Crise du logement neuf : le maire de Toulouse dans une commission nationale décisive

En France, la construction du logement neuf tourne fortement au ralenti, et à Toulouse celui-ci a une ampleur encore plus importante. Pour tenter de la relancer, le gouvernement a constitué une commission d'élus et experts pour trouver une batterie de mesures. Un collectif dont fait partie le maire de la Ville rose, Jean-Luc Moudenc, qui aura certainement beaucoup à dire après l'annulation du PLUi-H tout récemment. Les détails.
Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, va mener un travail collectif pour relancer la construction de logements neufs en France.
Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, va mener un travail collectif pour relancer la construction de logements neufs en France. (Crédits : Rémi Benoit)

Une bonne nouvelle pour la construction immobilière de la région toulousaine ? Le maire de Toulouse et président de la Métropole, Jean-Luc Moudenc, vient d'être retenu pour intégrer la commission nationale de relance de la construction. Un comité déjà surnommé la commission Rebsamen, du nom de l'ancien ministre de François Hollande et du maire de Dijon (PS), qui va présider cette nouvelle instance.

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Au total, ce sont 32 membres qui vont y participer activement, alors que la réunion "d'installation" de ce collectif se déroule par visioconférence en cette matinée du mardi 8 juin, en présence du Premier ministre Jean Castex. Autour de la table, des maires et présidents d'intercommunalités de tous bords politiques, des sénateurs, des députés, des professionnels de l'immobilier et des économistes.

"Un sentiment de lassitude"

Selon le Capitole, ce collectif a pour mission de "travailler au diagnostic des freins actuels à la construction de logements, et de proposer au gouvernement des mesures à même de les lever pour relancer durablement la construction de logements là où les besoins sont les plus importants".

Ainsi, la trentaine d'experts doit rendre ses conclusions après l'été, un timing serré car l'urgence se fait ressentir. Selon les chiffres officiels du gouvernement, 384.000 logements ont obtenu un permis de construire depuis un an, contre 457.000 sur la même période en février 2020, juste avant le début de la crise de la Covid-19. À Toulouse, les chiffres sont dans une proportion encore plus inquiétante en se basant sur les mises en vente des logements neufs suite à une délivrance de permis de construire...

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Selon L'Observer de l'immobilier toulousain, organe réunissant tous les promoteurs locaux, la quatrième ville de France a commercialisé seulement... 607 logements neufs, entre janvier et mars 2021. Une telle donnée signifie que les biens nouvellement commercialisés ont chuté de -34% sur le premier quart de cette nouvelle année et de -40% par rapport à 2019.

Observer

Un graphique, réalisé par l'Observer, sur la situation du marché toulousain de l'immobilier neuf.

"Depuis deux ans, j'ai l'impression de répéter le même discours... Il y a vraiment un sentiment de lassitude. Il y a vraiment la nécessité d'une délivrance des permis de construire. Nous devons revenir à 2015 pour trouver des chiffres de mises en vente aussi mauvais. Les résultats de l'année 2021 pour nous se joueront sur les prochains mois en fonction de la délivrance des permis de construire accordés par les collectivités locales", lance Jean-Philippe Jarno, le président de l'Observer de l'immobilier toulousain et donc aussi promoteur.

Bien qu'inquiétante, la situation est un peu moins dramatique autour de Toulouse. Avec 1.317 mises en vente au premier trimestre, soit un peu plus d'un an après les élections municipales, l'aire urbaine estompe très subtilement les carences du marché de la Ville rose. Autour de celle-ci, la baisse des biens commercialisés n'est "que" de -24% sur cette période.

Une nomination dans un contexte particulier pour Toulouse

Pour ne rien arranger, Toulouse Métropole s'est vu annuler le 20 mai par le tribunal administratif son PLUi-H, un plan local d'urbanisme commun aux 37 communes de l'intercommunalité.

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Pour mémoire, ce document administratif, qualifié "d'usine à gaz" durant son élaboration par certains élus de l'époque, avait pour effet de sanctuariser certains fonciers pour lutter contre l'étalement urbain, tout en pointant les zones où il fallait densifier. Par ailleurs, ce document arrêtait la répartition de la construction de logements neufs entre la ville centre (50%) et la périphérie (50%), tout en garantissant 33% de logements sociaux construits chaque année sur l'ensemble du territoire. Ainsi, ce PLUi-H devait garantir la construction de 7.000 logements neufs par an, dans une ville et son agglomération qui accueille au moins 15.000 nouveaux habitants chaque année.

Conséquence, en l'espace de quelques jours, plusieurs projets immobiliers dans différentes communes ont été stoppés étant donné que les surfaces qui devaient les accueillir sont passées, par exemple, du statut de zone constructible à zone agricole par exemple. "Cette décision est lourde de conséquences pour la Métropole et ses habitants, c'est pourquoi Toulouse Métropole va faire appel de ce jugement très prochainement auprès de la Cour administrative d'appel de Bordeaux et déposera auprès de cette juridiction une requête en sursis à exécution", a ainsi annoncé la collectivité. L'intégration de Jean-Luc Moudenc à la commission Rebsamen arrive donc à point nommé pour l'édile toulousain qui aura certainement beaucoup à dire.

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