Du bambou occitan pour créer des îlots de fraîcheur à Toulouse

Au sud de Toulouse, l'artisan François Rosenzweig, à la tête de la société Bambouctou, exploite deux hectares de bambou disséminés dans le sud-ouest de la France pour fabriquer des îlots de fraîcheur mais aussi approvisionner des fabricants locaux de vélos ou de pièces destinées à l'industrie aéronautique. Malgré la quantité limitée de matière en France, le bambou offre des perspectives prometteuses pour des applications de niche.
(Crédits : © LTD / François Rozenzweig)

C'est un trésor méconnu des campagnes du sud-ouest de la France. D'immenses parcelles de bambou y ont proliféré au cours des dernières décennies.

« À la fin du XIXe siècle, des jardiniers ont importé de Chine des bambous géants pour aménager les châteaux des familles aisées. Puis, à partir des années 1920, des agriculteurs ont commencé à le cultiver, séduits par ce matériau à la fois grand et léger. Ces parcelles de bambou ont proliféré de manière un peu sauvage. Il suffit que quelqu'un dépose un bambou au bord d'une rivière pour que 30 ans après cela débouche sur un massif de 3.000 mètres carrés », retrace François Rosenzweig.

Deux hectares de bambou disséminés dans le Sud-ouest

C'est en découvrant, dans l'Ariège, d'immenses parcelles laissées à l'abandon pendant des décennies que l'artisan a eu l'idée de créer, en 2016, la société Bambouctou. François Rosenzweig exploite aujourd'hui deux hectares de massifs disséminés entre l'Ariège, la Haute-Garonne et les Landes. Son entreprise a d'abord prospéré dans la conception et la location de chapiteaux en bambou, notamment pour les mariages. Bambouctou a culminé à un effectif d'une dizaine de personnes. Mais passée la crise sanitaire, François Rosenzweig a décidé de laisser de côté l'activité événementielle pour se concentrer sur des applications de niche exploitant le bambou et mène désormais seul les activités de l'entreprise.

À partir de ces massifs qu'il fait revivre, le créateur de Bambouctou fournit de la matière première à des artisans pour fabriquer des vélos, à des décoratrices de festival ou à des architectes. Il approvisionne aussi l'entreprise haut-garonnaise Cobratex, en train d'industrialiser la fabrication de produits à base de bambou pour les avions, les bateaux et les satellites.

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Puits de carbone

Bambouctou réalise aussi désormais des paniers géants végétalisés pour créer des îlots de fraîcheur en ville, comme par exemple, dans la Ville rose, au cœur des jardins partagés du Mirail, à l'aide de jeunes en réinsertion dans le cadre d'un partenariat avec Toulouse Métropole.

Plante ancestrale, le bambou est utilisé depuis plus de six mille ans en Asie et doit son retour en force à son action naturelle en faveur de l'environnement. Le bambou est un véritable puits de carbone, absorbant beaucoup plus de CO2 qu'un arbre.

« Les lamelles de bambou sont par ailleurs naturellement flexibles et cette flexibilité permet de produire des structures dont l'originalité esthétique va attirer un petit peu plus l'œil qu'une structure classique en bois », plaide François Rosenzweig.

Matière première limitée en France

Pour autant, l'expert du bambou ne cache pas les limites des applications liées à ce matériau : « Avant de se lancer dans de la production massive en France, n'importe quel projet risque de se retrouver rapidement confronté à un manque de matière première. Avec deux hectares de parcelles, Bambouctou regroupe l'un des principales bambouseraies en France. Le sourcing en bambou est devenu de plus en plus difficile du fait de la demande grandissante ».

D'où le choix de l'artisan de privilégier des projets qui consomment peu de matière première et avec une forte valeur ajoutée. En parallèle, le dirigeant contribue, au sein de la Ressourceraie, à la création d'un conservatoire national du bambou. En lien avec des étudiants en architecture et en design, François Rosenzweig les familiarise avec la plante pour trouver à chaque variété des usages alimentaires, cosmétiques ou à destination d'autres filières pour des applications de niche ou des projets de recherche.

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