Nobrak séduit les micro-lanceurs européens avec sa prometteuse coiffe en composite

Spécialisée dans la production de pièces en matériaux composites pour diverses industries, la société Nobrak se prépare à mettre un pied dans le spatial. Avec sa technologie de production dite HV-TPF, elle compte attaquer agressivement le marché de la coiffe sur les micro-lanceurs, aujourd'hui dominé par un Suisse. Un démonstrateur est attendu pour le milieu d'année 2024.
Nobrak travaille avec plusieurs sociétés de micro-lanceurs pour développer sa coiffe qui sera dédiée à ce marché émergent.
Nobrak travaille avec plusieurs sociétés de micro-lanceurs pour développer sa coiffe qui sera dédiée à ce marché émergent. (Crédits : Frédéric Scheiber)

« Toutes les sociétés de micro-lanceurs spatiaux françaises voire européennes nous ont contactés. Nous sommes surpris de cet engouement », commente avec modestie Aymeric Azran, le président de la société Nobrak. Installée à Montauban (Tarn), cette TPE qui emploie une dizaine de salariés a attiré les regards sur elle avec son projet « Coffee ».

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Celui-ci porte sur la conception et la production d'une coiffe séparable pour les micro-lanceurs, autrement dit la couche intérieure du nez de l'engin censée protéger les charges utiles. « Si nous pouvions la produire en quantité dès aujourd'hui, nous aurions déjà des commandes tant l'attente est grande », ironise le dirigeant qui a du mal à y croire. Pour le moment, seulement une première monture réelle, en fibres de carbone, a été produite par les équipes de Nobrak.

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Nobrak a exposé une version simplifiée, en fibres de carbone,  de ce à quoi pourrait ressembler sa coiffe destinée aux micro-lanceurs de l'industrie spatiale (Crédits : Frédéric Scheiber).

D'ici le milieu d'année 2024, nous devrons produire un démonstrateur au sol de la coiffe qui s'ouvre, avant d'envisager une certification de notre solution pour commercialisation. Les sociétés de lanceurs nous ont donné leur cahier des charges et leurs demandes vont pour des coiffes de 80 centimètres à 3,10 mètres de diamètre.

Un prix divisé par deux ?

L'attente autour du projet porté par Nobrak est justifiée par le fait qu'aujourd'hui ce produit en fibre de carbone n'est produit que par une société suisse, Beyond Gravity. « Le produit en soit n'est pas innovant car il existe déjà. Mais leur situation de monopole leur fait qu'ils font un peu ce qu'ils veulent sur les prix », selon le président de Nobrak. D'après ce dernier, une coiffe pour micro-lanceur est commercialisée 170.000 euros par son concurrent suisse sur le modèle visé, tandis que de son côté il estime pouvoir proposer cet élément crucial pour l'industrie spatiale autour de 80.000 euros l'unité.

Pour arriver à un tel prix, Nobrak compte utiliser la technologie dite TFP, autrement dit le placement de fibre sur mesure, que la société montalbanaise a amélioré avec un brevet et une technologie dite HV-TFP. Cette méthode de production présente surtout  l'avantage de limiter les chutes de matières premières et donc limiter les coûts. Devant l'intérêt stratégique de cette innovation, l'État a décidé d'accompagner la TPE innovante à travers le plan France 2030 et l'appel à projets « Développement de mini et micro-lanceurs ».

« C'est un écosystème totalement nouveau pour nous. C'est un ancien d'Ariane Group qui a partagé avec nous le fait que notre technologie serait très utile à l'industrie du spatial et particulièrement sur certaines pièces comme la coiffe. Il a été, on peut le dire, notre mentor dans ce projet », raconte Aymeric Azran, qui compte investir 400.000 euros dans ce projet dont 200.000 euros de subventions.

Cette société industrielle, qui vise un premier vol avec sa coiffe à l'horizon 2025 voire 2026, vit aujourd'hui à travers d'autres marchés, comme l'industrie automobile. Elle produit par exemple les protections latérales d'un siège bébé pour une société israélienne. « C'est notre première grosse production », souligne Aymeric Azran, qui vise le million d'euros de chiffre d'affaires en 2023, après les 600.000 euros de 2022. Pour ce contrat, l'entreprise va produire 3.000 paires de protections en 2023, 10.000 en 2024, 30.000 en 2025 et 100.000 en 2026.

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La société Nobrak vise les 50% de croissance de son chiffre d'affaires en 2023 (Crédits : Frédéric Scheiber).

Une levée de fonds en préparation

Si Nobrak a vocation à produire des pièces, elle ne souhaite pas être qualifiée de simple fabricant mais plutôt comme « fournisseur de solutions ». Dans ses locaux à Montauban, l'entreprise concentre toute la chaîne de valeur dont un bureau d'études et est même en capacité de produire ses propres moules pour les objets dont la production lui est confiée. À ce titre, elle a sur la table des contrats de R&D avec des constructeurs automobiles allemands et américains pour mettre au point une structure d'absorption de choc. La société industrielle travaille aussi avec Collins Aerospace et lui fournit des tapis chauffants pour hélices.

Mais sa prochaine grosse production pourrait provenir d'un contrat dédié à la production de semelles en composite.« Pour l'instant, c'est une technologie que nous réservons aux athlètes, mais à terme cela pourrait être des dizaines de milliers de paires produites pour un marché grand public », commente le dirigeant.

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Aymeric Azran est le président fondateur de Nobrak (Crédits : Frédéric Scheiber).

Face à ces nombreuses perspectives industrielles, Nobrak compte recruter cinq personnes d'ici la fin de l'année 2023, sur des postes dans la production, mais aussi la R&D. Pour entretenir cette dynamique, la société, qui vient de boucler une levée de fonds de 300.000 euros auprès de business angels, compte lever un million d'euros auprès d'un partenaire industriel dans les prochains mois.

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