Inspire : pourquoi les entreprises toulousaines s'engagent dans le projet ?

Toulouse et son tissu scientifique veulent via le projet Inspire développer un premier pôle de recherches autour du vieillissement et devenir une référence mondiale en la matière. Les chercheurs comptent sur le soutien financier et matériel des industriels du secteur et de la région. Ces derniers vont apporter la majorité des 550 millions d'euros du budget. Pourquoi ? Analyse.
Ce sont dans les locaux des Laboratoires Pierre Fabre que les équipes scientifiques du projet scientifique Inspire vont être installées provisoirement (Crédit : Rémi Benoit).
Ce sont dans les locaux des Laboratoires Pierre Fabre que les équipes scientifiques du projet scientifique Inspire vont être installées provisoirement (Crédit : Rémi Benoit). (Crédits : Rémi Benoit)

Toulouse se rêve en capitale française voire mondiale du bien vieillir (autrement dit que les personnes âgées conservent leur autonomie, même si elles contractent une maladie). Pour cela, le tissu scientifique toulousain avait candidaté en 2017 pour obtenir un IHU (CHU nouvelle génération, spécialisé sur une thématique unique) sur le vieillissement.

Peu après l'été 2018, la sentence tombe : Toulouse n'aura pas son IHU malgré une thématique qui répond à une demande mondiale, à l'heure où l'espérance de vie s'allonge. Avec cet échec, ce sont 50 millions d'euros de subventions publiques qui sont partis en fumée au sein d'un budget global de 630 millions d'euros sur 10 ans pour lancer cet IHU. De quoi remettre en cause le projet ? Et bien non, la Région Occitanie et les partenaires financiers, à savoir des industriels et diverses entreprises ont maintenu leur soutien financier malgré cet échec, ce qui a permis au projet scientifique de continuer à exister. Pourquoi les entreprises toulousaines et régionales s'engagent-elles tant dans le projet Inspire ?

Désormais repensée, cette initiative va disposer d'un budget de 550 millions d'euros sur 10 ans, dont 57 millions apportés par la Région Occitanie. Pour le reste, ce sont en grande partie des entreprises comme Sigfox, La Poste, Thales ou les Laboratoires Pierre Fabre qui vont apporter les financements nécessaires.

Une biotech valley à Toulouse

Le projet ne consiste pas uniquement à construire un nouvel établissement de santé sur le site toulousain de Langlade, à proximité de l'Oncopole.

"L'objectif est de constituer autour du futur IHU un environnement propice à l'innovation, une sorte de biotech valley toulousaine, dans laquelle se trouverait des startups, des industriels, des scientifiques, des chercheurs, tout en collaborant avec d'autres projets toulousains comme celui de l'institut interdisciplinaire d'intelligence artificielle (3IA), afin de porter des solutions thérapeutiques innovantes", explique Louis Casteilla, professeur d'université et responsable du pôle biologie, agronomie, biotechnologie et santé de l'université Paul Sabatier, établissement qui porte le projet notamment avec l'Inserm et le CHU de Toulouse.

En rassemblant toutes les forces vives qui travaillent sur le sujet du bien vieillir à Toulouse, le professeur espère faire de cet espace "un véritable levier de croissance pour toute cette nouvelle filière" autour des biotechnologies et de la Silver economy. Du côté de la Région Occitanie, on se dit certain que cette initiative va permettre la création d'emplois à terme.

"Nous sommes dans une région qui accueille chaque année 50 000 nouveaux habitants et il faut donc créer au moins 20 000 emplois annuellement pour éviter la hausse du chômage. Il est donc important qu'une ville comme Toulouse sache jouer sur ses points forts en terme de stratégie industrielle pour se développer économiquement parlant", analyse Christian Desmoulins, ex-président du Cercle d'Oc, un regroupement d'entreprises toulousaines et régionales.

Des outils numériques pour pousser l'hôpital hors des murs

Au-delà des apports financiers, les entreprises engagées dans Inspire comptent s'engager également sur le plan matériel, notamment dans la prévention du vieillissement et de la perte de l'autonomie.

"Avec notre technologie, nous voulons permettre le développement de la collecte de données dans le but de mieux suivre les personnes en situation de dépendance ou semi-dépendance en dehors de l'hôpital avec des objets connectés à notre réseau", illustre par exemple Laurent Moesle, le directeur du développement chez Sigfox.

"Grâce à ces outils numériques, nous pourrons avoir un hôpital hors de ses murs et nous suivrons ainsi environ 2 000 patients", précise même Jean-Christophe Ayrolles, le directeur technique de Thales à Toulouse. Des outils qui pourraient s'apparenter à des applications numériques disponibles sur smartphone et tablette comme vient de développer récemment La Poste.

"Pour permettre le maintien à domicile de personnes en situation de fragilité, nous avons développé aXéo, une tablette numérique simple d'utilisation afin de maintenir les personnes dans la société moderne en conservant leurs liens sociaux", explique Omar Beloucif, directeur médical de La Poste Silver, une antenne de La Poste créée il y a trois ans.

Même si le projet scientifique est déjà lancé, les premiers coups de pioche pour sortir de terre cette biotech valley à Toulouse se feront en 2021 en commençant par l'IHU, avant probablement des entreprises.

Lire aussi : Toulouse se rêve en capitale du bien vieillir

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