Toulouse pilote une expérience scientifique internationale autour du blob

15.000 scientifiques amateurs vont pouvoir participer à l’opération "Derrière le blob, la recherche", afin d’étudier l’impact du changement climatique sur l'organisme vivant. Cette expérience de science participative inédite, initiée par le CNRS et la chercheuse Audrey Dussutour, va impliquer près de 300.000 blobs en France, mais aussi au Japon, aux États-Unis et au Canada. Le top départ devrait être donné en avril prochain.
Audrey Dussutour, chercheuse et spécialiste française du blob l'étudie depuis 2009.
Audrey Dussutour, chercheuse et spécialiste française du blob l'étudie depuis 2009. (Crédits : David VILLA)

Le blob fascine tout le monde, les petits comme les grands. Dans le cadre d'expériences conduites par le CNRS, l'astronaute français Thomas Pesquet a même embarqué avec lui quatre blobs lors de son deuxième séjour à bord de la station spatiale internationale (ISS). Ni animal, ni végétal, ni champignon, cet organisme unicellulaire est capable de se régénérer et d'apprendre sans cerveau.

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Afin de continuer de percer les mystères de cet organisme vivant aux capacités étonnantes tout en expérimentant les étapes de la démarche scientifique, le CNRS va lancer l'opération "Derrière le blob, la recherche". Cette expérience citoyenne inédite, menée conjointement par le CNRS Occitanie Ouest, Audrey Dussutour spécialiste française du blob et le Quai des Savoirs, va impliquer quelque 15.000 personnes.

Les volontaires deviendront ainsi acteurs et actrices de la recherche, avec une question : quels seront les effets du changement climatique sur le blob ? Habitués des sous-bois des pays tempérés, les myxomycètes, la classe d'organismes à laquelle appartient le blob, participent à l'équilibre de la forêt en enrichissant le sol en minéraux. Les vagues de chaleur, qui vont devenir plus longues, intenses, fréquentes et inattendues avec le changement climatique, risquent donc d'avoir des conséquences importantes sur les myxomycètes et leur environnement.

BLOB

 Ni animal, ni végétal, ni champignon, cet organisme unicellulaire est capable de se régénérer et d'apprendre sans cerveau. (Crédits : Rémi Benoit).

"C'est un projet ouvert à tous autour d'un thème fédérateur qu'est le réchauffement climatique. C'est un défi qui nous attend tous et un sujet incontournable qui touche tous les organismes vivants y compris le blob. Nous nous sommes dit que nous allions proposer à des volontaires d'observer les effets du réchauffement climatique sur le blob. Ce projet a deux missions : sensibiliser les gens à ce défi puisqu'ils vont expérimenter les effets du réchauffement climatique sur un organisme vivant et d'initier les gens à la démarche scientifique", explique d'Audrey Dussutour, chercheuse CNRS au Centre de recherches sur la cognition animale.

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Une aventure internationale

Au départ, le CNRS et Audrey Dussutour prévoyaient 10.000 volontaires. Après le lancement de l'appel a candidatures, près de 47.000 ont été reçues. Le nombre de participants a donc été revu à la hausse. Parmi les 15.000 personnes choisies figurent des enfants qui réaliseront l'expérience en famille, des établissements scolaires et pénitentiaires, des entreprises qui souhaitent réaliser du team building autour du blob, une vingtaine d'Ehpad ou encore des artistes. Ces scientifiques en herbe ont entre 8 et 90 ans et sont francophones. 14.000 d'entre eux sont installés en France et 1.000 autres réaliseront l'expérience depuis le Japon, le Canada, les États-Unis, la Belgique ou l'Espagne.

Outre la démarche collective, cette expérience citoyenne à pour objectif de faire comprendre la recherche scientifique et les étapes qui l'entourent telles que les protocoles, le passage des étapes clés, la publication des résultats et la communication de ces derniers.

Une durée d'une semaine à un mois

Comment cela va se dérouler ? 60.000 blobs dormants seront envoyés aux 15.000 volontaires, soit 4 par personne. Les volontaires devront ensuite les réveiller et produire deux groupes de quatre blobs, en cinq jours, avant le début de l'expérience. Pour ça, il suffira de leur donner à manger, des flocons d'avoine ou du sucre, pour qu'il puisse doubler de taille et être coupé. En amont, les scientifiques amateurs ont consenti à s'équiper pour le bon déroulé de l'aventure avec entre autres une ampoule rouge et deux thermomètres. Les blobs seront envoyés le 28 mars prochain et le top départ du projet sera donné le 7 avril et durera jusqu'au 6 juin 2022.

"Les protocoles à suivre seront envoyés le 28 février prochain ce qui donnera le temps aux gens de s'y familiariser et de nous poser des questions lors d'un événement en direct de deux heures. Nous allons proposer une quinzaine de protocoles à suivre obéissent à des critères. Par exemple, les gens vont avoir deux groupes de blobs, un premier qui ne subira pas les changements de température et un second qui va subir les changements de température. C'est par la comparaison de ces deux groupes que nous allons comprendre les effets du réchauffement climatique sur le blob. Il faudra qu'un même protocole soit répété par 200 volontaires minimum pour être sûr de la reproductibilité du résultat", précise celle qui étudie le blob depuis 2009.

Les personnes auront deux mois pour réaliser une expérience de cinq jour minimum selon le protocole qui leur sera attribué. En moyenne, cela leur prendra d'une semaine à un mois, selon leurs disponibilités, à raison d'une heure de manipulation quotidienne à heure fixe. Comme des chercheurs professionnels, les volontaires vont répertorier au quotidien et durant toute la durée de l'expérience l'évolution de l'organisme dans un cahier de laboratoire.

288.000 blobs impliqués

Ils pourront également prendre en photo l'organisme afin de suivre son évolution. Ils seront libres de partager ou non leurs données en accès ouvert sur une plateforme de partage et de stockage de données mise en place pour l'expérience. Ces données seront ensuite analysées collectivement. "L'analyse statistique sera réalisée par des professionnels mais toutes les étapes seront présentées et expliquées aux volontaires. L'article scientifique sera également écrit, en anglais, par des spécialistes", précise la spécialiste française du blob.

Cette expérience scientifique participative unique est "infaisable" en laboratoire. En effet, elle sera réalisée sur deux espèces de blobs et plusieurs souches. Audrey Dussutour a estimé près de 288.000 blobs qui vont participer à l'aventure.

"Le blob est très facile à trouver et à chasser en forêt"

Le 19 février, le public toulousain pourra rencontrer Audrey Dussutour pour une conférence sur ses travaux sur le blob et le projet "Derrière le blob, la recherche" au sein du Quai des Savoirs. Entre le 9 février et le 6 mars se déroulera le remise des blobs en mains propres aux Toulousains qui participent à l'expérience toujours au Quai des Savoirs. Tout au long de l'année, surtout en période de vacances scolaires, il reviendra sur l'expérience et ses résultats avec des temps forts.

Pour ceux qui n'ont pas été sélectionnés pour participer à l'expérience scientifique ou les curieux qui arriveront en route, la liste du matériel ainsi que l'ensemble des protocoles à suivre, préparés par Audrey Dussutour et son équipe, sont publiés sur le site internet du CNRS. "Le blob est très facile à trouver et à chasser en forêt", rassure cette dernière.

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