Tidav invente un drone résistant aux forts vents pour le marché offshore

La startup toulousaine Tidav développe un nouveau type d'aéronef capable de garder une attitude neutre face à des vents allant jusqu'à 100 km/h. La technologie intéresse de près de grands comptes pour la surveillance et la maintenance d'éoliennes offshore mais aussi l'observation militaire à distance en pleine mer.
Tidav a déjà réussi à maintenir l'attitude d'un drone par 50 km/h de vent lors de tests menés au sud de Toulouse.
Tidav a déjà réussi à maintenir l'attitude d'un drone par 50 km/h de vent lors de tests menés au sud de Toulouse. (Crédits : Tidav)

C'est l'ennemi n°1 des drones. Le vent fort peut fortement perturber leur fonctionnement, voire les clouer au sol. « Il suffit d'une petite brise de 20 à 30 km/h pour contraindre grandement les systèmes », remarque Cédric Lefort, président de Tidav. Cette société toulousaine veut mettre sur le marché dans deux ans un aéronef de 25 kg qui sera capable de garder une attitude neutre face à des vents allant jusqu'à 100 km/h.

« Les perturbations en cas de vent fort sur les drones à décollage et atterrissage verticaux (VTOL) sont essentiellement liées à deux mécaniques du vol qui s'opposent : celle de la voilure tournante propre aux hélicoptères et celle de la voilure fixe propre aux avions. De la même manière, lorsqu'un hélicoptère doit se poser à l'arrière d'une frégate en conditions de mer un peu houleuses, le navire bouge beaucoup. À chaque mouvement de la frégate, l'hélicoptère doit corriger l'angle de sa trajectoire, se déplacer, freiner et s'arrêter. C'est une opération très dangereuse.

Tidav a développé un aéronef où en cas de vent fort, on verrouille les six degrés de liberté grâce à des automatismes et il est possible de se déplacer uniquement "à plat", grâce à des translations. Cela permet d'avoir des tenues au vent sans commune mesure avec les autres modèles sur le marché », détaille Cédric Lefort.

Cet ingénieur diplômé de l'Insa (après une carrière de prothésiste dentaire) a mis à profit dans ce projet toute l'expérience acquise dans le domaine des drones au sein de Toulouse Tech Transfer et un poste de responsable R&D de la startup Airbone Concept.

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Lancé en 2018, le projet a permis dès octobre 2020 de faire atterrir un drone de 15 kg malgré un vent de 50 km/h à une vitesse de cinq mètres par seconde et avec une précision de 50 centimètres. Ces premiers essais ont été menés depuis un terrain d'aéromodélisme de Muret, au sud de Toulouse. La startup compte aussi mener cette année des tests in situ depuis le large de la Méditerranée, à Port-la-Nouvelle où la tramontane peut souffler très fort grâce au soutien de Wind'OCC (qui fédère les entreprises de l'éolien flottant).

Surveillance des éoliennes en mer

Préincubée au sein de Nubbo début 2021, la startup a récolté des marques d'intérêt de grands comptes pour son innovation. Tidav cible en priorité le marché offshore. À commencer par la surveillance des éoliennes en pleine mer.

« Le drone peut être utilisé pour réaliser des levées de doute sur une installation éolienne. Notre engin aura une vitesse d'au moins 120 km/h donc pourra aller sur place beaucoup plus vite qu'un bateau avec en plus la capacité de décollage à partir d'un navire et ou à partir de la côte même en cas de vent fort. À terme, nous aimerions utiliser le drone pour faire de la livraison de pièces de rechange. Quand l'équipe technique est sur place et qu'on a besoin d'une pièce, le drone pourra l'acheminer plutôt que d'être obligé de revenir à terre », décrit Cédric Lefort.

Le besoin de maintenance sur les éoliennes va décupler dans les prochaines années sachant que le parc offshore pourrait passer de 20.000 éoliennes en pleine mer à plus de 50.000 à l'horizon 2030.

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Autre segment identifié par Tidav, embarquer des capteurs sur le drone (qui aura une capacité d'emport de 10 kg) pour réaliser des relevés de données sous le vent. Les industriels sont désormais contraints de quantifier les émissions sur leurs installations offshore (torchère, cheminée d'un bateau). Le technologie déployée par Tidav intéresse aussi de près le ministère des Armées. La solution a été reconnue notamment par l'Agence de l'innovation de défense (AID). La startup aimerait que son drone soit utilisé comme un outil supplémentaire d'observation à distance en plein mer (jumelles passerelles). « Imaginons en Somalie, un bateau arrive à toute vitesse ou ne répond pas aux appels radio. Plutôt que d'exposer un bateau, des hommes et du matériel, il sera possible d'envoyer un drone pour réaliser la levée de doutes », illustre le dirigeant.

Bien intégrée dans l'écosystème aérospatial

En l'espace de deux ans, la startup a accumulé les marques de reconnaissance du milieu aérospatial. Lauréate du prix coup de coeur du club Galaxie, Tidav est aussi incubée par le programme Starter du Gifas et celui de l'Esa Bic (programme d'accompagnement de l'agence spatiale européenne). La société est hébergée au sein de l'accélérateur de l'Enac et collabore pour ses recherches avec l'Isae-Supaero et l'Onera. Elle reçoit un soutien technique du Cnes notamment sur les solutions GNSS pour guider le drone et a obtenu le statut deeptech par BPIFrance.

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Commentaire 1
à écrit le 10/01/2023 à 13:23
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L'emploi du drone devient une source d'inquiétude plutôt que de satisfaction ! Une surveillance et une arme de plus sur nos têtes !

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