Enquête : la pollution de l'air en chiffres sur Toulouse Métropole

Pour la première fois, Atmo Occitanie met en accès libre ses relevés de qualité de l'air sur la métropole toulousaine. En décortiquant cette masse de données, La Tribune a pu déterminer à quelle fréquence l'air est pollué à Toulouse et quelles sont les zones les plus touchées.
La rocade et dans une moindre mesure les grands boulevards du centre-ville sont concernés par la pollution de l'air.
La rocade et dans une moindre mesure les grands boulevards du centre-ville sont concernés par la pollution de l'air. (Crédits : Atmo Occitanie)

Elle s'appelle "open data de l'air". Cette plateforme mise en ligne mercredi 19 septembre par Atmo Occitanie permet pour la première fois d'accéder aux données brutes de la qualité de l'air dans la région. On peut y découvrir le niveau des différents polluants (comme les particules ou le dioxyde d'azote) par jour, par mois et par an à diverses échelles (région, département, métropole). Cette immense masse de données demande à être analysée avant de pouvoir être comprise par le grand public. "Elle s'adresse notamment aux développeurs d'application mobile", indique Dominique Tilak, directrice générale d'Atmo Occitanie. En étudiant une partie de ces données, La Tribune a pu déterminer à quelle fréquence l'air est pollué à Toulouse et quelles sont les zones les plus touchées.

Quand l'air est-il le plus pollué sur Toulouse Métropole ?

Si l'on regarde les relevés d'Atmo Occitanie sur une année complète (entre le 12 septembre 2017 et le 19 septembre 2018), l'air est généralement correct : il est très bon 11% des jours, bon dans 39% des cas, moyen 23% des jours. Plus rare, l'air est mauvais (11%) voire très mauvais (5%).

Néanmoins, la qualité de l'air est très variable suivant les mois. Sur l'année écoulée, le mois le plus pollué a été juillet 2018 avec 4 jours très mauvais, 7 jours mauvais, 7 jours médiocres et 4 jours moyens. Ce qui revient à un air moyen à très mauvais pendant 70% du mois ! Durant seulement 9 jours, soit un tiers du mois, la qualité de l'air a été bonne (1) ou très bonne (8).

En octobre 2017, la métropole toulousaine a connu quasiment la même trajectoire avec un air moyen à très mauvais pendant 21 jours (sur 31), ce qui laisse 10 jours d'air bon à très bon.

À l'inverse, l'air a été bon sur l'ensemble du mois de février 2018.

Quelles sont les zones les plus touchées par la pollution ?

Sans surprise, les zones les plus touchées par la pollution sont les grands axes de circulation automobile comme on peut le voir ci-dessous avec les relevés de dioxyde d'azote sur Toulouse Métropole. En rouge, figurent les zones où l'on dépasse les seuils recommandés. La rocade et dans une moindre mesure les grands boulevards du centre-ville sont concernés.

pollution no2

(Crédit : Atmo Occitanie).

pollution toulouse

Centre-ville de Toulouse (Crédit : Atmo Occitanie).

Dominique Tilak prévient que "lorsque l'on emprunte le périphérique en voiture, on peut être exposé à des taux de dioxyde d'azote dépassant les 200 microgrammes/m3 sur une heure". Pour rappel, l'organisation mondiale de la santé (OMS), recommande de ne pas être exposé à plus de 200 microgrammes par m3 sur une heure et à une moyenne annuelle de 40 mg/m3. Ce seuil annuel est dépassé puisque d'après les données d'Atmo Occitanie, sur le périphérique sud, le niveau de dioxyde d'azote a été de 74 mg/m3 en 2017. Quant aux particules (PM10), en moyenne sur le périphérique sud, leur niveau a atteint 29,5 microgrammes/m3, soit beaucoup plus que le seuil de 20 mg/m3 recommandé par l'OMS.

Les populations vivant à proximité directe (quelques centaines de mètres) des grands axes de circulation sont également exposés à la pollution chronique à l'image des habitants de Bordelongue ou de la Reynerie. Entre 8 000 et 18 000 personnes à Toulouse vivent dans une zone qui dépasse les limites réglementaires en matière de pollution.

pollution toulouse

Quartiers de la Reynerie et de Bordelongue (Crédit : Atmo Occitanie).

Selon l'étude européenne menée dans le cadre du projet Aphekom sur l'impact économique et sanitaire de la pollution atmosphérique, "à proximité des voies à forte densité de circulation automobile, on constate une augmentation de 15 à 30% des nouveaux cas d'asthme chez l'enfant et des pathologies chroniques respiratoires et cardiovasculaires fréquentes chez les adultes âgés de 65 ans et plus comme les pneumonies, les infarctus et AVC". D'après la même enquête, si l'on réduisait le taux de particules fines de 5 microgrammes par mètre cube, les Toulousains pourraient gagner 4 mois d'espérance de vie et on pourrait éviter chaque année 124 décès.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.