Comment Green Touch’ donne une seconde vie aux touches à parfum

Elle est l’unique entreprise au monde à proposer le recyclage des touches à sentir, ces petites bandelettes en papier qui permettent de tester une senteur. La société recycle ces mouillettes et permet leur revalorisation en une matière première qui sert à fabriquer des cahiers et ramettes de papier. Lancé depuis peu, le service, qui a déjà conquis des acteurs soucieux de leur impact environnemental en France et en Espagne, sera bientôt déployé en Suisse et est fortement demandé à l’international.
La startup Green Touch fait face à un début d'activité fulgurant.
La startup Green Touch fait face à un début d'activité fulgurant. (Crédits : Green Touch)

Chaque mois, ce sont des millions de touches à sentir, ces petites bandelettes de papier qui permettent de vaporiser et de restituer les fragrances, qui sont utilisées autant en laboratoire que dans les magasins de parfumerie. Une fois les tests faits, elles ne servent plus et sont jetées à la poubelle. Avec l'envie de rendre le voyage olfactif plus respectueux de l'environnement, Green Touchdonne une seconde vie à ces « mouillettes » et les transforme en matière première. Fondée en mars 2022 à Toulouse, l'entreprise est la seule au monde à proposer le recyclage des touches à parfum.

« C'est une situation qui nous est déjà tous arrivée : entrer dans une parfumerie, se sentir perdu face à la multitude de parfums qui s'offrent à nous, et essayer, tester, vaporiser. Combien de touches utilisez-vous avant de choisir votre parfum ? 5, 10, peut-être 20 ? Multipliez maintenant cela par les 55 millions de parfums vendus tous les ans en France. Ce petit déchet devient très impactant. C'est de ce constat qu'est né Green Touch'. Auparavant non recyclées, ces touches étaient enfouies ce qui est une perte environnementale. Recycler chaque année la consommation française de touches à sentir permettrait de sauver plus de 3.500 arbres, près de 5 millions de litres d'eau et plus d'un million de kilowatts, soit la consommation annuelle d'un village de 500 habitants », explique Léa Steyer, fondatrice de Green Touch'.

Des grands groupes séduits

Pour y remédier, la jeune entreprise met à disposition des professionnels des urnes de collecte pour touches à parfum adaptées à leur besoin. Ces dernières sont dotées d'une capacité de 5 à 1.000 litres. Une fois qu'elles sont pleines, leur contenu est collecté par la startup. Ensuite, la jeune pousse a mis au point un procédé qui permet de capturer les odeurs présentes sur les touches afin de les rendre recyclables. Une fois cette étape et un tri effectué, les bandelettes sont envoyées dans une usine de recyclage partenaire. Là, elles sont transformées en matière première et réintroduites dans le cycle de fabrication de cahiers et ramettes de papier de la marque Clairefontaine. Ce déchet, aujourd'hui non-recyclé, acquiert alors une seconde vie.

« Notre objectif est de rendre le recyclage accessible à tous, du plus petit parfumeur indépendant qui utilise quelques dizaines de touches par mois aux plus grandes structures internationales. Pour la collecte, nous utilisons des moyens avec le moins d'impact possible comme le vélo lorsque c'est possible et des véhicules verts », révèle la jeune cheffe d'entreprise de 20 ans.

Opérationnelle depuis septembre 2022 seulement, Green Toucha déjà conquis plusieurs clients en France et en Espagne. Discrète, la société ne dévoile pas l'identité de ses clients. L'industrie du parfum étant très large, leurs profils sont différents et variés. « Cela va des usines de production ou de distributeurs en passant par les parfumeurs indépendants aux grands groupes cotés en bourse, mais aussi des écoles et des musées de parfum », précise-t-elle. Ces derniers se situent majoritairement dans les « pôles de parfumerie »à savoir Paris, Grasse et Barcelone.

Un succès rapide à l'international

La jeune pousse au développement fulgurant est également en cours d'implantation en Suisse. Après 10 mois d'activité, elle estime que près de 15 % des entreprises du secteur seraient intéressées par sa solution innovante et déposée. La startup reçoit de nombreuses demandes d'implantation émanant de six pays différents, dont l'Italie, le Royaume-Uni et les États-Unis. Son défi aujourd'hui : répondre à la demande et arriver à croître « dans les meilleures conditions ».

« Nous n'avions pas la volonté de nous expandre à l'international aussi tôt dans notre développement, mais c'est quelque chose qui est venu à nous. La problématique est mondiale. Notre ambition est de répondre aux besoins de chacun, de combler l'entièreté du territoire français, ensuite européen et de répondre où sera la demande. Nous voulons faire les choses correctement et sans se précipiter. L'idée est de trouver dans chaque pays où nous nous développons des usines partenaires pour recycler et revaloriser les touches de sorte à ne pas les transporter en France et avoir un fort impact environnemental. Par exemple, en Espagne, nous travaillons avec des entités sur place. »

Le business model de l'entreprise repose sur un système d'abonnement que le client paie en échange du service de collecte des touches. Son prix est fixé selon plusieurs critères comme la quantité de mouillettes à récupérer et la taille de la structure. Green Touch' génère également des revenus en commercialisant les touches à Clairefontaine.

Un atelier de production de papier

Originaire de Grasse, capitale mondiale du parfum, la jeune entrepreneuse à la tête de Green Touch' a grandi au milieu des champs de fleurs et des usines à parfums. Elle, qui a baigné dans l'univers de la parfumerie, connaît ses codes, ses acteurs, et son fonctionnement. La dirigeante a rejoint ensuite la Ville rose où elle a réalisé un double diplôme en ingénierie (optimisation des procédés Eau Energie Environnement) à l'INSA Toulouse et Sciences-po et fondé Green Touch'. « L'entreprise est un mélange logique entre mon ADN personnel et mon parcours scolaire »estime-t-elle. Afin d'être plus proche et de profiter de l'écosystème qu'offre la ville des Alpes-Maritimes, Léa Steyer a déplacé sa structure à Grasse. Pour l'heure, le siège social demeure à Toulouse.

En attendant ce changement, la startup est en train de développer un atelier, à Grasse, dans lequel elle produira en interne de manière artisanale et sans machine du papier à partir de touches à sentir. Elle prévoit d'utiliser des techniques ancestrales de fabrication de papier et de ne pas capturer les odeurs présentes sur les mouillettes de façon à avoir un produit olfactif. D'une superficie de 70 m2, la petite usine devrait ouvrir ses portes en septembre prochain et entraîner de la création d'emplois. La société qui compte pour l'heure quatre collaborateurs a une politique d'embauche qui « favorise l'emploi des jeunes de moins de 25 ans » à travers des CDI et des jobs étudiants. Dès septembre 2023, cinq postes seront ouverts.

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