Il y a dix ans jour pour jour, 14 juin 2013, Airbus faisait décoller depuis Toulouse son premier A350 pour un vol d'essai. Une décennie et une crise sanitaire plus tard, l'avionneur européen affiche des projections optimistes pour le devenir de son porte-étendard sur le segment des long-courriers. L'avionneur européen a annoncé ce mercredi qu'il tablait sur un doublement de la flotte mondiale dans les vingt prochaines années avec un besoin de 40.850 avions passagers et cargo neufs d'ici à 2042. Cela porterait la flotte mondiale à 46.560 appareils, contre 22.880 début 2020.
Les avions gros-porteurs à eux seuls vont représenter 20% de ses besoins XXL à venir. « Cela représente 8.220 appareils dont environ 1.490 seront des avions de fret, le reste étant dédié au transport de passagers », a précisé lors d'un brief presse Stan Shparberg, senior vice-président, responsable du marketing au sein d'Airbus.
Ces projections sont portées par « une très forte reprise du trafic aérien ». « Sur le marché domestique, nous sommes déjà au-dessus des niveaux de 2019 et sur le marché international, nous sommes légèrement en-dessous, à environ 89%, en raison de la reprise plus tardive du marché chinois, qui est actuellement d'environ 41% », relève-t-on du côté d'Airbus. « Il y a aussi une forte tendance au remplacement de la génération précédente d'avion étant donné les enjeux de décarbonation », pointe également Stan Shparberg.
D'autres commandes se profilent. Le président d'Emirates Tim Clark a ainsi laissé entendre en marge de la dernière assemblée générale de l'Association internationale du transport aérien (Iata) que la compagnie prépare une nouvelle commande d'Airbus A350 et de Boeing 777X, voire aussi de 787.
Réduire l'écart avec Boeing
Reste que sur le segment du long-courrier, Airbus est toujours distancé par son rival américain dont le Boeing 777 est l'avion de ligne long-courrier le plus prisé de l'histoire avec plus de 2.300 exemplaires commandés. Pour autant, le constructeur espère réduire cet écart dans les années à venir. « Depuis le début des ventes de l'A350, nous détenons 48% de parts de marché avec Boeing », indique Stan Shparberg.
Le constructeur européen compte aussi regagner du terrain avec sa version cargo, l'A350-F. « Moins de deux ans après le lancement de ce produit, nous avons déjà gagné 42% de parts de marché face au Boeing 777-8F », ajoute le responsable. Ce décollage est porté aussi « par l'explosion du e-commerce et l'arrivée de nouveaux acteurs aux États-Unis et en Chine ». Quant à l'A330 NEO, Airbus se félicite d'avoir franchi cette année le cap de la centaine d'avions livrés. Dernière compagnie en date, ITA Airways a reçu il y a quelques semaines son premier modèle du genre pour se renforcer sur le long-courrier.
Pour grapiller des parts de marché, Airbus mise sur une amélioration continue de sa flotte existante. L'A350 Freighter a gagné deux tonnes supplémentaires de capacité d'emport depuis le lancement du programme (l'avion peut transporter désormais 111 tonnes), mais sa mise en service a en revanche glissé en 2026. Airbus vise aussi le déploiement d'une porte agrandie pour son avion cargo de 4,4 mètres (175 pouces), légèrement plus large que celle du Boeing 777. « Ce sera la porte la plus large sur le marché et cela facilitera les opérations de chargement à bord de l'avion », fait valoir Florent Massou, senior vice-président en charge des programmes A350 et A330.
Le groupe planche par ailleurs pour accueillir 100% de carburant d'aviation durable d'ici 2030 (contre 50% aujourd'hui). Enfin, Airbus veut avec ses A350-1000 permettre à la compagnie aérienne Qantas d'opérer à partir de la mi-2025 des vols sans escale depuis Sydney et la côte est de l'Australie vers Londres et New York dans le cadre du projet Sunrise. « C'est la dernière frontière à atteindre par notre industrie et l'A350-1000 est la seule plateforme à être capable de le faire », mentionne Florent Massou. Pour le moment, Airbus ne laisse pas entrevoir de nouveau programme d'avion pour le long-courrier.
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