Ils se sont retrouvés au début du mois de juillet, dans un lycée professionnel de Colomiers (Haute-Garonne), tout proche de Toulouse. Ils sont jeunes, ou moins jeunes, femmes et hommes, avec des carrières professionnelles déjà bien avancées ou tout juste entamées. Demain, ils seront un maillon essentiel de la réforme des lycées professionnels souhaitée par Emmanuel Macron. Ils seront les nouveaux responsables des bureaux des entreprises de l'académie de Toulouse. Ces nouveaux membres de l'Éducation nationale viennent de recevoir des mains du recteur leurs équipements (ordinateur et smartphone neufs) pour mener à bien enfiler le costume de leur nouveau poste.
« Nous venons de recruter 64 personnes. Toulouse est la première académie à boucler leur recrutement et à les rassembler. Ce sont des profils très divers, avec effectivement des personnes qui viennent de l'Éducation nationale, des professeurs, ou des chefs d'établissement qui étaient intéressés par la mission. Mais la majorité des recrues arrivent en provenance du monde économique », précise Mostafa Fourar, le recteur de l'académie de Toulouse.
Dans une période où la quête de sens est primordiale dans le monde professionnel, beaucoup n'ont pas hésité à quitter un CDI dans le secteur privé pour devenir contractuel de l'Education nationale. Ces postes hybrides, d'un genre nouveau, ont ainsi attiré plus de 300 candidats selon le recteur. Encore plus attrayant, leur fiche de mission est loin d'être arrêtée.
« Leur mission est à construire »
À partir de la rentrée 2023, chaque lycée professionnel de l'académie de Toulouse aura son propre bureau des entreprises, la grande nouveauté de la réforme engagée par le président de la République. Dès lors, les 55 responsables de bureaux (des mutualisations d'effectifs de ces nouveaux postes ont été décidées dans les zones rurales) et leurs neuf référents départementaux auront une tâche bien précise.
« Leur objectif est de renforcer les liens entre le lycée professionnel et le monde de l'entreprise. Cela signifie travailler sur l'insertion professionnelle des élèves en trouvant des stages et des alternances, c'est aussi travailler sur les connaissances mutuelles des deux mondes, de l'Éducation nationale et de l'entreprise », expose Mostafa Fourar.
Dans les faits, l'Éducation nationale espère simplifier et augmenter les interventions de professionnels et chefs d'entreprises dans les classes, pour favoriser le dialogue et les échanges entre le monde économique et ses élèves dans l'optique d'une insertion professionnelle efficace. Dans l'autre sens, ces bureaux des entreprises devront aussi favoriser la visite d'enseignants et chefs d'établissements dans les entreprises pour être davantage sensibilisés aux enjeux du moment. Le recteur de l'académie de Toulouse compte aussi sur ses recrues pour organiser des événements favorisant la rencontre entre les deux mondes et pour ce faire il compte bien sur le carnet d'adresses des transfuges du secteur privé pour fluidifier le dialogue.
« Je les incite à être imaginatif sur la création d'évènements avec l'objectif de favoriser la rencontre entre le monde économique et les élèves. Leur mission est à construire, elle n'est pas complètement construite et ils doivent être innovants pour cela. Ce sont eux qui doivent la faire vivre, à temps plein. Ils ont un bureau dans un établissement, mais je souhaite qu'ils soient davantage à l'extérieur, aussi bien pour des visites d'entreprise que dans des salons professionnels », détaille le recteur.
Cette première rencontre de tous les responsables de bureaux d'entreprises des lycées professionnels de Toulouse doit favoriser l'émergence d'un réseau commun et d'une volonté de travailler ensemble. Il sera en effet demandé aux bureaux de travailler ensemble sur certains projets d'insertion professionnelle des élèves et demandes entrantes du secteur économique, tout en partageant leurs connaissances et bonnes pratiques.
« Pour trouver des stages ou des opportunités professionnelles, ce sont souvent les réseaux familiaux qui fonctionnent, mais certains n'ont pas la chance de bénéficier d'un tel avantage. Je souhaite donc que ce réseau des bureaux des entreprises que nous venons de constituer soit pour ces élèves leur réseau pour les introduire auprès des entreprises. Ce sera le réseau de ceux qui n'ont pas de réseau», ajoute Mostafa Fourar.
Un effort financier consenti
Dans ce projet inédit, l'Éducation nationale et tout particulièrement l'académie de Toulouse a opté pour des recrutements sous la forme de contractuels, avec des contrats de un à trois ans selon les profils. « Nous sommes allés jusqu'à trois ans pour les profils les plus intéressants », ne cache pas le dirigeant, qui dit avoir fait du cas par cas. La stratégie a été identique concernant la rémunération, face à l'hétérogénéité des profils qui rendait impossible l'instauration d'une grille commune.
« J'ai demandé aux services d'adapter la rémunération de chaque profil en tenant compte bien de leur expérience. Des personnes en CDI dans le privé nous ont rejoint, mais pour toucher ces profils ils devaient s'y retrouver en matière de rémunération. Ils veulent cette nouvelle mission avec le même salaire. Nous avons donc consenti un effort financier pour recruter ces profils intéressants », ne cache pas Mostafa Fourar.
Pour ce dernier, c'est le signe que l'Éducation nationale n'est pas en manque d'attractivité. Mais c'est surtout un changement de logiciel qui est en train de s'opérer au sein des lycées professionnels.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !