Aujourd'hui, les consommateurs exigeants, soucieux de consommer moins et mieux, ont un grand impact sur les marques de cosmétique et de parfum. Ces dernières doivent donc prendre en considération leur impact environnemental.

« Il y a deux ans, nous avons initié un grand travail de réduction des emballages de nos produits. Nous avons la volonté de supprimer, lorsqu'on le peut, tous les suremballages comme les films plastiques, la cellophane, les étuis en carton, etc. Nous avons revu nos achats d'emballages et de contenants afin de travailler des matériaux recyclables, recyclés et ayant moins d'impact sur l'environnement. Aujourd'hui, la majeure partie de nos flacons de parfums et pots de cosmétiques sont en verre. Une partie des tubes sont en plastique, mais l'idée est de les faire évoluer le plus rapidement », explique Sophie Berdoues-Coudouy, présidente du Groupe Berdoues.

Fondé il y a près de 120 ans, l'entreprise familiale spécialisée dans la conception et fabrication de produits de parfumerie et cosmétiques est de plus en plus consciente de son impact sur la santé de ses clients et sur la planète. En plus de retirer progressivement les suremballages et packagings en plastique, la PME toulousaine veut aller plus loin, notamment à travers le réemploi de ses contenants en verre. Elle est en train de tester un dispositif qui vise à laver en grande série et remettre en circuit les packagings de cosmétiques et parfums en verre. La solution, unique sur le marché, est développée par Coveco, filiale de la marque tarn-et-garonnaise Ibbeo Cosmétiques.

« Nous avons choisi de nettoyer trois formats de flacons d'eaux de Cologne. Si les essais sont concluants, l'idée est de mettre en place ce processus », révèle celle qui est à la tête du groupe depuis 2011.

Ces engagements environnementaux s'accompagnent de formulations de produits avec jusqu'à 100 % d'ingrédients d'origine naturelle et issus de circuits courts quand cela est possible, végan et avec une grande quantité d'actifs biologiques. « Nous avons pris le virage de la naturalité il y a trois ans. Un grand travail de reformulation a été fait. Certaines de nos gammes, de parfums ou de produits de soin sont bio », détaille la dirigeante.

Accélèrer en GMS au détriment de sa marge

L'entreprise installée à Cugnaux, au sud-ouest de Toulouse affiche une croissance constante ces dernières années, même durant la Covid-19. En 2022, elle a réalisé un chiffre d'affaires de 20 millions avec une progression de 12 %. Malgré la vague inflationniste qu'elle subit et sur un marché de l'hygiène, parfumerie et cosmétique dominé par de grands groupes, la société « s'accroche ». Pour l'exercice 2023, elle anticipe une croissance de 5 % de son chiffre d'affaires.

Cette dynamique de croissance s'explique par l'innovation et la sortie régulière de nouveaux produits, 15 à 20 par an, mais surtout par la percée du Groupe Berdoues dans la grande distribution. Cette dernière représente 60 % de l'activité de l'entreprise lorsque la distribution sélective en parfumerie et pharmacie constitue 40 % de son « portefeuille de marques ». Sa marque d'eaux de toilette, de parfums et cosmétiques à petits prix pour homme et femme, Les Petits Plaisirs se classe numéro 1 en volume sur le marché de la parfumerie en GMS en 2023. Blondépil, marque de produits dépilatoires pour femme et homme, réalise également de grands volumes et est dans le top 5 sur le segment de l'épilation.

« Un industriel de notre taille arrive à se faire de la place malgré un contexte compliqué depuis trois ans avec de très fortes hausses sur les matières premières et les articles de conditionnement. Nos prix de revient ont explosé. Les hausses sont au minium de 4 à 5 % sur certains produits et ont flambé jusqu'à 12 % sur d'autres. Certaines matières premières connaissent jusqu'à 70 % de hausse. Le verre a pris entre +15 et +25 %. Aucune baisse n'est prévue pour 2024. Répercuter ces augmentations n'est pas facile. La distribution ne l'accepte pas et le gouvernement met une forte pression pour le bien du consommateur. Nous travaillons avec des pressions des fournisseurs, du consommateur et de nos acheteurs. Pour une PME comme la nôtre, qui fabrique en France et qui n'a pas d'énormes volumes, il est compliqué de se battre et de faire comprendre ces problématiques. Nous sommes confrontés à des baisses de marges assez inquiétantes pour l'avenir », alerte la cheffe d'entreprise, arrière-petite-fille du fondateur.

Investir pour augmenter la production

Résiliente, la société investit dans son outil de production afin d'accompagner et maintenir sa croissance. Entre 2021 et 2024, elle a déployé un plan d'investissement de 1,5 million d'euros. À travers lui, le parfumeur historique souhaite augmenter ses capacités de production, améliorer ses processus de fabrication et de conditionnement. Dernier achat : une chaîne de remplissage des produits de parfumerie. Automatisé, cet outil, qui sera livré en mars 2024, va permettre à l'entreprise d'augmenter les volumes de production de parfums et eaux de toilette d'environ 30 %. L'investissement est de près de 400.000 euros.

En tout, Groupe Berdoues conçoit plus de 200 références au travers de ses différentes marques. Chaque année pas moins de sept millions d'unités, 350 tonnes de cosmétiques et 200 tonnes de parfums, sont fabriquées depuis son usine toulousaine. À ce jour, la PME emploie une centaine de salariés.

Les différents produits sont distribués dans près de 3.000 points de vente en France. L'entreprise exporte également ses différentes gammes aux quatre coins du monde, aussi bien en Europe, qu'en Amérique Latine ou en Asie. L'international tient une part de 20 % de son chiffre d'affaires. Outre le développement de marques en propre et sous licence, Berdoues possède également une activité de sous-traitance qui représente 10 % de l'activité globale.