Canicule : les livreurs UberEats à Toulouse demandent une suspension temporaire des commandes

Alors que la Ville rose traverse un épisode de canicule intense, le Syndicat des livreurs ubérisés toulousains demande aux plateformes une suspension des commandes et une indemnisation des travailleurs. Une prise de position appuyée par le député toulousain LFI Hadrien Clouet, co-auteur cet été d'une proposition de loi pour adapter le code du travail aux conséquences du réchauffement climatique.
Alors que la Ville rose traverse un épisode de canicule intense, le Syndicat des livreurs ubérisés toulousains demande aux plateformes une suspension des commandes
Alors que la Ville rose traverse un épisode de canicule intense, le Syndicat des livreurs ubérisés toulousains demande aux plateformes une suspension des commandes (Crédits : Reuters)

« Il fait 42 degrés à l'ombre à Toulouse (47 degrés en prenant en compte la sensation d'humidité), le gouvernement diffuse des messages pour demander d'arrêter toute activité physique et dans le même temps il y a des livreurs qui vont faire entre 50 et 100 kilomètres de vélo par jour », dénonce Yohann Taillandier, secrétaire du Syndicat CGT des livreurs ubérisés toulousains. Le collectif monte au créneau pour demander officiellement aux plateformes de livraison de suspendre les commandes durant cet épisode de vigilance rouge canicule.

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« Une question de vie ou de mort »

« Ce n'est pas une question de confort, c'est tout simplement une question de vie ou de mort. Faire 7h à 8h de vélo par 40 degrés, c'est insupportable.  D'autant, qu'avec cette chaleur extrême, le cerveau est au ralenti, il y a plus de risque de prendre de mauvaises décisions, de louper un feu rouge. Tout ça pour une course payée 3,50 euros », déplore-t-il. Le collectif demande par ailleurs que cette suspension d'activité soit indemnisée par les plateformes.

Du côté des plateformes, on indique par exemple chez UberEats que « les livreurs qui utilisent l'application UberEats pour effectuer des livraisons sont des indépendants » : « Ils choisissent d'utiliser notre application pour l'indépendance et la liberté de s'y connecter si, quand et où ils le souhaitent. Dans le cadre des fortes chaleurs et particulièrement cette semaine, nous recommandons aux livreurs qui décident de se connecter à l'application pour effectuer des livraisons de rester bien hydratés et de faire des pauses régulièrement. Nous avons également encouragé tous les restaurants dans les zones concernées à proposer des verres d'eau aux livreurs qui viennent chercher les commandes. »

« Il ne suffit pas de dire aux restaurateurs d'offrir de l'eau aux livreurs. Ces derniers n'ont pas de locaux et doivent chercher de l'ombre dans la ville entre deux courses », réagit Yohann Taillandier.

Une opération soutenue à Toulouse par le député LFI Hadrien Clouet : « Les livreurs sont les oubliés de cette canicule. Le code du travail oblige l'employeur à prendre soin de la santé des salariés. Mais aujourd'hui, les gens qui travaillent pour UberEats, Deliveroo ou autres n'ont pas officiellement d'employeur, même si c'est du salariat déguisé. Il faut une suspension temporaire en temps de canicule des activités de plateforme de livraison et requalifier en salariés ces livreurs. »

Au moins 47 morts en cinq ans

Ce dernier est co-auteur d'une proposition de loi pour adapter le code du travail aux conséquences du réchauffement climatique.

« La France connaît un nombre croissant d'accidents du travail, notamment durant les mois d'été plus chauds. D'après les rapports de Santé Publique France, entre 2017 et 2021, 47 travailleurs seraient morts au travail des suites de l'exposition à de fortes températures. L'organisme précise que ce décompte est partiel, puisqu'il ne prend pas en compte les personnes décédées en rentrant chez eux après le travail.

Beaucoup de pays ont déjà pris des dispositions. En Espagne, l'inspection du travail a dans ses missions le fait de surveiller les températures dans les lieux de travail. À Chypre, les températures maximum déterminent le nombre d'heures de travail par jour. En Allemagne et en Roumanie, les chantiers dans le BTP sont mis à l'arrêt et indemnisés lorsque les températures sont trop élevées. La France est singulière en Europe au regard de l'absence d'adaptation de son droit du travail vis-à-vis de la canicule », estime Hadrien Clouet.

LFI demande une cessation d'activité en cas de vigilance rouge canicule

La proposition de loi déposée le 20 juillet dernier par la France insoumise suggère des adaptations croissantes du code du travail en fonction des températures.

« À partir de 28 degrés, nous demandons l'instauration d'une pause obligatoire toutes les 2 h. En cas de vigilance orange canicule, il faudrait ne pas dépasser 6h de travail par jour. Enfin, lors des épisodes de vigilance rouge comme c'est le cas actuellement à Toulouse, il faut une suspension de l'activité pour les personnes exposées à cette chaleur extrême, en dehors évidemment des activités de santé. Et bien sûr, il faudrait que les salariés n'aient pas besoin de récupérer ces heures non-travaillées. Cela ne concerne pas que le secteur du BTP. La restauration est aussi très touchée lorsqu'il fait 38 degrés dans les cuisines. Cela peut être aussi le cas d'open space mal ventilés et non-climatisés », développe le député.

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Du côté de l'exécutif, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu interrogé mercredi sur BFMTV a mentionné l'existence d'un guide de gestion des vagues de chaleur édité chaque année par le ministère du Travail. Le document préconise notamment de « limiter le travail physique en permettant aux employés d'adapter leur rythme» et de privilégier le travail d'équipe, « de façon à ce que les salariés puissent détecter un éventuel coup de chaleur chez l'un d'entre eux ». Pour le ministre de la Transition écologique, ces précautions relèvent de la « logique ».

Agnès Pannier-Runacher à Météo-France ce jeudi

Mais pour Hadrien Clouet, une adaptation du code du travail permettrait de limiter tout risque de dumping social : « Un chef de chantier dans le BTP peut perdre un marché à faire fermer le chantier durant les plus fortes heures si un concurrent continue son activité. »

Alors que l'épisode de vigilance rouge s'étend pour le moment jusqu'à ce jeudi soir, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique en charge du climat, se rendra ce 24 août sur le site de Météo-France à Toulouse puis au pic du Midi. « Ce déplacement de rentrée sera l'occasion de rappeler l'action déterminée du Gouvernement pour lutter contre le réchauffement climatique », indique le ministère.

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Commentaire 1
à écrit le 24/08/2023 à 8:52
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Autant le code du travail pourrait être adapté aux conditions climatiques tel qu'en réduisant la durée légale maximale d'activité quotidienne pour les *salariés* à moins de 8 heures consécutives en période de canicule "rouge" (cf. durée d'ensoleil...

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