Comment Carlos Verkaeren veut sauver Scopelec et 1.457 emplois

Celui qui a remis sur le droit chemin la biscuiterie Poult installée à Montauban (Tarn-et-Garonne) se donne la même mission avec Scopelec. Carlos Verkaeren veut reprendre à la barre du tribunal de commerce Scopelec et la relancer en misant notamment sur le marché des bornes électriques. Par ailleurs, celui qui bénéficierait du soutien de l'opérateur Orange se veut le mieux disant sur le plan social face à ses cinq concurrents. Les détails de son projet de reprise... en Scop.
Carlos Verkaeren a présenté à la presse son projet de reprise de Scopelec, en Scop, vendredi 18 novembre.
Carlos Verkaeren a présenté à la presse son projet de reprise de Scopelec, en Scop, vendredi 18 novembre. (Crédits : Rémi Benoit)

Quelques années en arrière, il a fait de la biscuiterie Poult une entreprise libérée et surtout une société rentable avec plus de 300 millions d'euros de chiffre d'affaires. Une recette à succès que souhaite réitérer l'entrepreneur Carlos Verkaeren avec Scopelec. Nommé président du directoire de la Scop spécialisée dans l'installation et la maintenance des réseaux de télécommunications début septembre, le dirigeant n'a pu que subir son placement en redressement judiciaire quelques jours plus tard.

Pour relancer la machine, il souhaite donc reprendre à la barre du tribunal de commerce de Lyon, celle qui était il y a encore peu le sous-traitant principal de l'opérateur Orange en France... en créant à nouveau une Scop ! C'est sur ce point majeur que repose l'offre Newscope qu'il porte et qu'il devra défendre le 8 décembre devant le juge, lors de l'audience finale devant départager les candidats au rachat partiel, ou total, de Scopelec.

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"J'ai une certaine crédibilité. Je connais bien le monde de la finance et je connais bien le monde de l'industrie. Une Scop n'est pas moins efficace qu'une entreprise au modèle classique. La seule différence est que son résultat est partagé entre ses salariés-sociétaires. Ce qui lui offre certainement une meilleure efficacité que les autres car cela donne des salariés plus engagés, plus consciencieux, plus investis, etc. Pendant 45 ans, Scopelec a été rentable avec ce modèle de Scop et par la suite des problèmes de gouvernance ont causé la situation que nous connaissons tous aujourd'hui", regrette-t-il.

Pour repartir sur ce modèle de gouvernance partagée, Carlos Verkaeren et ses soutiens (voir plus loin) vont par conséquent demander l'engagement financier des salariés volontaires à repartir dans une telle aventure, avec un montant plancher. "Il sera de 1.000 euros pour les salariés non-cadres, 3.000 euros pour les cadres et 6.000 euros pour les cadres dirigeants", précise le candidat. "L'enjeu des prochains jours pour nous sera de rassembler tous les salariés derrière ce projet", ajoute-t-il. Sans eux, c'est tout un plan et une stratégie qui partiraient effectivement en fumée.

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Feu vers les bornes électriques

Dans la construction de son offre de reprise, sa boussole est claire et annoncée : être le mieux-disant sur le volet social et avoir un business plan solide. "Nous avons un modèle économique pour reprendre 1.457 personnes (sur les 2.300 employés aujourd'hui, ndlr). Pas une de plus", lance Cyrille Rocher, le directeur de l'union régionale des Scop d'Occitanie, qui travaille activement sur le dossier depuis trois mois. Ce qui est bien plus que les 600 proposés par son principal concurrent Circet. Mais attention, "Circet, ce sont des gens sérieux, avec une offre compétitive", ne cache pas Carlos Verkaeren.

Dans son plan de reprise qui doit le mener jusqu'en 2027, ce dernier imagine voir tourner Scopelec avec 200 millions d'euros de chiffre d'affaires à cette même date, "dont la moitié qu'on ne fait pas actuellement". "Nous allons reprendre les périmètres rentables et surtout diversifier la société", précise-t-il.

Pour ce faire, l'entrepreneur compte réduire les strates hiérarchiques pour la rendre plus agile, passer le nombre d'agences en France de 65 à 20, replacer le siège social à Toulouse, et la concentrer sur les activités rentables de Scopelec.

"Nous allons reprendre les périmètres qui marchaient jusqu'à présent. Sur la fibre, si le déploiement est quasiment terminé, il va y avoir un enjeu sur la qualité de service. Il y a aussi encore beaucoup à faire sur la 5G et c'est une activité qui gagne de l'argent chez Scopelec. Enfin, nous allons développer le marché de l'installation, et uniquement l'installation, de bornes de recharge électrique. Nous avons commercialisé notre offre que depuis cette année et nous avons réalisé un chiffre d'affaires de deux millions d'euros. Nous visons les sept millions en 2023 et déjà cinq sont commandés. On attend 70 millions d'euros de chiffre d'affaires avec cette activité en 2027", expose Carlos Verkaeren.

Orange cette fois-ci de la partie ?

Autre point déterminant sur le plan économique, Newscope compte repartir avec Orange. C'était d'ailleurs la conséquence espérée de la nomination de l'ancien patron de Poult à la tête de Scopelec quelques semaines en arrière. Carlos Verkaeren souhaite continuer à travailler avec Orange afin que l'opérateur pèse en 2027, non plus 50% de son chiffre d'affaires comme c'est le cas actuellement, mais 25% de celui-ci.

"Notre principal client est toujours à nos côtés. Nous avons retrouvé des relations apaisées avec Orange. Ils ont validé notre business plan et notre périmètre de reprise et ils vont certainement, c'est en discussion, nous soutenir sur la reprise (...) La direction précédente a demandé un soutien structurel, de long terme, à Orange. Orange n'a pas cette vocation, ce n'est pas son rôle. Par ailleurs, ces deux/trois derniers mois, l'opérateur remarque que notre performance opérationnelle est bien meilleure dans certaines zones. Tout cela a favorisé le retour à une certaine relation de travail", expose le président du directoire et candidat à la reprise de Scopelec.

Au-delà de l'opérateur, l'offre de Newscope bénéficie du soutien de Jean-Luc Candelon, qui a dirigé la société de 1992 à 2015 et lui a donné cette dimension importante jusqu'à en faire un grand groupe. Quatre conseils régionaux, dont celui de l'Occitanie ont aussi apporté leur soutien à cette solution, ainsi que l'Urscop Occitanie. Cette unité sera-t-elle suffisante pour sortir vainqueur de cette procédure ? Verdict dans trois semaines.

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