Se plonger les jambes dans des poubelles remplies de glace pour accélérer la récupération musculaire après un effort physique, les sportifs connaissent bien le principe. Un temps rugbyman amateur, le Toulousain Bertrand Avignon l'avait lui-même expérimenté il y a quelques années. En 2007, alors qu'il vend du matériel médical dans le milieu du sport, il découvre à l'occasion de la Coupe du monde de rugby en France que les clubs professionnels utilisent la même méthode artisanale.

Surpris qu'aucun équipement moderne n'existe pour améliorer le procédé, Bertrand Avignon décide d'y pourvoir. Il rencontre les responsables des clubs avec qu'il y travaillait déjà et élabore un cahier des charges.

Un jacuzzi froid

Son idée : concevoir un système transportable capable de réfrigérer l'eau sans avoir recours à des glaçons. Une sorte de jacuzzi d'eau froide pour sportifs, en somme. Fin 2007, son premier prototype, le pack team, est un bassin gonflable capable de maintenir l'eau entre 8 et 14°C selon les besoins des soignants.

"J'ai envoyé un courrier aux fédérations sportives et tout de suite, ça s'est emballé, se rappelle-t-il aujourd'hui. L'équipe de France de foot m'en a commandé deux pour l'Euro 2008 en Suisse. L'équipe de France de natation aussi pour les JO de Pékin. Pendant trois mois sur place, ça a été le feu et ça a très bien marché."

Pour améliorer son prototype, Bertrand Avignon passe un partenariat avec l'Olympique de Marseille pendant 6 mois. L'année suivante, en 2009, il vend son premier bassin à l'Olympique Lyonnais. "L'aventure était partie", sourit-il.

Depuis lors, le succès ne s'est jamais démenti. Les produits de Cryo Control ne manquent pas d'arguments pour convaincre. "Un club professionnel consomme 21 tonnes de glace par an, soit 2 000 euros par mois. Nos produits consommes 6 à 10 fois moins et coûtent environ 150 euros par mois", assure Bertrand Avignon qui en viendrait presque à regretter la qualité de ses bassins : "Quand on en vend un, on ne retourne pas chez le client avant 6 ans pour changer des pièces !"

500 000 euros de chiffre d'affaires

Cette année, l'Euro 2016 lui a permis de mettre un pied dans les plus grands stades français. "Certains vestiaires des équipes locales étaient déjà équipés de bassins réfrigérants, mais par souci d'équité sportive, l'UEFA a demandé que les vestiaires visiteurs aient les mêmes équipements ?", explique-t-il. Une bonne publicité qui pourrait lui apporter de nouveaux clients en Hongrie et au Pays de Galles. En août, l'entreprise a également accompagné la délégation française au Brésil pour les JO de Rio.

Aujourd'hui, Cryo Control, l'entreprise de Bertrand Avignon emploie trois permanents, deux commerciaux et équipe 400 clubs sportifs en France et dans le monde. "Notre rayon d'action est de 3 000 kilomètres autour de Toulouse, s'amuse-t-il, car nous avons des clients au Maghreb, en Turquie et Israël et même à Taïwan." La société réalise un chiffre d'affaires de 500 000 euros dont 40 % à l'export. Sa rentabilité dépasse les 10 %. Elle compte un seul réel concurrent : l'Australien I Cool Sport.

Attaquer le marché des kinésithérapeutes

Pour sortir de ce marché de niche qu'est le sport de haut niveau, Cryo Control commence à se tourner vers le para-médical et plus précisément vers les kinésithérapeutes. "C'est un marché potentiel de 50 000 praticiens en France, estime le chef d'entreprise. Nous allons attaquer ce marché au salon Rééduca à Paris, du 19 au 21 septembre." Bertrand Avignon a fait ses comptes. Si les kinés adoptent ses produits, il espère doubler son chiffre d'affaires en 2017 et dépasser les 2,5 millions d'euros en 2018.