Face au New Space, quelle stratégie pour les entreprises toulousaines ? (2/2)

Capitale européenne historique du spatial, Toulouse peut-elle s’imposer face à une nouvelle industrie en plein essor venue des Etats-Unis ? C'est l'enquête réalisée par La Tribune dans son supplément en kiosque depuis le 21 juin. Dans ce second volet, vous allez voir comment s'adaptent les acteurs toulousains face à une révolution similaire à celle de l'arrivée de l'informatique.
Chaîne d'assemblage de OneWeb Satellites à Toulouse.
Chaîne d'assemblage de OneWeb Satellites à Toulouse. (Crédits : Dominique Eskenazi pour OneWeb Satellites)

Dans notre premier volet, nous vous expliquions comment grands donneurs d'ordre et PME s'adaptent à l'arrivée en force des petits satellites. Mais au-delà de nanosatellites, les donneurs d'ordre toulousains sont contraints avec l'arrivée du New Space de revoir leurs processus de fabrication sur l'ensemble de leur gamme.

Un coût de lancement divisé par cinq en 10 ans

"Les satellites s'adaptent aux lanceurs. Or, le coût du lancement a été divisé par cinq au cours des dix dernières années. Plutôt que d'avoir un satellite géostationnaire qui va rester 15 ans en orbite, les clients préfèrent deux lancements à 7 ans d'intervalle afin de profiter des avancées technologiques et d'avoir un satellite dernier cri. C'est un peu comme lorsque vous achetez le dernier Iphone", illustre Arnaud de Rosnay, vice président des satellites de télécommunications d'Airbus.

Comme les satellites ont une durée de vie plus courte, ils sont confrontés moins longtemps aux radiations de l'environnement spatial qui dégradent les composants. Nous nous retrouvons à utiliser des composants commerciaux, ceux qu'on utilise pour les ordinateurs ou les smartphones,  et qui sont vendus à de très bons prix".

Le cadre d'Airbus souligne par ailleurs l'impact de l'arrivée de nouveaux outils :

"Nous sommes en train de passer à des satellites numériques avec une révolution similaire à celle qu'on a connu sur l'informatique. La conception est réalisée à base d'outils numériques, de 3D, de réalité virtuelle. Au moment de la fabrication, on utilise de moins en moins de papier et le satellite embarque de plus en plus d'équipements numériques reprogrammables depuis le sol".

Un changement de métier qui implique aussi une évolution du recrutement. Airbus DS n'embauche plus uniquement dans les écoles d'ingénieur mais va aussi chercher dans les IUT et les BTS des profils très spécialisés sur ces nouveaux outils.

"Le savoir-faire toulousain reste très bien perçu à l'international"

Du côté des PME, là aussi un changement de culture s'impose. Fondée il y a plus de 40 ans, l'entreprise toulousaine Comat veut commercialiser d'ici 2020 un système de propulsion électrique à destination des micro et nanosatellites. Elle qui avait jusqu'ici l'habitude de travailler essentiellement avec l'écosystème toulousain, part désormais à la conquête des acteurs du New Space.

"Via le pôle de compétitivité Aerospace Valley, nous avons participé  avec sept autres entreprises au salon spatial de Washington en mars dernier. J'ai été surpris de voir que Space Systems Loral (SSL), l'équivalent d'Airbus aux USA, est venu nous parler tout de suite. Ils ont ensuite visité à deux reprises la société. Le savoir-faire toulousain reste très bien perçu à l'international", note Ludovic Daudois, directeur général de Comat.

Au-delà des entreprises, Yann Barbaux met en avant "les nombreux laboratoires de recherches". "Cet écosystème scientifique a la capacité de faire émerger de nouveaux acteurs du New Space à Toulouse", juge-t-il. Avant de citer l'exemple d'Anywaves, une spin-off du Cnes qui fabrique des antennes pour les petits satellites.

Autre exemple, la jeune entreprise Syntony est issue d'une société d'ingénierie toulousaine. Elle vient de signer un contrat d'une vingtaine de simulateurs GPS pour One Web Satellites. "C'est juste le plus gros contrat au monde dans notre secteur d'activité, lance Joël Korsakissok, le president de l'entreprise. Souvent, on me demande si nous envisageons de partir de Toulouse. Mais la Ville rose reste le meilleur endroit pour notre bureau d'études". Grâce à l'expérience acquise pendant des décennies, Toulouse a toutes les cartes en main pour rester un centre de gravité majeur du spatial et faire émerger de nouveaux leaders du secteur.

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