Snam, le leader européen du recyclage de batteries est... aveyronnais

La société aveyronnaise Snam vient de lever 12 millions d'euros pour développer avec le CEA Tech de Toulouse une technique innovante pour recycler les batteries usagées. À terme, 25 000 tonnes de produits seront traités chaque année. L'entreprise envisage par ailleurs des dizaines de recrutements et l'ouverture d'usines en Asie ou en Amérique latine d'ici à 2020.
Éric Nottez préside la Snam

Téléphones portables, voitures électriques... que deviennent les batteries usagées de ces produits ? En France, 20 % d'entre elles sont recyclés. À Viviez, dans l'Aveyron, la Snam (Société nouvelle d'affinage des métaux) s'est spécialisée dans ce business depuis la fin des années 70. Elle se charge de reprendre les batteries, de récupérer les métaux présents à l'intérieur avant de les réutiliser. Pour l'essentiel, il s'agit de batteries de portables (50 % de l'activité) ou d'éléments industriels comme les trains (44 %), le restant provenant du marché émergent des véhicules hybrides (6 %). Au fil des années, la Snam est devenu le leader européen du recyclage de batteries, affichant 12 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2014. Chez les constructeurs automobiles, aussi bien Peugeot, que Volkswagen ou BMW travaillent avec la société aveyronnaise. Dernièrement, la Snam a également décroché le marché des véhicules hybrides de Toyota, Honda et PSA.

Un procédé innovant pour le recyclage

En juin dernier, l'entreprise a franchi un nouveau cap en réalisant une levée de fonds de 12 millions d'euros : 8,7 millions via une augmentation de capital et les 3,3 millions restants ont été complétés par des financements publics en provenance du programme Investissements d'avenir, de BPIFrance, de l'agence de l'environnement (Ademe) ou encore de la Région Midi-Pyrénées.

À quoi serviront ces fonds ? En priorité à développer une technique innovante de recyclage :

"Nous avons mis au point, avec le CEA Tech Toulouse, un nouveau procédé qui combine deux techniques actuellement utilisées pour récupérer les métaux des batteries usagées : d'une part, la pyrométallurgie qui permet, en jouant sur la température, de faire fondre le métal et de le prélever à l'état liquide et, d'autre part, l'hydrométallurgie qui permet de dissoudre le métal dans l'eau. La première est moins efficace mais aussi moins coûteuse alors que la seconde est beaucoup plus onéreuse mais la purification du métal est plus poussée", explique Éric Nottez, PDG de la Snam.

Pour le chef d'entreprise, ces recherches sont essentielles aujourd'hui face au progrès technologique : "Les smartphones, par exemple, consomment 5 fois plus d'énergie que les téléphones du début des années 2000. Il faut des batteries 5 fois plus puissantes pour les faire fonctionner et leur recyclage s'avère de plus en plus complexes."

Véhicules hybrides et dépendance énergétique

Le marché est lui aussi en pleine effervescence : "D'ici 5 à 10 ans, ce marché devrait connaître une croissance de 50 % selon une étude de l'Ademe", poursuit-il. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette tendance :

"On craint l'épuisement des ressources de certains métaux comme le cesium. Le cobalt est lui extrêmement coûteux à extraire... Il est important de noter que 80 % de ces métaux qu'on appelle 'terres rares' proviennent aujourd'hui de la Chine, qui a un quasi-monopole. Le lithium est presque exclusivement extrait en Bolivie. Pour l'Europe, cela pose un problème de dépendance énergétique.

Si la Chine décide demain de froncer les sourcils, toutes les voitures électriques peuvent s'arrêter de tourner. Le recyclage est une des solutions face à cette dépendance énergétique."

À noter que la France a encore une importante marge de progression en la matière puisqu'elle ne réutilise actuellement que 20% de batteries, alors que l'Union européenne tablait sur 45 % de produits recyclés. Dernier facteur de croissance pour la Snam : l'émergence de la voiture électrique. "Le développement de ce marché est plutôt lent mais, sachant que chaque voiture électrique contient 300 kilos de batteries, même si on compte seulement 10 000 véhicules électriques en circulation, cela vous donne une idée du potentiel que ce marché représente !", s'enthousiasme Éric Nottez.

des usines en Inde et en Amérique du Sud d'ici à 2020

Face à ces besoins croissants, l'entreprise vient d'obtenir l'autorisation de l'État pour multiplier par 5 son activité et recycler à terme jusqu'à 25 000 tonnes de produits par an. Et si les clients de la Snam sont principalement en Europe, la société commence à élargir son activité à l'échelle mondiale :

"Nous travaillons déjà avec l'Amérique latine et Taïwan (qui ne veut ni travailler avec la Chine, ni avec le Japon). Mais, dans l'optique de notre démarche écologique, l'objectif n'est pas d'aller chercher ces batteries au bout du monde pour les traiter en France. Nous aimerions à terme ouvrir des usines dans ces pays pour que les batteries soient recyclées sur place. D'ici à 2020, nous souhaitons ouvrir, par exemple, des sites de traitement en Inde ou en Amérique latine", annonce le PDG.

Dans le même temps, l'entreprise, qui emploie 100 salariés (répartis entre les deux usines à Viviez dans l'Aveyron et en Isère), prévoit d'embaucher "30 à 50 personnes" dans les années à venir, principalement des opérateurs et des électriciens.

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Commentaire 1
à écrit le 14/02/2016 à 21:17
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Quid des batteries de véhicules électriques (lithium/...) ? Il parait qu'elles n'ont pas de devenir une fois épuisées, dommage, pas écologique du tout. Si ce problème peut se régler, ça serait formidable. Il faudrait un jour, comme les choix des maté...

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