Aéronautique, automobile, médical... Nanomade industrialise son capteur qui rend toutes les surfaces tactiles

Un capteur capable de rendre n'importe quelle surface tactile, c'est l'innovation de rupture développée depuis Toulouse par la société Nanomade. L'entreprise vient de lancer la production en série de sa technologie qui va alimenter un dispositif de rééducation pour les patients atteints de maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson). La société a également initié des collaborations dans l'aéronautique et l'automobile et compte lever deux millions d'euros en 2024 pour se doter d'une ligne de fabrication capable de produire des millions de capteurs par an.
Les capteurs de Nanomade sont utilisés par la startup Eyelights pour rendre le tableau de bord tactile.
Les capteurs de Nanomade sont utilisés par la startup Eyelights pour rendre le tableau de bord tactile. (Crédits : Eyelights)

Dans la voiture, plus besoin de boutons métalliques pour ouvrir les vitres ou enclencher les commandes sur le tableau de bord, une simple pression du doigt sur l'habitacle suffit à déclencher l'action. Cette scène tout droit sortie d'un scénario de science-fiction est en train de devenir réalité grâce à une innovation de rupture développée depuis Toulouse par la société Nanomade.

Un capteur aussi fin qu'une feuille de papier

Cette entreprise fondée en 2009 à partir de recherches menées au CNRS développe un capteur de la taille d'une pièce d'un euro et aussi fin qu'une feuille de papier (0,2 mm) capable de rendre n'importe quelle surface tactile : tissu, métal, verre, matériau composite... Nanomade a industrialisé le processus d'impression d'une encre qui dépose de manière uniforme des nanoparticules sur un film souple isolant doté d'électrodes.

« ll suffit de coller le capteur sous une structure. Il est tellement sensible, qu'une simple pression des doigts va générer une nano déformation du matériau. L'intérêt, c'est de pouvoir transformer n'importe quel type de surface et n'importe quel type de matériau en surface multitouch comme sur un smartphone avec une déformation du matériau proportionnelle à la force de la pression engagée », décrypte Olivier de Tremaudan, président de Nanomade.

Le capteur est tellement sensible qu'il détecte les nano déformations engendrées sur un morceau de mousse par les vibrations du rythme respiratoire ou le rythme cardiaque du corps. De quoi mesurer les paramètres vitaux d'un être humain avec une grande précision à la manière d'une montre connectée mais avec uniquement ce minuscule capteur.

Après des années de R&D et un contrat annulé avec l'un des leaders mondiaux de l'électronique grand public qui conduit la société en liquidation judiciaire, Olivier de Tremaudan et Jean-Claude Rassou un ancien de Motorola, reprennent en 2019 les rênes de Nanomade. Alors que l'innovation représente « un nombre infini d'applications possibles » et que pour l'instant son secret industriel lui offre un temps d'avance vis-à-vis de la concurrence, le duo concentre la commercialisation de sa solution autour des cas d'usage les plus prometteurs.

Lancement de la production en série

La société va fabriquer depuis ses locaux toulousains une première série de 5.000 capteurs au cours du premier trimestre pour le compte de Dextrain, filiale du groupe Archos en vue d'un dispositif médical de rééducation pour les patients atteints de maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, sclérose en plaques). Les capteurs de Nanomade vont pouvoir mesurer avec une très grande précision la pression exercée par les doigts sur une boule. « Ce produit, vendu en dessous de 1.000 euros, offrira une alternative économique aux dispositifs professionnels commercialisés 10.000 euros pièce. En cas de succès commercial du produit, Nanomade pourrait se voir confier la production de plusieurs dizaines de milliers de pièces par an pour Dextrain », précise Olivier de Tremaudan.

nanomade

Nanomade lance la production série pour Dextrain de capteur pour un dispositif médical de rééducation pour les patients atteints de maladies neurodégénératives (Crédits : Nanomade)

La société toulousaine espère lancer d'ici deux ans la production de capteurs à destination de grands constructeurs automobiles allemands. Le remplacement des imposants boutons métalliques par les minuscules capteurs de Nanomade à bord des véhicules « permet de créer de nouvelles fonctionnalités avec moins de matière, donc avec un procédé plus durable pour un coût plus faible, parce que l'intégration est beaucoup plus simple », commente le dirigeant.

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Tableau de bord tactile en voiture

Toujours dans l'automobile, l'innovation a aiguisé l'intérêt de la startup Eyelights qui développe un pare-brise augmenté. A l'occasion du CES de Las Vegas début janvier, Nanomade a présenté sur le stand d'Eyelights ses capteurs qui vont contribuer rendre le tableau de bord entièrement tactile et de passer d'une application à l'autre (comme par exemple Google Maps ou Waze) par un simple swipe (glissement de l'index vers la gauche ou la droite).

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 Des gains attendus dans l'aéronautique

Nanomade a aussi un partenariat avec un constructeur aéronautique pour intégrer son capteur dans les trains d'atterrissage des avions de manière à mesurer très finement la déformation sur l'aéronef causée par l'impact de l'atterrissage et mettre en place de la maintenance prédictive. La startup a aussi signé un contrat avec l'entreprise girondine Otonomy Aviation sur les passerelles utilisées pour monter à bord des avions.

« Il arrive que la passerelle tape sur le porte de l'avion, ce qui déforme la structure. Il est difficile aujourd'hui de savoir pour les compagnies d'assurance sur quel aéroport est intervenu l'incident. Et donc chaque année, les compagnies aériennes paient plusieurs centaines de millions d'euros de réparations pour une tâche qui incombe aux opérateurs des aéroports. Pour y remédier, nous allons imprimer des capteurs sur des bandes autocollantes positionnées autour de la porte, ce qui permettra à chaque atterrissage de mesurer la force et l'endroit de l'impact », développe le président de Nanomade.

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Face à ces importantes perspectives sur le marché, la startup compte lever deux millions d'euros au premier trimestre pour se doter d'une ligne de fabrication capable de produire des millions de capteurs par an. La jeune société, qui emploie une équipe de quatorze personnes, entend recruter cinq collaborateurs supplémentaires cette année.

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