateur de TransPod.

Pour autant, TransPod ne veut pas se placer en alternative du TGV mais se voit plutôt comme une technologie complémentaire. Quant au coût, Sébastien Gendron estime qu'une ligne Paris-Toulouse coûterait 10 à 15 milliards en hyperloop contre 9 milliards pour la LGV sur le tronçon Bordeaux-Toulouse. L'entrepreneur estime que dans les décennies à venir les nouveaux modes de transport seront principalement financés par le privé, les finances de l'État étant de plus en plus exsangues. "Alors la question de la mission de service public sera moins présente, on construira les lignes en fonction de leur rentabilité et leur fréquentation", imagine-t-il.

"On sous-estime l'impact du véhicule autonome sur les moyennes distances"

De son côté, le chercheur Laurent Bertrandias estime qu"'il est extrêmement difficile de se prononcer sur ce qu'il adviendra de ces projets d'hyperloop : les études risquent de prendre un certain temps, il y a des risques associés à l'idée d'une capsule qui circule dans un circuit aussi fermé, cette technologie requiert aussi un terrain parfaitement plat, ce qui est très contraignant". Lui considère que la concurrence au TGV pourrait surgir d'ailleurs via des nouveaux transports qui n'existent même pas encore.

"20 ans, c'est un laps de temps suffisant pour qu'une nouvelle technologie soit mise en oeuvre. Ce ne sera pas forcément l'hyperloop, cela sera peut être d'autres technologies liée à la montée en puissance du véhicule autonome et électrique. L'impact de la voiture autonome est largement envisagé à l'échelle des villes mais en fait on sous-estime l'impact que cela pourrait avoir dans les moyennes distances. Ce type de navettes risque de faire chuter le coût du transport qui repose surtout sur un coût de main d'oeuvre. Bien sûr cela ne règle pas encore la question de la vitesse du TGV qui est difficile actuellement à égaler", poursuit-t-il

Interrogée sur cette question à l'occasion de La Matinale organisée par La Tribune, la présidente de Région Occitanie Carole Delga a réagi :

 "Etre présidente de Région, c'est améliorer le quotidien des gens mais aussi préparer l'avenir. Bien entendu que les technologies type hyperloop doivent être étudiées. C'est pourquoi nous avons avec Toulouse Métropole ce partenariat pour Hyperloop TT. Nous aidons Continental à développer le véhicule autonome et connecté. Il faut travailler sur les deux sujets, améliorer les transports du quotidien et il faut prévoir la mobilité dans trente ans".

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Commentaire 1
à écrit le 20/05/2018 à 8:33
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La question ne se pose même pas! Bien entendu que les LGV et autres sont dépassés ! Par contre on se demande pourquoi les autorités locales et régionales de Toulouse s'évertuent a vouloir un LGV a 10 Mds a Toulouse pour gagner 45 minutes alors qu...

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