Nataïs : comment le leader européen du pop-corn imagine l'agriculture de demain

Le PDG de Nataïs Michael Ehmann était ce jeudi 10 janvier l’invité de la matinale de La Tribune Toulouse. Implantée au cœur du Gers, la PME de 125 salariés occupe la première place en Europe de la production du pop-corn avec 41 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2015 et 150 millions de sachets de pop-corn produits. Mais l'industriel se démarque aussi par des expérimentations très innovantes sur la voie d'une agriculture soutenable pour l'environnement.
Le PDG de Nataïs Michael Ehmann était ce jeudi 10 janvier l’invité de la matinale de La Tribune Toulouse

C'était un pari osé mais gagnant. Né en Allemagne et fils d'agriculteurs, Michael Ehmann a lancé en 1994 sa société de production de maïs à pop-corn à Bézéril, en plein cœur du Gers. Il aura fallu moins de 10 ans à Nataïs pour devenir le leader européen de ce secteur de niche. "Au début, la principale difficulté était de convaincre les distributeurs que notre maïs éclaté était d'aussi bonne qualité que celui provenant des États-Unis. C'est comme vanter les mérites d'un vin venant du Chili face à un vin français ! Il faut du temps pour s'imposer", se remémore Michael Ehmann à l'occasion de la matinale organisée par La Tribune Toulouse ce jeudi 10 mars au Casino-Théâtre Barrière de Toulouse. Mais très vite, le PDG convainc un industriel allemand de lui fournir 50 tonnes de ce maïs pour faire du pop-corn.

La french touch du pop-corn s'exporte dans 55 pays

Aujourd'hui, la PME emploie 125 salariés et travaille avec 240 agriculteurs du Sud-Ouest. La région est particulièrement propice à la culture du maïs qui requiert un automne sec pour faciliter des récoltes précoces. La société collecte 35 000 tonnes de maïs éclaté par an. Elle exporte 150 millions de sachets de pop-corn micro-ondables. via une vingtaine de marques distributeurs. Par ailleurs, l'entreprise produit du maïs en vrac à destination des cinémas et des fêtes foraines. D'abord concentré sur le marché européen, le PDG de Nataïs s'est rapidement aperçu des perspectives de développement à l'échelle mondiale. "La première bonne surprise a été le succès en Asie. La french touch, cela fonctionne aussi pour le pop-corn", lance Michael Ehmann qui travaille avec 55 pays. Après avoir lancé il y a deux ans une filiale en Afrique du Sud, le PDG de Nataïs espère réaliser 15 % de croissance de son activité chaque année. La PME a réalisé un chiffre d'affaires de 41 millions d'euros en 2015.

Vers une agriculture soutenable pour l'environnement ?

Mais au-delà de la réussite industrielle et commerciale, Nataïs se démarque par sa vision de l'innovation. En septembre dernier, la société fait sensation en lançant un pop-corn à la graisse de canard. Le PDG a surtout décider d'engager plusieurs expérimentations pour aller vers une agriculture soutenable pour l'environnement.

"La culture du maïs demande une grande consommation d'eau mais elle fournit également de très bons rendements. La démarche que nous avons engagée s'articule autour de trois piliers. Au niveau de l'irrigation, nous avons mis en place un système de zones capacitaires qui mesure la quantité d'eau disponible dans les sols. Ensuite, nous avons mis au point le green tillage, une technique d'implantation du maïs sans labour aujourd'hui expérimentée sur 500 hectares, soit 10 % des terres où Nataïs collecte le maïs. Le troisième pilier est la lutte biologique. Nous utilisons des insectes qui parasitent la formation d'œuf dans le maïs, une technique qui permet de se passer des OGM", décrit Michael Ehmann.

Une stratégie qui est, selon lui, un avantage concurrentiel à l'export : "En Argentine, le maïs éclaté est cultivé dans un environnement contaminé par les OGM, ce qui n'est pas le cas dans le Gers."

Le PDG de Nataïs expérimente également la désinsectisation thermique et cherche à éliminer les colorants chimiques pour les remplacer par des produits naturels.

Actuellement, seuls 25 des 240 agriculteurs travaillant avec Nataïs travaillent en filière biologique. "Il y a une réalité qui fait que nous n'aurons jamais 100 % des cultures en bio. Le bio et le conventionnel sont deux marchés segmentés. Cependant, la filière bio voit ses volumes augmenter et sera amenée à s'industrialiser."

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