C'est un engin qui ressemble à une grande machine à coudre. "Cette brodeuse fabriquée par la marque allemande ZSK était utilisée jusqu'ici uniquement pour déposer du fil pour les sièges chauffants de voiture", décrit Aymeric Azran, le président de Nobrak. Cet ingénieur a travaillé pendant six ans au sein d'une entreprise de composites à Toulouse pour faire une thèse sur l'intégration de ces matériaux innovants dans l'aéronautique. En 2016, il a eu une idée pour accélérer la cadence de la brodeuse allemande.
Aymeric Azran est le président de Nobrak. (Crédits : Rémi Benoit)
"Alors que la machine ZSK ne permettait de déposer qu'un fil à la fois, notre technologie permet d'en poser plusieurs en même temps en générant une productivité beaucoup plus importante. C'est comme si une imprimante 3D déposait plusieurs fils à la fois. Si on met deux fils, on divise par deux le temps de dépose", décrit l'entrepreneur qui a signé un contrat avec le fabricant allemand de la machine originelle et obtenu un accord de licence exclusive pour exploiter la technologie.
Fabrication d'une préforme en lin (Crédits: Rémi Benoit).
Plus de patron en tissu et de déchets de matière première
Nobrak a détourné l'usage de la machine pour l'adapter à la fabrication des préformes (étape intermédiaire dans la fabrication d'un objet industriel) en matériaux composites (fibre de carbone, lin, bambou, etc).
"La préforme est comme son nom l'indique un objet qui a la forme de la future pièce. Dans le secteur des matériaux composites comme dans le textile, on prend des rouleaux de tissus, on les découpe et on fait des patronages. Puis on les pose dans un moule qui a la forme de la pièce et qui est imprégné de résine. Notre démarche est complètement différente. Avec la machine, nous pouvons directement fabriquer une préforme sans aucun déchet de matière première et en passant l'étape de l'imprégnation de résine", poursuit Aymeric Azran.
Par exemple, pour faire une préforme d'une portière de voiture, au lieu de couper un grand rouleau de tissu et se débarrasser ensuite du tissu à l'emplacement des vitres, la machine de Nobrak va broder une pièce sans matière là où seront intégrées les fenêtres (voir ci-dessous).
À droite, prototype de préforme pour une portière de voiture (Crédits : Rémi Benoit)
Broder directement une puce RFID ou des fils électriques
"L'autre innovation de Nobrak est d'être capable de faire des préformes multifonctionnelles. Au lieu de ne déposer que du carbone ou du lin, on peut intégrer en même temps des fils électriques, des fibres optiques et même des puces RFID fabriquées sous forme de fil (ces puces permettent de stocker des données d'un outil industriel et repérer par exemple leur taux d'usure, ndlr)", détaille le président de la société.
Prototype de préforme en forme de boomerang (Crédits : Rémi Benoit).
Des évolutions technologiques qui permettent de casser les prix sur ce marché des préformes. "Notre procédé coûte (hors prix des matières premières) seulement cinq à six euros le kilo, ce sont des prix très agressifs", estime le fondateur.
Avec sa technologie, Nobrak cible "la bagagerie de luxe, l'aéronautique, l'automobile et les sports d'hiver". Plusieurs industriels testent actuellement les prototypes de Nobrak. Hébergée depuis sa création au sein de la pépinière d'entreprises Albasud à Montauban, la jeune pousse compte quatre collaborateurs. Elle prévoit une levée de fonds courant 2019 de 600 000 à 1,2 million d'euros.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !