Made in France : l'Aveyronnais Aubrac Bottier séduit avec ses chaussures haut de gamme faites main

SÉRIE MADE IN FRANCE (2/3). À l’occasion de la 10e édition du salon du Made in France qui se tiendra, à Paris, du 10 au 13 novembre prochains, une dizaine d’artisans sélectionnés par la Chambre de Métiers et de l’Artisanat Occitanie seront présents. Installée au pied de l’Aubrac, à Saint-Côme-d’Olt (Aveyron), Aubrac Bottier sera du voyage. Cette petite marque au savoir-faire rare réalise, à la main, des chaussures haut de gamme, en confection et sur mesure. Entièrement made in France, avec des cuirs régionaux d’exception, les créations artisanales allient esthétique, résistance, confort et longévité.
L'Aveyronnais Aubrac Bottier sera présent au salon du Made in France.
L'Aveyronnais Aubrac Bottier sera présent au salon du Made in France. (Crédits : Aubrac Bottier)

« En France, nous ne sommes plus qu'une dizaine de petites entreprises à faire cela », affirme Frédéric Salé. Cet artisan au savoir-faire rare est chausseur-bottier. En 2018, il a fondé, à Saint-Côme-d'Olt dans l'Aveyron, Prod'Aubrac, entreprise spécialisée dans la fabrication, à la main, de chaussures de très haute qualité, dans les traditions et avec les savoir-faire hérités des maisons les plus réputées de la profession.

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Installée au pied de l'Aubrac, la structure artisanale mise sur des matériaux de très grande qualité comme le cuir afin d'assurer le confort et la longévité de ses créations. Ses méthodes de fabrication traditionnelles garantissent souplesse et robustesse de la chaussure.

« Cela fait plus 35 ans que je fais des chaussures. J'ai commencé à l'âge de 14 ans. Je suis entré dans la profession en 1986 pour suivre des études de technicien de la chaussure. J'ai travaillé dans la confection avec des postures standards ainsi que le milieu de l'orthopédie où l'on faisait du sur-mesure », raconte le fondateur de la société.

Aubrac Bottier

Frédéric Salé est chausseur-bottier, un savoir-faire rare. (Crédits : DR)

Pour une « catégorie de consommateurs sensibles »

À porter quotidiennement ou pour de grandes occasions, Prod'Aubrac développe une large gamme de chaussures urbaines, habillées ou élégantes, tendances ou classiques sous la marque Aubrac Bottier.

« J'ai créé mon entreprise pour fabriquer et proposer des produits qui correspondent aux attentes et aux besoins d'une catégorie de consommateurs sensibles à un mode de production respectueux et empreint des valeurs d'un territoire remarquable », explique Frédéric Salé.

Depuis son atelier, l'entreprise propose également un service sur mesure avec la possibilité de concevoir une chaussure adaptée à la morphologie, aux besoins et au goût de chacun. « Nous pouvons tout personnaliser. Le client peut choisir le modèle souhaité, la couleur, le type de semelles, la matière, etc », précise-t-il.

Des semelles usées interchangeables

 La jeune société a choisi de travailler en circuit court dans une démarche écoresponsable et pour garantir une fabrication française de qualité. En effet, pour ce qui est des matières premières, la quasi-totalité est fabriquée en France. Les différents cuirs proviennent d'une tannerie située à 30 kilomètres de l'atelier, les lacets sont confectionnés à Cholet dans les Pays de la Loire, les boîtes à chaussures en carton recyclable sont produites à Toulouse, etc. Seules les semelles proviennent d'Italie, par manque de fabricants français.

« Nous essayons de travailler un maximum de façon écoresponsable. Par exemple, nous utilisons des semelles en gomme recyclée. Nous faisons des petits articles comme des porte-monnaie et porte-clés à partir des chutes de cuir pour éviter le gaspillage», poursuit Frédéric Salé.

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Durables, les chaussures made in France Aubrac Bottier sont réparables et ont donc une plus longue durée de vie qu'une chaussure classique : « Étant donné que les chaussures sont cousues, il est possible de les démonter pour changer une semelle usée par exemple. »

Un développement commercial freiné par la capacité de production

Les différents modèles sont commercialisés via un réseau de distribution d'une dizaine de magasins de chaussures et de prêt-à-porter situés à Rodez ou encore Toulouse, ainsi qu'au sein de la boutique de l'entreprise située à Saint-Côme-d'Olt. Par ailleurs, ce canal de vente directe représente près de 90 % des parts de vente de la marque.

clinées des pointures 34 à 54, les créations peuvent autant convenir aux hommes qu'aux femmes. Selon le modèle et la voie de commercialisation, elles sont affichées à des prix compris entre 300 et 500 euros : « Nous sommes sur des critères haut de gamme avec des cuirs solides tout en ayant travaillé sur le confort et la robustesse. »

Aujourd'hui, la structure artisanale, comptant trois employés, à une capacité de production annuelle de 300 à 350 paires de chaussures depuis son petit atelier de 40 m2. Cette « petite » capacité de production ralentit le développement du réseau de distribution d'Aubrac Bottier.

« Nous fabriquons de façon traditionnelle lorsque l'on commence une chausse le matin, elle n'est pas terminée le soir. Cela prend plusieurs jours car il faut laisser reposer les cuirs. Nous avons beaucoup de commandes. Nous freinons le réseau de distribution car nous n'avons pas la capacité humaine et l'espace pour fabriquer plus », regrette le chausseur-bottier.

Une petite entreprise à l'équilibre

Afin de sauvegarder le savoir-faire, le fondateur de la société forme des apprentis et leur transmet les secrets du métier. Il faut en moyenne une année pour former correctement un apprenti à la fabrication à la main de chaussures. Pour monter en régime, répondre à la demande grandissante et se développer correctement, l'entreprise envisage d'investir dans des locaux plus spacieux qui lui permettront d'avoir un espace de fabrication plus important et une boutique plus grande.

Ce futur déménagement devait permettre à l'entreprise de former/embaucher une personne supplémentaire. Idéalement, Frédéric Salé aimerait constituer une équipe de quatre à cinq personnes afin de doubler la capacité de production sans passer dans le cadre de la fabrication en série avec un travail à la chaîne.

Labellisée Entreprise du patrimoine vivant (EPV) depuis peu, Prod'Aubrac affichait un chiffre d'affaires de près 115.000 euros sur l'exercice 2021/2022. Ce résultat satisfaisant lui permet d'être à l'équilibre malgré une période où les ventes ont parfois été « figées » à cause des périodes électorales ou en conséquence de la guerre en Ukraine.

En attendant, Prod'Aubrac a été conviée par la Chambre de Métiers et de l'Artisanat Occitanie à la 10e édition du Salon du Made in France qui se tient à Paris du 10 au 13 novembre prochains afin de représenter le département de l'Aveyron sur « Village de l'artisanat ».

« Pour une petite entreprise comme la nôtre, il s'agit d'une chance, un privilège. Nous allons être mis en avant dans des stands aménagés avec des grands espaces. Sans cette invitation, nous n'aurions pas pu participer. Financièrement, cela nous aurait coûté minimum 6.000 euros. C'est impossible pour une petite structure de débourser une telle somme », reconnaît Frédéric Salé.

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