EyeLights lève 20 millions d'euros pour installer son pare-brise à réalité augmentée dans les voitures

La startup toulousaine EyeLights, à l'origine d'un pare-brise à réalité augmentée et affichage à tête haute, vient de boucler une levée de fonds de 20 millions d'euros en série A. Après avoir conquis le marché des motards, cette opération doit lui permettre d'industrialiser sa technologie dans l'optique de s'insérer dans l'industrie automobile. L'entreprise a même déjà signé sept contrats avec des constructeurs dont Toyota et Renault et les premières voitures équipées pour le grand public sont attendues à horizon 2025 voire 2026.
La technologie de réalité augmentée conçue par EyeLight doit arriver dans les voitures destinées au grand public dès 2025.
La technologie de réalité augmentée conçue par EyeLight doit arriver dans les voitures destinées au grand public dès 2025. (Crédits : EyeLights)

« Notre intention est clairement de remplacer les écrans actuels dans les voitures », lance Romain Duflot, le fondateur d'EyeLights. Cette startup toulousaine, qui a mis au point un pare-brise à réalité augmentée et affichage tête haute, vient de boucler une levée de fonds de 20 millions d'euros pour lancer solidement sa collaboration avec les constructeurs automobiles.

Ce tour de table a été réalisé auprès du fonds de capital-risque dédié à la mobilité durable Shift4Good, le fonds EIC, véhicule d'investissement « Deep Tech » de la Commission européenne, Aster, FK Group, et Techstars. À noter également la présence de Bpifrance via le Fonds Avenir Automobile 2 et Breega Capital, qui avaient déjà investi dans EyeLights à l'occasion d'un premier tour de table de deux millions d'euros en 2018.

« Cette multitude d'investisseurs est liée à notre volonté de vouloir rester indépendant. Nous sommes complètement libres. Dans l'industrie automobile, s'adosser à une entreprise peut vite devenir clivant pour d'autres potentiels partenaires », commente le CEO de la startup installée à l'IoT Valley de Labège (Haute-Garonne).

Des contrats de plusieurs dizaines de millions d'euros

Pourtant, l'histoire n'a pas commencé auprès de l'industrie automobile pour EyeLights. En 2016, cet ingénieur d'une trentaine d'années s'est lancé dans le développement d'EyeRide, et promet d'afficher en réalité augmentée les informations nécessaires à la conduite et au guidage directement sur la visière du casque des... motards. Ce système d'affichage à tête haute, adaptable à tous les casques selon l'entreprise, est dès lors commercialisé à partir de 2017 en BtoC. La startup toulousaine a aussi noué directement des partenariats avec des constructeurs de motos pour intégrer à la construction le système d'EyeLights.

« Le produit moto est ce qui a fait la notoriété d'EyeLights et permis de financer la croissance de la société jusqu'à présent. Cette division est rentable. Nous avons signé un contrat avec un constructeur pour fournir jusqu'à 500.000 pièces par an et un autre avec un Américain bien connu », fait savoir le CEO.

En quelques années, la jeune pousse, qui pourrait réaliser jusqu'à 10 millions d'euros de chiffre d'affaires par an et par contrat, a déjà vendu plus de 15.000 systèmes EyeRide en Amérique du Nord, Europe et Asie. Mais EyeLights n'a pas souhaité s'arrêter à son système pour moto compatible avec les applications de mobilité Apple et Google. À l'occasion du CES de Las Vegas 2022, elle a dévoilé le premier pare-brise automobile qui intègre directement sa technologie d'affichage à tête haute et réalité augmentée, réalisé en partenariat avec le groupe japonais AGC. « Cette démonstration a été un gros succès. Elle a beaucoup impressionné et nous avons noué pas mal de contacts à cette occasion », se souvient Romain Duflot.

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Les équipes vont être doublées

Cette démonstration a d'ailleurs amené à la signature d'un contrat avec le constructeur Toyota pour fournir sa technologie, avant que Renault lui emboîte le pas également. Pour ce dernier constructeur, l'interface d'EyeLights n'est autre que Luc Julia, un ingénieur toulousain recruté par Renault comme directeur scientifique et réputé pour être le co-créateur de l'assistant vocal d'Apple, Siri.

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« Au total, nous avons signé des deals avec sept constructeurs automobiles et chaque contrat porte sur la livraison de plusieurs millions de pièces par an et des dizaines de millions d'euros de chiffre d'affaires annuels à la clé par contrat », confie l'entrepreneur toulousain à la tête d'EyeLights.

Par conséquent, la levée de fonds de 20 millions d'euros annoncée ce jour par la startup va lui permettre de financer l'industrialisation de son système de réalité augmentée sur pare-brise pour l'industrie automobile. L'entreprise va tout d'abord monter ses équipes de 23 à 54 personnes d'ici fin 2024. « Une grande partie sera également fléchée sur le financement des brevets, les procédures d'homologation propres à chaque constructeur et les efforts d'intégration dans les véhicules », ajoute le CEO.

Cependant, fournir des millions de pièces à l'année est un marché bien trop gros pour EyeLights et une mission trop risquée financièrement. La startup compte donc confier la production à des fournisseurs, via des licences, qui ont l'habitude de ces volumes tels que Bosch ou Valeo. Une fois l'organisation industrielle ficelée, dont c'est tout l'intérêt de ce tour de table, la technologie EyeRide pourrait faire l'objet d'une distribution grand public à horizon voire 2026 chez un constructeur allemand pour commencer.

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