Dark stores : à Toulouse, les élus satisfaits des mesures proposées pour enrayer le phénomène

Après une concertation avec les associations d'élus locaux, le gouvernement va proposer une série de mesures juridiques pour contrôler l'émergence des dark stores et dark kitchens, ces supermarchés et restaurants sans clients à l'intérieur et uniquement pensés pour de la livraison via des plateformes. À Toulouse, les élus locaux se réjouissent de cette intention qui va permettre de protéger les locaux destinés à un usage commercial dans le centre-ville, cibles de ces nouveaux acteurs. Mais un débat se profile sur le périmètre géographique de l'interdiction.
Getir, Flink... les enseignes de dark stores se multiplient dans les grandes villes de France.
Getir, Flink... les enseignes de dark stores se multiplient dans les grandes villes de France. (Crédits : Reuters)

Au début de l'été, le maire de Toulouse et président de la Métropole confiait à une poignée de journalistes être "désemparé" face au phénomène des dark stores. Ces magasins aux vitres teintées pensés comme de véritables entrepôts en plein coeur des centres-villes sont reliés à des plateformes et sites internet qui permettent aux consommateurs de faire leurs emplettes quasiment 24 heures sur 24 avant de venir retirer ses achats ou se les faire livrer. "Nous manquons d'outils pour encadrer ces pratiques", avait confié Jean-Luc Moudenc par la même occasion.

Les "pratiques" qui posent problème aux yeux des élus locaux ? Ces nouveaux acteurs prennent possession de locaux commerciaux car ils sont considérés juridiquement comme tels. Mais dans les faits, leur métier repose davantage sur de la logistique et les vitrines de commerces classiques laissent donc parfois leur place à des vitres fumées et opaques dans des rues commerçantes ou proche de celles-ci.

Par chance diront certains, Toulouse n'en compte que deux dans ses rues à l'heure actuelle, situés boulevard de Suisse et allée Charles de Fitte. Mais à Bordeaux, Lyon ou Paris, ce sont quelques dizaines de dark stores qui se sont installés localement. La Ville rose, qui bénéficie d'une densité de population moins importante que les villes précédemment citées, est de fait légèrement épargnée par la frénésie des dark stores.

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Un débat à venir sur la zone sur laquelle les dark stores seront interdits

Sollicité à plusieurs reprises par les élus des villes concernées, pour obtenir des réponses et des outils adaptés à ces nouveaux acteurs économiques, le gouvernement a réuni les associations d'élus locaux mardi 6 septembre.

"Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme et Olivier Klein, ministre délégué à la Ville et au Logement se félicitent de la qualité des échanges qui ont permis d'aboutir à une solution adaptée à ces nouvelles activités et qui est également respectueuse des intérêts des villes et de ceux qui y vivent (...) Un consensus des participants s'est clairement dégagé, à savoir que les dark stores soient considérés comme des entrepôts, même s'ils disposent d'un point de retrait", a fait savoir Bercy par voie de communiqué à l'issue de cette réunion.

Du côté de la mairie de Toulouse, qui avait sollicité les ministres concernés avant l'été, cette annonce est perçue comme une bonne nouvelle. "Le gouvernement a bien compris la problématique cette fois-ci. Désormais, comme les dark stores seront considérés comme des entrepôts, ils devront passer par les services d'urbanisme de la ville pour transformer un local commercial en entrepôt et nous, nous aurons donc la main en ayant la possibilité de refuser cette implantation", explique Olivier Arsac, adjoint au maire de Toulouse chargé de la Coordination des actions relatives à la vie économique, à l'emploi, au commerce et à l'artisanat. "Cela va dans le bon sens car les dark stores sont de véritables entrepôts même s'ils ont un pseudo guichet d'accueil. C'est un bon premier pas dans la lutte contre l'ubérisation et les nuisances", a aussi réagi Maxime Le Texier, élu municipal et métropolitain dans l'opposition. Il y a quelques mois, l'homme politique à l'origine du mouvement Archipel Citoyen avait porté un voeu lors d'un conseil métropolitain demandant l'interdiction des dark stores, qui avait été adopté à l'unanimité.

Si les deux hommes se rejoignent sur le fond, pas sûr qu'il en soit autant sur la forme. Toulouse Métropole prépare actuellement un nouveau PLUi-H (plan local d'urbanisme à l'échelle des 37 communes de la Métropole) et l'un des enjeux sera de définir un périmètre dans lequel seront prohibés ces entrepôts. "Je travaille sur une nouvelle cartographie qui sera beaucoup plus ambitieuse qu'actuellement. Il ne faut pas protéger que les belles rues commerçants de Toulouse, il faut aller plus loin...", commente Olivier Arsac, qui reste tout de même flou sur ses intentions. "Nous voulons connaître les intentions géographiques de la majorité sur le sujet. Nous ne voulons pas d'une métropole à deux vitesses avec un centre-ville très gentrifié et très protégé et des faubourgs et des quartiers périphériques délaissés", prévient Maxime Le Texier.

Pas question d'expulser les dark stores et dark kitchens déjà installés à Toulouse

Quels que soient les contours de la future carte, il n'est pas question pour la Ville de Toulouse ni même la métropole d'exclure ou déplacer les deux dark stores déjà installés. "Nous ne sommes pas contre car cela correspond à une demande sociale", justifie l'adjoint au maire. Même position pour les deux dark kitchens du centre-ville installées avenue Camille-Pujol et dans le quartier des Chalets, ces restaurants fantômes pensés uniquement pour la livraison par et la vente à emporter via les plateformes connues de tous.

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Néanmoins, à propos des dark kitchens, les discussions entre les associations d'élus locaux et le gouvernement se poursuivent. "Pour cet autre type de commerce, les discussions ne sont pas terminées. Mais avec le gouvernement, nous nous dirigeons vers la création d'une sous catégorie dans la typologie des commerces afin de nous permettre de les interdire dans certaines rues également", fait savoir l'élu local de la majorité aussi maire de quartier à Toulouse.

Désormais, les élus locaux sont dans l'attente d'un arrêté du ministre délégué à la Ville et au logement qui "précisera donc ces nouvelles modalités qui donneront les outils juridiques efficaces et opérationnels aux maires pour réguler les dark stores et les dark kitchens", promet Bercy.

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