E-commerce : les entreprises d'Occitanie en péril selon Fedeo

La fédération du e-commerce en Occitanie (Fedeo), a envoyé une lettre à Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie pour lui demander de l'aide. Parmi les 50 entreprises faisant partie de l'association, certaines subissent les prix cassés qu'affichent les marketplaces comme Amazon qui évitent la législation. Le président de la fédération craint alors qu'elles mettent la clé sous la porte.
L'association envisage une action en justice face aux fraudes massives menées par les géants de la vente en ligne.
L'association envisage une action en justice face aux fraudes massives menées par les géants de la vente en ligne. (Crédits : Rémi Benoit)

C'est un appel à l'aide. La fédération du e-commerce en Occitanie (Fedeo), a écrit une lettre à Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie, pour l'alerter sur la mise en péril de ses 50 entreprises membres. Parmi elles, des sociétés spécialisées dans la vente à distance et de toute taille, comme La Comtesse du Barry, Irrijardin, Centrakor et certains pureplayers régionaux. Le président de l'association, Jean-Paul Crenn, estime qu'une "série de nouvelles lois et règlements mettent en situation de risque et pénalisent" les entreprises de e-commerce en province.

"J'ai écrit cette lettre pour alerter sur l'accumulation de nouvelles lois et de règlements pris par des élus qui ne prennent pas en compte les spécificités des entreprises de e-commerce de province. De plus, certaines lois ne sont pas applicables, comme celle obligeant à la certification des systèmes de caisse pour 80% des e-commerçants, et d'autres, qui le sont, ne sont pas appliquées auprès des gros acteurs du e-commerce. Cela nous pénalise car ils sont moins soumis à la loi et payent moins d'impôts que les petites. Il y a une réelle inégalité", dénonce Jean-Paul Crenn.

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Pour autant, le président de Fedeo tempère : "Nous ne demandons pas à ne plus payer d'impôts. Nous souhaitons trouver des solutions pour que les lois soient appliquées et applicables auprès des marketplaces pour faire cesser les fraudes massives".

Amazon convoquée en procédure de référé par Rentrée discount

Dans le viseur de Jean-Paul Crenn, Amazon ou encore Cdiscount. Des marketplaces qui, selon lui, mettent en vente des produits à un prix inférieur à celui du prix d'acquisition.

"La calculatrice Casio, par exemple, est moins chère sur Amazon que sur le site Casio Europe. Nous achetons donc plus cher, nous les entreprises de e-commerce régionales, ce que le consommateur achète sur Amazon. C'est totalement aberrant. Ainsi, un de nos membres, Rentrée discount, n'en a presque pas vendu à la rentrée. Il y a un réel risque pour le futur", lance-t-il.

En conséquence, Amazon va être convoquée en procédure de référé, à l'initiative de Rentrée discount et de celle de la fédération, au tribunal de Commerce de Carcassonne, en même temps que plusieurs revendeurs présents sur sa plateforme et le fabricant Casio.

"Tous vont devoir s'expliquer, devant un expert judiciaire désigné, sur des pratiques jugées anticoncurrentielles. En effet, certaines calculatrices Casio sont vendues à 12,50 euros sur Amazon alors que nous les achetons à 14 euros HT. Comment est-ce possible et comment ces revendeurs s'approvisionnent-ils pour pratiquer des prix cassés ? L'entreprise Casio, elle-même, convient que ce n'est pas normal. Nous avons envoyé deux courriers, sur ce sujet, à Amazon qui ne nous a pas répondu. Nous demandons donc des explications et tous devront s'expliquer car il y a des géants du e-commerce et des revendeurs sans scrupules qui ont des pratiques anormales et nous les entreprises d'Occitanie trouvons cela injuste", rapporte le dirigeant de Rentrée discount, Arnaud Laiter.

Et les calculatrices sont loin d'être les seuls produits, présents sur la plateforme d'Amazon, qui posent problème. En effet, d'après Arnaud Laiter, la marketplace ne s'acquitte pas de certaines redevances.

"Ces marketplaces ne payent pas la taxe pour le droit d'auteur sur les clés USB par exemple. Vous en trouvez une à la vente sur Amazon à 0,01 euros avec 4,99 euros de frais de livraison. Où est la redevance ? La loi exige de récolter une taxe de 3,20 euros par clé USB de 32 Go. Pourquoi ces règles générales ne s'appliquent-elles pas ici ?", relève le dirigeant.

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Les entreprises d'Occitanie n'arrivent pas à se faire entendre

Dans sa lettre, l'association demande alors son aide à Carole Delga "pour que l'État prenne réellement la mesure des enjeux en termes d'économie et d'emploi local" car les entreprises membres de Fedeo "n'arrivent pas à se faire entendre au niveau national".

"Nous voudrions que Madame Delga nous aide à sensibiliser l'État sur qui nous sommes et ce que font les entreprises du e-commerce en Occitanie. Nous sommes la plus grosse association de commerçants en province et nous créons des emplois pérennes et locaux. Ces sociétés se trouvent à Revel ou encore Carcassonne, là où peu de commerces sont présents et 45% de ces emplois sont situés dans des communes de moins de 20 000 habitants", explique-t-il.

L'association s'inquiétait également de la loi anti-gaspillage. Celle-ci a été amendé le 19 décembre 2019 et le point qui inquiétait Fedeo a été supprimé. Cette mesure concernait la reprise sans frais des produits usagés en cas de vente à distance. Une obligation "difficile à tenir économiquement", d'après Jean-Paul Crenn. La fédération estimait d'ailleurs que cette obligation "fragiliserait gravement 10 de 50" de ses membres et aurait menacé 300 CDI en Occitanie.

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